La semaine prochaine, le Républicain nîmois connaîtra son rang sur la liste des Européennes du 26 mai. Une place susceptible de donner un tournant à sa carrière politique.

« Franck Proust a beaucoup donné pour l’Europe. Je lui souhaite d'être à la 7e ou 9e place sur la liste pour se faire réélire », commentait, il n'y a pas si longtemps, Jean-Paul Fournier, le maire de Nîmes, qui, en cas de réélection de son premier adjoint, devra se trouver un potentiel nouveau successeur, loi sur le non-cumul des mandats oblige. 

Expérience et reconnaissance

Mais avant le combat électoral de mai, place à la lutte d’influence qui se joue en ce moment, en coulisses, pour composer la liste aux Européennes. Mercredi 6 mars, Les Républicains se réunissent à Paris, au sein de la CNI (Commission nationale d'investiture). Une Commission - dont Franck Proust est membre - qui devra entériner les 79 noms de la liste emmenée par François-Xavier Bellamy.  

L'enjeu est de taille pour Franck Proust. Entré il y a huit ans au Parlement européen, puis réélu aux côtés de Michèle Alliot-Marie en 2014, le quinquagénaire s’est passionné pour l'Europe. Il en a même fait un livre : « L’Europe ; l’apprendre ou la laisser » (éditions Du Palio). Loin des préjugés et coutumes claniques du mundillo nîmois, l'homme a affûté ses compétences comme gage de reconnaissance. 

L'élu s'est illustré par son combat pour la défense des aéroports régionaux, menacés de ne plus pouvoir être subventionnés par les pouvoirs publics. Avec ses collaborateurs, il a publié un rapport sur la surtransposition des normes européennes dans les lois françaises et un autre sur les investissements étrangers en Europe. À Bruxelles, Franck Proust veut peser sur des politiques susceptibles de toucher des millions d’administrés.

Ses efforts ont fini par payer. En 2015, il a été sacré meilleur eurodéputé. Il a également été nommé en 2013 et 2017. Un travail qui lui a aussi ouvert les portes de la présidence du groupe PPE France (Parti populaire européen) qu'il occupe depuis 2016. Sa mission : convaincre ses homologues et coordonner son groupe, composé d'ex-ministres tels que Brice Hortefeux, Rachida Dati et Nadine Morano. 

Le hic...

Mais il y a un hic... et même deux. Si à l’Europe, Franck Proust a trouvé un sens à sa vie politique, son aura médiatique n’a, hélas, pas touché les Français, qui votent désormais pour des listes nationales. Car qui connaît Franck Proust au-delà des frontières gardoises ou bruxelloises ? Par ailleurs, sa mise en examen pour trafic d'influence, tentative de trafic d'influence et favoritisme dans l'affaire de la Senim ne facilite pas sa candidature. 

Proche du président Les Républicains, Laurent Wauquiez, en sa qualité de secrétaire départemental, le Nîmois a pensé une stratégie, en défendant l’idée d’une liste où les candidats reflètent le territoire « avec 50% de renouvellement et 50% de sortants. » De quoi lui permettre de soutenir « qu'au Parlement, l’expérience est une plus-value. Comme il y a pas de majorité, ce qui compte à l’Europe c’est d'avoir des réseaux. » 

Le 6 mars, si Franck Proust n'est pas en position éligible, il devra se concentrer sur sa carrière nîmoise. Une carrière plus incertaine avec une Droite divisée et un maire sortant qui, dit-on, n'est pas encore prêt à passer le flambeau.

Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com