TRESQUES Photo ou peinture ? Lampe ou œuvre d'art ?
Visiter la nouvelle exposition de la Tour de Guet, à Tresques, c’est faire face à deux questionnements sur les travaux qui y sont exposés.
Car pour cette première exposition de la saison 2017-2018, le directeur artistique de la Tour Akoi Aka a choisi d’accrocher les œuvres de Luc Allégier, et les lampes d’Arte Lumo.
Sur les murs, des scènes de corrida. Le matador et le toro sont en mouvement, sur fond blanc, et d’emblée, on hésite : est-ce de la peinture, de l’aquarelle ? De la photo ? Luc Allégier, installé à Verfeuil, est photographe, et pratique depuis un demi-siècle d’une vie dont la photo a toujours été le fil rouge.
« Ce qui me plaît, c’est la danse du toréador avec le toro, les couleurs, le mouvement », explique-t-il. La scène se passe à Nîmes, dans les arènes, où le photographe va voir pour la première fois une corrida. Il prend des photos classiques, puis décide de pousser les réglages de son appareil, la sensibilité, la vitesse d’obturation : « ça a donné le sable blanc et les mouvements se sont décalés. » Ainsi, une certaine poésie, une élégance, se dégagent.
L’homme n’est pas un « mitrailleur », il a gardé l’économie de l’époque de l’argentique. Il n’est pas non plus un « bidouilleur », et ne retouche pas ses clichés : « j’ai juste renforcé un peu les couleurs », admet-il, presque gêné.
Et pour lui, il ne s’agit pas de faire l’apologie de la corrida, sujet polémique s’il en est : « les blessures et les mises à mort, je n’aime pas ça », lâche-t-il, avant de préciser qu’il n’envisageait pas de retourner voir une corrida. De quoi renforcer le caractère unique des œuvres exposées.
Un peu partout dans les étages de la tour, des lampes. On pourrait les qualifier de « vintage », mais ce serait aller un peu vite en besogne. En examinant le luxe de détails, on constate vite qu’il ne s’agit pas de simples reproductions vaguement réalistes, mais bien d’objets fabriqués à partir de composants authentiques du siècle dernier. « On a eu la chance de tomber sur un vieux stock de pièces de TSF, c’est une façon de réutiliser des choses qui étaient destinées au rebut », explique Frédéric Martin, qui fabrique ces lampes sous la marque Arte Lumo avec sa compagne Cordelia Delaitre à Saint-Michel-d’Euzet.
Si tout le système d’électrification est neuf, « tout le reste est ancien, on a même des pièces de 1890 », précise Frédéric Martin. Sous la lumière tamisée qu’elles diffusent, on hésite à les qualifier d’œuvres ou à les cantonner au statut de simple mobilier. Puis, après avoir constaté qu’on les observait depuis un certain temps, qu’on admirait leurs détails et le côté unique de chaque pièce, on faisait clairement pencher la balance en faveur de l’oeuvre d’art(isanat), plus que de la simple lampe.
Les objets exposés sont proposés à la vente toute la durée de l’exposition, à voir jusqu’au 15 octobre à la Tour de Guet de Tresques. Entrée libre, plus d’informations ici.
Thierry ALLARD
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