Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 27.08.2017 - florence-genestier - 3 min  - vu 244 fois

PORT CAMARGUE La mer n'est pas assez grande pour Kito de Pavant

Carnet de bord, vendée globe 2016 par Kito de Pavant aux Editions Privat

(photo Hervé Giorsetti ) • Hervé GIORSETTI

Les éditions Privat, de Toulouse, publient le carnet de bord de Kito de Pavant, le navigateur camarguais qui vit sa course du Vendée Globe brutalement interrompue par une collision avec un cachalot dans les quarantièmes rugissants le 5 décembre 2016. En piste pour une nouvelle transat, dès novembre prochain, le marin nous livre un carnet de bord de sa course interrompue. Passionnant, parsemé d'humour désabusé et d'obstination joyeuse.

Un choc sourd. Et la tête d'un animal marin qui apparaît au milieu des vagues, enregistré par le matériel video du bord. Le cachalot égaré qui croise, ce jour de décembre 2016 la route de Kito de Pavant, embarqué pour son troisième Vendée globe met brutalement fin et à l'insu de son plein gré,- n'en doutons pas- , à une aventure personnelle, collective et partagée. Une voie d'eau s'ouvre, le bateau commence à sombrer, le marin, de l'eau jusqu'aux genoux dans l'habitacle après quelques heures, est secouru par un navire proche qui détourne son cap, les rêves et l'investissement non négligeables s'envolent aussi sûrement que ce gros bijou de technologie maritime dérive puis coule par le fond ..

En attendant... Le Bastide Otio 2017 vu du catamaran Providence lors d'une balade à Port Camargue (photo Florence Genestier/ Objectif Gard)

De son troisième Vendée Globe, interrompu en 2016 comme les deux premiers, que reste-il à Kito de Pavant qui à 56 ans tentait à nouveau, soutenu au moins par toute une région, la plus belle et dingue des courses en solitaire qu'un vrai marin peut espérer courir ? Le contenu des deux sacs à dos embarqués à bord du navire qui vient le chercher, le Marion Dufresne, où, au dernier moment, il glisse la mémoire de son ordinateur qui comme le reste coule : photos, vidéos, notes de journal. Des émotions, des galères, des ateliers couture sur les voiles qui lâchent, des pétoles bien ennuyeuses, des sprints en solitaire quand le vent souffle, du froid du sud, un poisson volant égaré... Des émotions surtout, traduites en mots, francs et à l'humour détaché et philosophe, et il en faut quand les mésaventures, la scoumoune, la malchance ne vous lâchent guère.

À tout malheur, découverte est bonne. L'occasion de suivre la "croisière" du marin de Port Camargue à bord du Marion Dufresne, ce surprenant cargo qui arpente les mers et des  îles de Crozet, des Kerguelen, jusqu'à Maurice et la Réunion. On y croise des loups de mer, des manchots, de faux zèbres, des scientifiques, des passagers qui pique-niquent dans des endroits naufragés. Et Kito, qui ronge son frein en songeant à son bateau perdu pour toujours, entre deux parties de cartes et deux visites guidées de rafiot.

En deuxième partie du livre, on lit les témoignages de ceux restés à quai, familles, amis, sponsors de l'aventure. Le stress des préparatifs, l'inquiétude, et la tristesse du double abandon. Tomber en rade au milieu des océans avec une coque éventrée reste un danger sacrément mortel même pour un vieux briscard. Kito de Pavant, même s'il noie cette évidence dans l'humour d'un récit précis et léger, revient de loin.

Florence Genestier

florence.genestier@objectifgard.com

La mer n'est pas assez grande, Kito de Pavant. Récits et photos de bord par Kito de Pavant, textes de Jean-Loup Robertier, portraits de Maud Bernos, illustrations Hyppolyte. Editions Privat, 26 €

En vente au Seaquarium au Grau-du-Roi, et a priori dans toute bonne librairie d'Occitanie et d'ailleurs

La video qui montre le joyeux cachalot qui a coulé Bastide Otio premier du nom, par le Vendée Globe

En savoir plus sur le Marion Dufresne

La page de Made in Midi

Florence Genestier

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