Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 31.10.2019 - abdel-samari - 2 min  - vu 20033 fois

LE 7H50 d'Isabelle Pozza, gérante de la brasserie le Napoléon à Nîmes : "Mon père est ruiné à 77 ans"

Photo DR Objectif Gard

L'institution nîmoise le Napoléon ferme ses portes. Le tribunal de commerce de Nîmes vient de prononcer la liquidation judiciaire de la société d'Isabelle Pozza, qui détenait l'établissement. Elle nous raconte pourquoi la brasserie, classé monument historique, met la clé sous la porte. Elle est l'invitée du 7h50.

ObjectifGard : Comment en est-on arrivé à la fermeture du Napoléon ?

Isabelle Pozza : Pour tout comprendre, il faut faire un retour en arrière. Il y a quatre ans, mon papa, Serge Pozza, s'est associé pour la reprise de l'établissement. Il détenait 40% des parts de l'entreprise et l'autre associé 60%. De lourds travaux de restauration ont été entrepris. Nous avons enfin ouvert les portes en août 2016. Mais dès le mois de mars 2017, nous étions en cessation de paiement. Les comptes étaient à sec, les huissiers frappaient aux portes. Mon père m'a demandé de venir lui prêter main forte pour redresser la barre. Ce que j'ai accepté. Lors de l'assemblée générale du 6 novembre 2017, j'ai été nommée présidente de l'entreprise et gérante du Napoléon. Et là, j'ai découvert des anomalies notamment l'absence de bilans sur les années 2016 et 2017, sans savoir précisément l'origine de cette situation.

Comment est-il possible de gérer une entreprise sans faire de bilans ?

Je ne sais pas quoi vous répondre, ce n'était pas de mon ressort durant ces années. À mon arrivée, j'ai donc décidé de faire un bilan complet. Nous avons été mis en redressement judiciaire avec une période d'observation d'un an en septembre 2018. L'objectif était de voir si le chiffre d'affaires pouvait être suffisant pour payer les dettes accumulées. Malheureusement, cela n'a pas suffit. Et aujourd'hui, mon père est ruiné à 77 ans. C'était le plus gros créancier de l'établissement. Sa perte s'élève à plus d'un million d'euros, une catastrophe ! Il a tout perdu sans compter ses problèmes de santé depuis août 2017.

Il n'y a donc plus aucune solution ?

J'en ai cherché pendant plusieurs mois avec de potentiels repreneurs. Mais à Nîmes, il faut avoir du réseau, connaître du monde. Malheureusement, je peux dire que l'on nous a laissé tomber, mais on ne se laissera pas faire. Nous avons déposé deux plaintes au pénal. En février dernier, nous nous sommes constitués partie civile. Je ne veux pas donner plus de détails car j'ai confiance en la justice, même si nos plaintes qui datent de plus d'un an n'ont pas eu de suite pour le moment.

Qu'allez-vous faire à présent ?

J'étais professeur des écoles pendant 26 ans à Nîmes. Je m'étais mise en disponibilité pour aider mon père. Pour l'instant, j'ai besoin de me reposer. Ensuite, j'espère que la justice va accélérer et donner une suite à nos plaintes. Hier, j'ai remis officiellement les clés. Des contreplaqués vont être posés sur les façades afin de protéger le lieu. C'est le liquidateur qui va prendre le relais.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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