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Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 21.10.2019 - abdel-samari - 4 min  - vu 4630 fois

FAIT DU JOUR Premier bilan du Mas des agriculteurs

Photo AS / Objectif Gard

Jean-Paul Robert est un directeur souriant. À la tête du Mas des agriculteurs qui a ouvert ses portes avant l’été, il savoure les premières semaines réussies pour son établissement. Le message porté par les agriculteurs gardois a fonctionné : les Nîmois et Gardois sont au rendez-vous de ce lieu de vente pas comme les autres.

Objectif Gard : Quel premier bilan intermédiaire peut-on établir depuis l’ouverture du Mas des agriculteurs ?

Jean-Paul Robert : C’est un peu prématuré mais déjà, je peux vous dire que c’est intéressant car nous avons un bon niveau de fréquentation, légèrement au-dessus des objectifs fixés. Après, nos objectifs étaient incertains car nous sommes partis presque d’une feuille blanche sur ce projet. Notre concept est sans référence. On s’est donc fixé une année pour passer les quatre saisons et appréhender nos besoins et résultats... Ce qui est certain, c’est que nous avons réussis le triptyque magasin, producteurs, clients.

Quel était votre but au départ ?

Faire et vendre des produits issus de producteurs gardois au prix le plus juste. Ça c’est la volonté et le bien-fondé du magasin. Un prix juste pour les producteurs et les clients. Avec l’opportunité de rapprocher le client du local et des cycles naturels.

Rien à voir avec les halles de Nîmes que certains veulent mettre en concurrence avec le Mas…

Nous on ne pense pas être en concurrence avec les halles qui restent pour tous les Nîmois, un endroit magnifique, historique et même attachant. Le Mas des agriculteurs c’est un magasin. Nous ne sommes pas du tout sur le même concept commercial. Je pense donc que vouloir nous mettre en concurrence, c’est absurde. Pour moi, on est complémentaire.

Autre chose d’inédit dans votre magasin, l’affichage du nombre de kilomètres parcourus par le produit en vente. Pourquoi ce choix ?

On mélange plusieurs concepts. Celui de faire la part belle aux produits locaux et aussi à la filière locavore. Une bonne partie de notre clientèle est effectivement à la recherche de produits d’à côté, issus de producteurs à proximité. Il nous semblait donc important d’afficher cette information. Il y a quand même quelque chose d’aberrant dans le système actuel où des produits venus du bout du monde se retrouve dans les rayons des supermarchés. Donc notre souhait est de proposer aux consommateurs gardois un parcours simplifié.

Et à l’inverse, n’est-ce pas surprenant de fixer comme règle uniquement des producteurs gardois. Mettre en rayon des produits du Vaucluse ou de l’Hérault, c’est quelque fois parcourir moins de kilomètres que certains territoires du Gard. Non ?

Dans le Gard, il y a différents types de structures. Nous privilégions celles qui sont petites pour leur offrir des opportunités supplémentaires. Après, se pose la question des produits qui ne sont pas fabriqués dans le Gard notamment ceux à base de lait de vaches. Vous avez donc raison dans l’absolu, notre idée est de réfléchir à des partenariats pour proposer nos produits de saison dans d’autres régions et dans l’autre sens, on pourrait accueillir leurs produits. C’est un échange gagnant-gagnant. Mais ce sera toujours de producteur à producteur, sans intermédiaire.

Parlons chiffres. Qu’est-ce qui se vend le mieux au Mas ces dernières semaines ?

On a ouvert en pleine période de fruits donc avec les légumes, ils représentent 40% des ventes. On parle de tonnes de marchandises qui, la plupart du temps, ont été ramassées la veille ou l’avant-veille. Ce sont des produits périssables qui doivent être consommés rapidement.

Et concernant le pouvoir d’achat des Gardois, est-ce qu’acheter ses produits au Mas est plus cher ou moins cher ?

En fruits et légumes, on est clairement moins cher. Pour tout le reste, on est sur un rapport qualité-prix. Pour le vin, les produits oléicoles, notre prix est celui du producteur.

D’autres rayons vont-ils ouvrir ?

Depuis quelques jours, nous avons ouvert un rayon boucherie qui a déjà du succès. On propose 100% de viande gardoise que ce soit de l’agneau, du porc… Ça plaît aussi parce que c’est bon et pas seulement car cela provient du Gard !

Le Mas des agriculteurs s’engage-t-il aussi sur la qualité des produits mis en rayon ?

Chaque producteur signe et s’engage vis-à-vis du magasin. Sur des aspects sanitaires et de production bio mais aussi dans une démarche raisonnée. Le boucher se déplace aussi dans les exploitations pour choisir ses bêtes. De toute façon, pour tous nos produits nous assurons des contrôles et vérifications. On va sur place, on regarde les champs de plantation. Quand on met en rayon, il faut être sûr de soi.

Et avec des produits exclusivement bio ?

Non évidemment car toutes les exploitations ne sont pas encore 100% bio. Toutefois, les producteurs ne nous ont pas attendus. La moitié sont en production conventionnelle, l’autre est déjà bio. Dès l’année prochaine, au regard des conversions en cours on aura encore plus de produits bio.

Un mot sur les producteurs. Quelles sont leurs retours après quelques semaines d’activité avec vous ?

Une réelle satisfaction d’un point de vue des ventes. Après, tous ont signé une charte et s’engagent à ne pas être dépendant du magasin. D’ailleurs, nous-même, nous allons aller chercher de nouveaux producteurs pour diversifier notre offre mais aussi pour éviter de contraindre nos producteurs à produire plus. Par ailleurs, nous regardons attentivement les possibilités de conservation des produits pour les périodes hivernales. Chez nous, il n’est pas question d’avoir des tomates fraîches en plein mois de novembre. Par contre, en conserve, ce sera le cas. Du tomato à base de tomate Roma gardoise, je dis oui !

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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