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Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 15.10.2019 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 1501 fois

FAIT DU JOUR Mineurs étrangers : la Gauche contre-attaque

De gauche à droite : le président du groupe Communiste, Christian bastide et ses homologues des groupes Socialistes et des Verts (Photo : Coralie Mollaret)

De gauche à droite : le président du groupe communiste (PCF), Christian Bastid, le président du groupe socialiste (PS), Christophe Serre, ainsi que la présidente du groupe des Verts, Bérengère Noguier (Photo : Coralie Mollaret)

Après le rejet de la décision modificative, hier matin au Conseil départemental, les présidents des groupes de la majorité (Parti communiste français, Parti socialiste et Verts) ont organisé une conférence de presse dans l'après-midi. Interview croisée.

Dans l’impasse ? Ce matin en conseil départemental, l’opposition (Les Républicains, centristes et Rassemblement national) a rejeté en bloc les 24 M€ de réajustements budgétaires (*). En cause : six millions d'euros supplémentaires dédiés au suivi des mineurs isolés. Une compétence obligatoire de la collectivité, fixée par la loi. Seulement à six mois des municipales, les couteaux sont sortis. En majorité relative, la Droite use de tout son pouvoir pour se démarquer. Seulement, quoi qu’il arrive, cet argent sera débloqué par le préfet du Gard. Cette péripétie politique est aussi un échec pour la Gauche. Les discussions préliminaires au vote ont échoué. Un camouflet pour le président socialiste, Denis Bouad (absent lors de la conférence de presse) qui n’a pas été en mesure de faire respecter la loi. Avant de présenter une seconde fois le rapport en novembre, l’exécutif doit impérativement reprendre la main. L’enjeu est aussi bien politique que sociétal. Denis Bouad doit démontrer qu’il est toujours maître dans sa demeure, tout en évitant que ce sujet, ô combien polémique, ne divise un peu plus les Gardois. 

Objectif Gard : Hier matin, l’opposition a mis en échec votre décision modificative. Comment réagissez-vous ?

Christian Bastid (PCF) : C’est une épreuve difficile pour notre président mais aussi pour les Gardois. C’est grave ce qu’il s’est passé. Il va y avoir beaucoup de conséquences…

Bérengère Noguier (Les Verts) : Nous sommes tristes pour tous les habitants. La Droite ramène les 24 M€ de réajustements budgétaires aux six millions attribués au suivi des mineurs étrangers.

Christophe Serre (PS) : Aujourd'hui, nous sommes tous là pour rappeler notre soutien au président Denis Bouad. Maintenant, il est bon que nous puissions exprimer notre sentiment et notre analyse.

Hier matin, le résultat du vote à bulletin secret est sans appel : 22 voix pour et 24 voix contre (Photo : Coralie Mollaret)

Vous parlez de conséquences, lesquelles ?

Christian Bastid : Dans cette décision modificative, des crédits étaient prévus pour des associations et d’autres structures (61 000€ pour les centres sociaux dont 30 000 pour celui de Pissevin, 20 000€ pour le CIDFF). Comment vont-elles payer leurs salariés ? Comment allons-nous payer nos fonctionnaires et rembourser notre dette ? 

Christophe Serre : Il y avait aussi les 5 millions d’euros pour des travaux d'enrobés sur nos routes. Ce sont des investissements qui font travailler nos entreprises. Je ne parle pas non plus des 15 M€ de recettes supplémentaires que nous avons dans le cadre des DMTO (Droits de mutation à titre onéreux).

Pourquoi ne pas avoir dissocié les aides allouées aux mineurs étrangers du reste de la décision modificative ?

Quelles conséquences ?

Christophe Serre : On aurait été dans l’insincérité ! Depuis 2015 nous votons un budget sincère et réaliste. Je ne vois pas pourquoi ça changerait. Ça signifie que maintenant, on va voter les recettes et les dépenses séparément ? C’est une aberration ! De toute façon, c’est la loi : ces six millions d’euros sont dédiés à l’accompagnement des mineurs étrangers. Ils ne serviront à rien d’autre. 

Comment expliquer un réajustement financier aussi important ? 

Bérengère Noguier : C’est comme le RSA (Revenu de solidarité active). Quand on réalise le budget, on fait des prévisions. Mais nos estimations évoluent en fonction de la situation économique. Si le nombre d'allocataires augmente, va-t-on refuser de les payer ? Avec les mineurs étrangers, on est sur le même type de décision. Leur arrivée est un phénomène récent. Les choses ont mis du temps à se mettre en place. En début d’année, nous avions 1 200 jeunes. Nous avons dû travailler à leur prise en charge. Des quotas ont été instaurés pour chaque département. Aujourd’hui, nous comptons 690 mineurs.

Christophe Serre : De toute façon, on est dans le cadre d’une dépense obligatoire. Si ces élus rejettent encore le rapport, c’est le préfet qui prendra la main et paiera la somme. Seulement après, il y a la préparation du budget 2020. Croyez-vous que les mineurs étrangers s'arrêteront aux frontières de l'Hérault ? L'opposition se trompe de débat. 

En colère, le président socialiste du conseil départemental, Denis Bouad, a quitté la séance en lâchant : « Qu’ils se débrouillent ! »

Justement, eux disent qu’ils envoient un message au Gouvernement puisque l’État ne compense pas totalement le coût de cette compétence obligatoire…

Christophe Serre : Pensez-vous vraiment qu'Emmanuel Macron était derrière sa télévision, hier matin, à regarder les débats du conseil départemental du Gard ? Ce n'est pas ce rejet qui influera la politique nationale !

Vous présenterez à nouveau le rapport en novembre. Comment allez-vous convaincre les élus ? Y aura-t-il des pressions sur les aides attribuées à la ville de Nîmes ?

Une dépense obligatoire

Bérengère Noguier : On en appelle à la raison et à la responsabilité de nos collègues plutôt que de sortir le bâton. Ce n’est pas la manière de fonctionner. D'ailleurs, la moitié des aides programmées dans cette décision modificative était destinées à des cantons de Droite. 

Christian Bastid : Il ne faudrait pas que le Département devienne le théâtre des élections municipales. Nous allons continuer à expliquer et rester dans l’exercice de nos compétences.

Estimez-vous que c’est un échec pour le président du Département qui n’a pas été capable de faire respecter la loi ?

Christophe Serre : Pas du tout. C’est une péripétie pour la majorité. On va tout faire pour peser dans le débat. On va laisser retomber la pression, afin que tout le monde pèse le pour et le contre.

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com 

* Le budget de la collectivité avoisine le milliard d’euros. 

Lire aussi : DÉPARTEMENT Christophe Serre, le discret incisif

Coralie Mollaret

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