Publié il y a 5 ans - Mise à jour le 06.07.2018 - thierry-allard - 4 min  - vu 592 fois

FAIT DU JOUR Marcoule, médecine : le satisfecit tempéré de l’Autorité de sûreté nucléaire

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) présentait ce mercredi à Montpellier le bilan 2017 de la sûreté et de la radioprotection nucléaires en Occitanie, sur les installations nucléaires mais aussi concernant la médecine.
Vue aérienne de Melox (Photo : S. Le Couster / Areva) - CEA/DEN/MAR/DIR/UCAP

L'Autorité de sûreté nucléaire donnait une conférence de presse mercredi après-midi à Montpellier (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Le bilan est « globalement satisfaisant » pour Marcoule, selon les mots du chef de la division Marseille de l’ASN Aubert Le Brozec, division dont dépend l’ancienne région Languedoc-Roussillon.

Concernant l’usine de fabrication de combustible pour centrale MOX Orano Melox, où l’enjeu principal reste le risque de criticité, comprendre « le risque de réaction en chaîne », explique Aubert Le Brozec, « la prise en compte de ce risque et des enjeux de radioprotection sont globalement bien traités », estime l’ASN, même si « la propreté radiologique de l’installation » peut encore être améliorée, l’Autorité relevant des « signaux faibles. »

Reste que Melox a vu le seul événement classé au niveau 1 (anomalie) sur l’échelle internationale INES du site de Marcoule en 2017. « Lors d’une opération de maintenance de nettoyage d’une "boite à gants’" (une enceinte étanche où sont réalisées les manipulations de matière radioactive, ndlr), un sac de déchets contenant notamment des chiffons a été rempli par deux intervenants, explique Aubert Le Brozec. L’exploitant s’est rendu compte en mettant le sac dans un fût qu’il y avait plus de matière que prévu et que ça constituait un dépassement de la règle de criticité. » Un avertissement sans frais qui a déclenché une inspection réactive de l’ASN. Pour autant, l’Autorité ne noircit pas le tableau et estime que l’incident « a été bien géré. Des mesures correctives et préventives ont été prises. »

« Globalement satisfaisant »...  

D’une manière plus générale, cet incident souligne, d’après l’ASN, que « les facteurs organisationnels et humains restent à l’origine d’événements significatifs ». Comprendre que l’erreur est humaine, surtout dans une usine comme celle de Melox, qui compte un grand nombre de manipulations humaines… et de sous-traitants. « On ne fait pas de distinction entre les sous-traitants et le personnel, élude Aubert Le Brozec. Le facteur humain est bien pris en compte par l’exploitant, mais il faut rester vigilant. » Une vigilance à porter notamment sur la formation et l’information du personnel, sur lesquelles « on peut trouver ponctuellement un manque », reconnaît l’ASN. Pas de quoi remettre en cause « le niveau globalement satisfaisant » du niveau de sûreté et de radioprotection du site.

… « Mais il reste des bémols »

Concernant le CEA, le niveau est là aussi « globalement satisfaisant », même si « les mesures de protection contre le risque d’incendie sont perfectibles. Notamment en matière de déploiement des équipes sur le vaste périmètre du centre et de coordination avec les autres installations du centre », relève l’ASN. Sur l’ancien réacteur Phénix, l’évacuation des combustibles irradiés se poursuit, « mais sur un rythme plus lent que prévu. Nous sommes attentifs à ce que le rythme soit suivi », note Aubert Le Brozec. Quant aux autres installations du CEA, l’installation Diadem qui doit permettre l’entreposage de déchets issus de Phénix et qui doit être mise en service d’ici la fin 2018, ou les laboratoires Atalante, qui a vu un transfert d’activités en provenance de Cadarache, rien de particulier à signaler du côté de l’Autorité.

Il en va de même pour l’installation Socodei Centraco, une filiale d’EDF qui traite des déchets à très faible, faible et moyenne activité, « qui s’est améliorée sur la déclaration des événements », se félicite l’ASN. Pour Gammatec, qui travaille dans l’industrie pharmaceutique, « le bilan de sûreté est globalement bon et s’améliore, mais il reste des bémols, tempère Aubert Le Brozec. Nous attendons que le référentiel de sûreté soit suivi, notamment en cas de modification de l’installation. »

« Des progrès sont attendus » dans les blocs opératoires

L’ASN ne contrôle pas que les installations nucléaires de base comme celles de Marcoule, mais s’occupe aussi du médical, de l’industrie et de la recherche ainsi que du transport. Le principal point de vigilance relevé par l’Autorité concerne les pratiques interventionnelles radioguidées, qui consistent en une utilisation à des fins médicales des rayons X pour guider les interventions médicales. « La radioprotection est insuffisante dans un certain nombre de cas au bloc opératoire », déplore Aubert Le Brozec.

Pire, l’ASN souligne que « des chirurgiens ne respectent pas la réglementation relative à la protection des travailleurs exposés aux rayons ionisants » et que « les doses délivrées aux patients sont rarement optimisées. » Bref, « des progrès sont attendus », note diplomatiquement Aubert Le Brozec, et une évolution législative est attendue dans les prochains mois pour durcir les conditions d’utilisation de ces techniques, qui passeront de la déclaration à l’autorisation.

D’un point de vue global, la sûreté nucléaire « progresse du fait d’un certain nombre de nouvelles exigences, notamment la démarche post-Fukushima », relève Aubert Le Brozec. Les exploitants nucléaires ont en effet dû se positionner par rapport à des événements climatiques extrêmes et renforcer leurs installations. Sur Marcoule, cette nouvelle doctrine s’est matérialisée par « des progrès sur la gestion de crise ». Une gestion à laquelle le CEA et Melox se sont à nouveau entraînés récemment à l’occasion d’un exercice de grande ampleur.

C’est que la sûreté nucléaire ne tolère pas la stagnation, comme le rappelle Aubert Le Brozec : « il faut une amélioration continue pour que le système marche. »

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Et aussi : le rapport de l’ASN sera présenté lors d’une réunion publique à Bagnols d’ici la fin de l’année. La date reste à fixer.

Thierry Allard

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