Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 24.06.2018 - corentin-corger - 4 min  - vu 4258 fois

FAIT DU JOUR Du savon, la famille Vindry fait mieux que ça

Depuis 1876, la Stéarinerie et la Savonnerie de Nîmes perdure grâce à la famille Vindry. Une entreprise qui se transmet au fil des générations et dont on utilise, sans le savoir, les produits au quotidien.
Michel Vindry, entouré de ses deux fils, Grégory et Benjamin (photo Corentin Corger)

En plus du savon la SSN de Nîmes est spécialisée dans les produits chimiques de bricolage et d'entretien ménager ( photo Corentin Corger)

La Stéarinerie et Savonnerie de Nîmes existe depuis 1876. Au travers des évolutions industrielles, l'entreprise a su s'adapter et se moderniser pour devenir le groupe Notilia. Une holding familiale, menée par Michel Vindry, qui commercialise notamment la marque Mieuxa. 

Pour découvrir cette entreprise locale, nous vous proposons de procéder de manière chronologique. Pourquoi M. Suchamel, originaire de Lyon, décida en 1876 de venir s'installer à Nîmes ? "Mon aïeul voulait se rapprocher de sa matière première pour fabriquer les bougies. À savoir la stéarine qui s'obtenait par la graisse de moutons et dont les élevages se trouvaient en Cévennes et dans la plaine de Crau", raconte son descendant, Michel Vindry, PDG de Notilia, le nom actuel de la société. Une autre substance était travaillée, l'oléine, pour fabriquer le savon noir utilisé pour nettoyer les sols.

Changement de cap en 1960 avec le développement de la pétrochimie et l'utilisation désormais de la paraffine pour fabriquer les bougies. Adieu la stéarine. L'entreprise se tournait donc vers la fabrication de produits de bricolage comme l'eau déminéralisée ou le white spirit. Avec l'ouverture de ses produits à la grande distribution, au début des années 1980, la SSN prenait une envergure nationale. Un rayonnement accentué par le rachat d'un concurrent, en 1986, le CPCE (Comptoir des produits chimiques et d'entretien), propriétaire de la marque Mieuxa, basé aujourd'hui à Ferrières-en-Gâtinais dans le Loiret (45).

Le fameux M sur la bouteille d'alcool à brûler

Des produits de la gamme Mieuxa sont commercialisés dans toute la France (photo Corentin Corger)

On a tous au moins une fois aperçu ces petites bouteilles de javel, d'alcool à brûler ou d'eau déminéralisée près de la poubelle, sous l'évier ou dans la buanderie. Sans jamais y prêter attention, ou du moins en ne retenant que ce M sur l'étiquette. Et oui, ces produits sont fabriqués dans la zone industrielle de Grézan, à quelques pas de votre domicile. D'ailleurs, l'entreprise fut une des premières à s'installer sur ce secteur du centre-est de Nîmes, en 1986, entre Marguerittes et Rodilhan. Et vous les trouvez à Carrefour ou à Leroy Merlin.

La matière première est transformée sur place. L'eau est déminéralisée à l'usine de Grézan. Pour les autres produits chimiques, il y a un mélange créatif qui est effectué. Seul le savon, est produit de A à Z sur place. Passons les détails industriels et retour à l'histoire. Et cette marque Mieuxa qui intrigue. "En 1952, le fondateur de la CPCE cherchait un nom pour vendre ses produits. Il demandait des idées aux membres de sa famille. Et à chaque fois, il répondait : "Mieux que ça ! ". À force sa femme lui a dit, le voilà le nom", détaille Michel Vindry, toujours fan de l'anecdote. Une fois de plus, le proverbe se confirme : "derrière chaque grand homme, il y a une femme". Une marque qui représente aujourd'hui près de 80% du chiffre d'affaire du groupe qui s'élève à 40 millions d'euros par an.

Pour répondre plus facilement à ses besoins d'emballages, l'entreprise créait en 1989, sa propre unité de fabrication, la SFEP (Société française d'extrusion plastique). Une usine plastique qui fonctionne sur les systèmes des trois/huit, car sa chaîne de production est trois fois plus lente que celle qui prépare les liquides. En résumé, il faut 24h pour fabriquer tous les bidons nécessaires pour contenir les produits chimiques préparés en seulement 8h. Environ, 4 500 bouteilles pour l'alcool ménager et 3 000 bidons pour l'eau déminéralisée sont produits à l'heure. Au niveau industriel, certaines innovations proviennent de Notilia. Le white spirit sans odeur, le réducteur de débit ou encore le bouchon protection enfant.

Mieuxa n'est pas la seule marque distribuée par le groupe. On trouve Super Mieuxa, sa version biodégradable, Novelty et À l'Olivier, le fameux savon parfumé à l'amande et au citron. Une marchandise écoulée sur une zone qui se trouve en-dessous d'une ligne virtuelle Bordeaux-Chambéry. Le dernier tournant pris par l'entreprise date de 2015 avec l'ouverture aux collectivités et aux distributeurs professionnels de produits et services d'hygiène sous la marque Nectra, dédiée notamment aux services hospitaliers. Un renouveau sans cesse de l'activité qui n'est pas prêt de s'arrêter.

La relève est assurée

Michel, est la quatrième génération de Vindry à gérer l'entreprise familiale. La cinquième devrait bientôt prendre le flambeau : "dans deux ans maximum j'arrête, j'aurais 68 ans, ça sera bien. Mes enfants ont besoin d'exister", sourit-il. "Ça fait dix ans qu'il dit ça", taquine son fils cadet, Grégory, 35 ans. Ce n'est pas évident de s'arrêter quand on a navigué toute sa vie sur le même bateau et qu'on a mené la barre. L'actuel PDG est entré par la petite porte comme commercial en 1975 avant de gravir tous les échelons et même de racheter l'entreprise en 1986, qui a failli sortir du cercle familial.

Un lointain souvenir car les deux fils de Michel travaillent chez Notilia. Benjamin, âgé de 39 ans, présent depuis 2008 occupe le poste de directeur général. "Le souhait de mon grand-père était que la génération suivante reprenne la suite", confie t-il. Un souhait exaucé mûrit avec le temps. "J'ai d'abord travaillé cinq ans à la direction financière du groupe Lafarge. Je ne voulais pas intégrer de suite Notilia". Son petit frère a lui aussi fait ses gammes à Paris, dans la publicité, et il a fallu le convaincre pour monter à bord. "Ça faisait longtemps qu'on en discutait, mais tout se passait bien à Paris. Mon père et mon frère m'ont bassiné pendant quatre ans et un poste s'est libéré", explique l'actuel responsable des achats, depuis un peu plus d'un an, qui bosse sous les ordres de sa belle-mère. Une entreprise familiale on vous a dit...

Les fils ont décidé de prendre la suite sous forme d'un trio, "pour éviter les embrouilles", souligne l'aîné, la voix de la raison. Papa d'un fils de 6 ans et d'une fille de 8 ans, il y a forcément de quoi penser à la succession. "On aimerait bien mais ce sera en fonction des affinités ! " Paraît-il que c'est dans les gènes !

Corentin Corger

Corentin Corger

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