Publié il y a 6 ans - Mise à jour le 12.01.2018 - veronique-palomar - 3 min  - vu 1129 fois

MERCREDI CULTURE David Sterboul, photographe désobéissant parti trop tôt

Jusqu'au 20 janvier au Prolé, le travail photographique rare et sensible d'un artiste militant … À voir absolument
David Sterboul par Pierre-Emmanuel Weck

En ouverture de son 110e anniversaire placé sous le signe "Des Révoltes", le bar Le Prolé de Nîmes expose les photos de David Sterboul jusqu'au 20 janvier. 

Une personnalité que l'on ne peut pas enfermer dans une case. Photographe militant, témoin, artiste : tous ses clichés sont tout cela à la fois. Quelles que soient nos convictions, son œuvre touche parce qu'elle s'adresse toujours à notre part humaine. Un personnage, un parcours, une époque à découvrir au fil d'une expo que l'on parcourt avec plaisir et émotion.

David Sterboul (1976-2009). Itinéraire d'un photographe désobéissant

Affiche réalisée par Jacques-Olivier Leroy, Nîmes

Né à Paris (10e) en 1976, David sort diplômé de l’École supérieure des sciences commerciales d’Angers en 1999. Pendant ses études naissent à la fois sa passion pour la photo, un goût que lui transmet son demi-frère, et de solides convictions politiques. C'est donc en toute logique qu'après avoir suivi des cours de photo à Versailles (1ère exposition en 1996), il est l’élève à Paris de Carlo Werner au Centre Jean Verdier en 2002 et 2003 et devient photographe indépendant.

Parmi les lieux où il a exposé, on peut citer, dans le 10e arrondissement, l’espace Château Landon et le bar le Valmy. Militant antipub, écologiste, cofondateur des Déboulonneurs, il a participé à de nombreuses actions engagées, directement ou à travers son objectif, et représenté diverses associations dans des écrits, des émissions de radio ou de télévision, et devant le tribunal correctionnel de Paris.

Le 15 novembre 2009 tout s'arrête.

Le jeune homme disparaît brutalement à l'âge de 33 ans. Sa mère lui fait la promesse posthume de continuer à faire vivre son œuvre dans le respect de ses convictions. Un devoir de mémoire qu'elle accomplit pour la première fois en 2014 lorsque Carlo Werner décide de dédier une exposition à David à la galerie IMIX à Paris (galerie qui expose exclusivement des photos). La famille de David est installée depuis une dizaine d'années à Nîmes et c'est par le truchement du club Objectif Images Photo, que Sylvie Vanston, mère de l'artiste, entre en contact avec Patrice Charrié au bar le Prolé et que l'idée de l'exposition sonne comme une évidence, la même qui décide de la thématique de l'année anniversaire.

Cette exposition est une sélection de photos de reportage prises par David entre 2001 et 2005, dans le contexte de son engagement militant. Pratiquant la désobéissance civile non violente, il disait vouloir "mettre à jour les raisons qui poussent des citoyens ordinaires -et parfois des élus- à transgresser la loi à visage découvert, puis à en assumer collectivement la responsabilité, jusque devant les tribunaux." Un engagement qui va plus loin que la simple posture. Non seulement l'artiste met son talent au service de ses idéaux mais il vit conformément à ses convictions. "Il consommait peu, et puis a même cessé de voyager pour ne pas impact l'environnement", se souvient sa mère. "Il vivait totalement en conformité avec ses idées." Un parcours christique qui transparaît à chaque cliché, à la fois témoignage puissant et bienveillante humanité.

Manifestation contre la guerre en Irak Paris 15 février 2003

crédits photos David Sterbou l© Sylvie Vanston 2015 David
crédits photos David Sterbou l© Sylvie Vanston 2015 David

Le noir et blanc avec une chambre, une technique privilégiée par l'artiste. Ici, comme souvent, le message est fort. On voit des souliers et un peu de jambes et l'on imagine aisément les différences parmi ces manifestants pourtant unis pour défendre la cause pacifiste. Une belle image vaut souvent mieux qu'un long discours.

Déversement de Pub boîtes aux lettres, Paris, mairie du 19ème, 5 juin 2004

 Voilà qui parle à tout le monde. À la fois drôle et terrible…

Arrachage de maïs transgénique. Menville (Haute-Garonne), 25 juillet 2004

 Dites-le avec des fleurs, forces de l'ordre et tournesols… Vision, poétique, profondément bienveillante et terriblement originale.

Une allégorie qui n'est pas sans évoquer un clin d'œil à la Liberté de Delacroix. Revendication triomphante.

Joli coup d'envoi

Photo Dominique Leroy

Du monde et beaucoup d'émotion. Lors du vernissage, vendredi dernier, Le Prolé recevait une foule d'amateurs et de curieux à la fois émus par l'hommage et par le talent du photographe. Une bien belle soirée dans une ambiance d'échange très chaleureuse.

L'hommage d'une mère

Photo Dominique Leroy

Heureuse est terriblement émue, Sylvie Vanston, entourée de son fils cadet et de son époux, s'est réjouie du succès de l'exposition réalisée selon ses vœux sans aucun but commercial, conformément aux idéaux de l'artiste.

Véronique PALOMAR

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