Publié il y a 7 ans - Mise à jour le 15.03.2017 - anthony-maurin - 3 min  - vu 581 fois

FAIT DU JOUR Les sangliers, animaux non gratae

Devant l'entrée de la cage-piège, les lieutenant de Louveterie accompagnés par le Préfet Didier Lauga (Photo Anthony Maurin).

Les dégâts occasionnés par les sangliers sont aujourd'hui plus que jamais visibles chez les particuliers en zone urbaine ou péri-urbaine (Photo Anthony Maurin).

Le sanglier est un nuisible. Bien qu'animal totem dans de nombreuses sociétés, il pose de sacrés problèmes au département du Gard.  Un nouveau plan de lutte va concerner 68 communes du département.

Les sangliers causent de terribles dégâts. Des accidents de la route (3 décès et de multiples accidents en 2016) jusqu'aux désastres agricoles, en passant par les ravages opérés soigneusement dans les jardinets particuliers. Les Gardois ont conscience des enjeux autour de leur chasse.

Il faut dire que le sujet concerne tout le monde ou presque, plus seulement les agriculteurs! "J'habite ici depuis 14 ans et ça ne fait que 4 ans que je suis confrontée au problème. Les sangliers viennent jusque sur ma terrasse, me font peur quand je pars le matin tôt au travail et s'occupent de ma pelouse..." évoque Valérie Veyrunes, habitante du nord-est de Nîmes, en zone péri-urbaine. "Mais le problème est encore plus vaste! On voit des sangliers se balader en ville. Ils fouillent les poubelles, ils n'ont plus peur des klaxons et sont habitués à la présence de l'Homme" ajoute un lieutenant de Louveterie de Nîmes.

Alors il a fallu saisir le problème à bras-le-corps. Pour lutter efficacement contre la surpopulation des sangliers, l'État via le Préfet et la Direction Départementale des Territoires et de la Mer, met un place un nouveau plan d'action. Il y a 5 ans, on tuait 29000 sangliers dans le Gard. Aujourd'hui, nous en sommes à plus de 40000 et les problèmes ne sont pas résorbés, loin de là. Le Gard est le département de France où l'on tue le plus de sangliers...

Les coûts engendrés par les dégâts qu'ils occasionnaient en 2012 étaient alors évalués à 300000 euros, quand aujourd'hui ils avoisinent les 800000! D'ailleurs, le Gard est le deuxième département de France en la matière.  "Comme il n'y a pas suffisamment de glands, les sangliers s'attaquent à tout! Ils sont opportunistes et s'introduisent un peu partout. Actuellement, ils s'en prennent aux jeunes pousses des vignes" note un autre lieutenant.

Une population en constante augmentation et des dégâts qui explosent, il était temps de s'adapter à la situation. En étudiant le sujet, on se rend compte que 40 communes gardoises représentent plus de la moitié des dégâts agricoles dus à ces bestioles. En plus de la saison de chasse, qui n'est pas parvenue à réduire ces chiffres, battues, tirs de nuit et maintenant plus que jamais des cages pièges, sont à l'œuvre.

À la manière d'une grande nasse pour rongeur, le sanglier est agrainé non pas au fromage mais au maïs. Appâté par un tel repas, il pénètre dans cette caisse grillagée d'environ 10m² dont la porte se referme grâce à un système de contre-poids. Prisonnière, la bête ne souffre pas, ne se blesse pas et attend qu'on vienne s'occuper d'elle. "Ici, chez madame Veyrunes, nous avons capturé 15 sangliers en quelques mois!" poursuit le Lieutenant de Louveterie de Nîmes. Le coût d'une cage? Entre 300 et 1000 euros selon les dires.

Quelques grains de maïs, un mécanisme solide et un grillage bien arrimé (Photo Anthony Maurin).

"Les 12 lieutenants de Louveterie du département font un travail formidable, ils sont bénévoles, experts en chasse et très compétents. Un vaste plan qui sera développé dans 68 communes devrait aider à réguler la population" lance Didier Lauga, le Préfet du Gard. Ségolène Royal, Ministre de l'Environnement, doit valider le 22 mars prochain cette opération complémentaire visant à intensifier les interventions administratives entre les 1er avril et 31 mai. Le Gard est un département pilote. La Vaunage, les garrigues de Lussan, les gorges du Gardon, le bois de Leins et le massif de Valliguières seront les cibles principales.

Avec en moyenne trois portées en deux ans, une laie donne naissance à près de 30 rejetons en quelques mois... Un cycle infernal que les Louvetier connaissent bien. "Nous sommes tous chasseurs car il faut un grain de folie. C'est une passion. Quand on sort la nuit, ou qu'on va chez des gens pour éloigner ou capturer les sangliers, tous les frais sont pour notre poche! Par exemple, afin de mettre en place cette cage, il a fallu que je prenne mon camion et ni le temps, ni le camion, ni l'essence ne me sont défrayés" affirme le troisième lieutenant qui ne dirait pas non à un coup de main financier salvateur.

Anthony Maurin

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