Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 11.12.2019 - anthony-maurin - 3 min  - vu 437 fois

MERCREDI CULTURE De Rimbaud à Soleillet, une saison en Afrique

Exposition exceptionnelle à découvrir au Carré d'art Jean-Bousquet, du 21 janvier au 25 avril 2020.
À un an de mourir, Soleillet s'était laissé pousser une longue barbe... Aujourd'hui, il serait à la mode!

Paul Soleillet en 1884 soit 2 ans avant sa mort (Photo : DR)

Nîmes a eu son explorateur en la personne presque oubliée de Paul Soleillet. Une grande partie de l'Afrique inexplorée a été découverte sous ses yeux.

Excusez du peu mais Jean Joseph Marie Michel Paul Souleillet est né à Nîmes. Certes cela remonte à l'an de grâce 1842 mais le bonhomme a sillonné le nord de l'Afrique en quête de découvertes. Il n'est pas resté dans les annales mais a contribué à de nombreuses et futures collaborations entre les peuples.

Les expositions temporaires programmées dans les musés nîmois financées par la Ville représentent un levier déterminant pour la fréquentation du tourisme culturel. Elles concourent au rayonnement culturel de Nîmes et favorisent des retombées économiques évidentes, une notoriété et une image valorisante au niveau national et international.

En 1885, un certain Arthur Rimbaud, poète alors quasi inconnu, s’aventure à Tadjourah et à Obock, dans l’est de l’Afrique. Sa route croise celle de Paul Soleillet (1842-1886), héros colonial célébré par tous les grands journaux de l’époque. Deux destins, à la fois semblables et très différents, se rejoignent alors dans la corne de l’Afrique.

Deux personnages historiques réunis

Entre 1882 et 1886, les deux personnages semblent avoir eu de multiples occasions de se rencontrer et de mettre en commun leur connaissance des peuples et des pays au sein desquels ils évoluaient. L’exposition programmée à Carré d'art (galerie du Hall et galerie de l’Atrium) se propose de faire revivre les circonstances de cette rencontre et plus largement de la situer dans le contexte historique et géographique de l’époque, tout en portant sur cette période un regard critique et en la confrontant aux réalités contemporaines.

Photographies, vidéos, sons, cartes anciennes, lettres et manuscrits, objets ethnographiques jalonnent un parcours susceptible d’approcher au plus intime de ce tropisme africain, de cette attirance pour l’ailleurs, de cette véritable " passion géographique " qu’éprouvèrent en leurs temps " l’intrépide voyageur " et " l’homme aux semelles de vent ".

Cette exposition inédite sera accompagnée d’un riche programme d’événements pendant trois mois : conférences de spécialistes, lectures, spectacles, concerts, projections, contes théâtraux, rencontre poétique,etc.

La vie de Soleillet

Retour en arrière... Son amour pour l'Afrique, Soleillet le tient peut-être des livres qu'il avait l'habitude de dévorer. Les lignes de René Caillié et de Mungo Park l'intriguent, le fascinent et lui font miroiter des horizons lointains, infinis et souvent méconnus, voire inconnus.

Le grand départ ne tarde pas à venir pour le natif de Nîmes. Après le décès d'un proche, le garçon s'en va pour le Maghreb (Tunisie et Algérie) qu'il sillonne quelques temps. Il apprend l'arabe, les rudiments du coran et se colle au plus près des us et coutumes de la région. Les populations qu'il visite échangent avec lui de nombreuses choses et semblent l'apprécier.

À l'emplacement de l'actuel monument aux Morts square du 11 novembre) puis au Bosquet des Jardins de la Fontaine, il n'y a plus de traces visibles à Nîmes de son enfant explorateur.

En Tunisie pendant une longue période durant laquelle le choléra fera des ravages, il refuse de rentrer au pays et s'intègre parfaitement au mouvement sanitaire qu'il fonde. Ambulances et soins, les idées du Nîmois sont reconnues par le peuple et permettent peut-être de sauver de nombreuses vies. Il ne rentrera en France qu'une fois la guerre de 1870 déclarée... Quelques batailles plus tard, le simple soldat explorateur retourne sur le continent africain.

L'Afrique en long, en large et en travers

Il poursuit sa traversée du Maghreb mais descend plus au sud, allant au-delà du Sahara qu'il traverse sans tente ni sac de couchage, simplement vêtu comme un bédouin et dormant à la belle étoile. Il est le premier européen à réaliser l'exploit et ouvre de nouvelles voies commerciales qui serviront bien longtemps !

D'Obock (Djibouti) au Sénégal en passant par Aden (où il meurt d'insolation en 1886) et Kaffa, le Nîmois va et vient de long en large et soutient la naissance d'un chemin de fer transsaharien qui pourrait drainer tout le commerce de la région et permettre une certaine croissance économique du territoire. Même le jeune mais grand Arthur Rimbaud comprend la vision du petit Nîmois anonyme. Il s'associe à lui et prépare une expédition un peu spéciale : une livraison de fusils à Choa, en 1886. Hélas, Soleillet meurt...

C’est le nom d’Obock, celui de la ancienne colonie française devenue aujourd’hui port de la République de Djibouti, qui est à l’origine du récit et du voyage que Jean-Jacques Salgon entreprend en février 2016 pour, selon ses mots, aller " visiter ce qui n’existe plus ". Un récit à lire avant de voir l'exposition dès le mois de janvier 2020 !

Anthony Maurin

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