Publié il y a 6 h - Mise à jour le 13.07.2025 - Yannick Pons - 3 min  - vu 46 fois

L'INTERVIEW Olivier Durand :« Phoshore est spécialisé dans l’image à destination du spectacle vivant »

Olivier Durand

- @3XRien

Relié à un vidéoprojecteur, l’IPad d’Olivier Durand, cofondateur de la société arlésienne Phosphore et dessinateur-réalisateur, devient instrument de narration. Il détourne des logiciels de dessin afin de raconter des histoires en direct. Au festival d'Avignon, le trio a signé les visuels de Plus jamais Mozart, adaptation du livre jeunesse de Michael Morpurgo mise en scène par Jean-Louis Kamoun. Entretien.

Les dessins projetés deviennent un décor mouvant où évoluent quatre comédiens et un violoniste. Les images illustrent le propos et offrent un fond de scène avec lequel les acteurs jouent. Créé en 2015 impasse des Mourgues, à deux pas du théâtre antique d’Arles, Studio Phosphore rassemble un réalisateur-dessinateur et deux musiciens. Devenu à la fois société de production multimédia et espace de coworking dédié à l’image, le lieu fédère quinze indépendants – bédéistes, graphistes, vidéastes, développeurs web – et conçoit des dispositifs visuels pour le théâtre, l’opéra ou le concert.

Objectif Gard : Pouvez-vous nous présenter Studio Phosphore et l’esprit qui anime ce lieu ?

Olivier Durand : Studio Phosphore existe depuis 2015, c’est une SAS de trois associés : Laurent Bernard, Julien Kamoun et moi-même. Nous sommes installés impasse des Mourgues à Arles, juste derrière le Théâtre antique. C’est à la fois une société de production multimédia spécialisée dans l’image et le son à destination du spectacle vivant et un espace de coworking qui accueille quinze indépendants : dessinateurs, bédéistes, graphistes, vidéastes, développeurs web… Ce qui nous réunit, c’est que nous travaillons tous dans l’image et que nous mutualisons matériel, bureaux et idées. Nous aimons dire que c’est « la famille », un véritable réseau créatif et humain.

Comment décririez-vous la démarche artistique de Studio Phosphore ?

Notre principe est de créer des contenus visuels et sonores sur mesure pour le spectacle vivant : théâtre, opéra, concert, ciné-concert. Nous travaillons en étroite collaboration avec les metteurs en scène, les musiciens ou les scénographes pour que l’image devienne un véritable partenaire de jeu sur scène. Pour ma part, je dessine en direct pendant les représentations : mon iPad est relié à un vidéoprojecteur et je détourne des logiciels de dessin pour raconter des histoires en temps réel. C’est une nouvelle manière de scénographier, de raconter des histoires par l’image.

Vous parlez beaucoup de dessin en direct : concrètement, comment cela se passe-t-il sur scène ?

Tout ce que je fais est diffusé en direct. L’idée est de raconter une histoire par l’image qui naît sous les yeux du public et qui dialogue avec la musique ou le texte. Par exemple, notre création Parallèle 2049 est un concert dessiné sans paroles, avec une atmosphère de science-fiction humaniste. Nous préparons également Les Fables de La Fontaine, qui mêlent musique live, dessin en direct et lecture sur scène par deux conteurs — la première est prévue le 18 octobre au théâtre antique d’Arles.

Vous utilisez aussi l’intelligence artificielle dans vos créations ?

Oui, sur certains projets comme Plus jamais Mozart, j’ai utilisé l’IA pour animer mes dessins. Cela me fait gagner des semaines de travail ! Sur ce spectacle, adapté du livre jeunesse de Sir Michael Morpurgo et mis en scène par Jean-Luc Agoun et Jean-Louis Kamoun. Les images projetées deviennent un décor vivant. Les comédiens et le violoniste jouent avec ces projections qui illustrent le propos. C’est une manière de proposer un fond de scène mouvant, intégré à la dramaturgie pour Plus Jamais Mozart au Festival OFF d’Avignon 2025 à 16h05 à la Fabrik.

Quels autres projets sont en cours pour Studio Phosphore ?

Nous avons plusieurs spectacles : Trois fois rien, avec La Même Veine qui mêle poésie, électro-jazz-pop et dessin instantané, sera joué le 22 juillet à 16h au Rouge-Gorge à Avignon. Je travaille aussi sur un futur projet, À l’instant T, avec Le lièvre de Mars. Une variation visuelle autour d’Alice au pays des merveilles, avec douze tableaux musicaux. Et puis il y a tout le volet mapping vidéo : nous collaborons avec Luminagora pour projeter des créations sur des monuments, comme à Montpellier le 12 juillet ou Gordes en septembre. C’est tout un éventail de façons d’amener l’image au cœur du spectacle vivant.

Yannick Pons

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