Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 19.12.2019 - thierry-allard - 3 min  - vu 2757 fois

GARD RHODANIEN Le coup de gueule d’un entrepreneur contre la mairie de Pont-Saint-Esprit

Thomas Blanc, gérant de l'entreprise Arte Pierre (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Depuis vendredi dernier, Thomas Blanc ne décolère pas. Le gérant de l’entreprise de taille de pierre et de restauration du patrimoine Arte Pierre, basée à Tresques, a vu sa candidature rejetée pour la réfection des escaliers Saint-Pierre à Pont-Saint-Esprit. Une décision qu’il qualifie de « pitoyable et lamentable. »

Le bureau exigu de l’entreprise était plein ce jeudi matin. Une fois n’est pas coutume, Thomas Blanc a convoqué une conférence de presse, en présence de représentants de la Fédération française du bâtiment, de la CAPEB et de la Chambre de métiers et de l’artisanat pour pousser un coup de gueule.

Parti de rien en 2011, l’entrepreneur est, à 34 ans, à la tête d’une entreprise florissante de huit salariés. Une entreprise qui a déjà reçu plusieurs récompenses, dont un Prix TPE, et qui s’investit dans la vie publique, en ayant co-organisé en juin dernier l’événement caritatif le Challenge des casse-cailloux. « Nous essayons de faire dans les règles de l’art », lance-t-il, tout en estimant que son entreprise évolue « dans un panier de crabes. »

Après avoir déplacé et restauré le monument aux morts de Bagnols et restauré la Vierge à l’enfant de Laudun-l’Ardoise ces derniers mois, Thomas Blanc entendait bien participer à la restauration de l’escalier Saint-Pierre de Pont-Saint-Esprit. Il affirme d’ailleurs l’avoir dit au maire de Pont, Claire Lapeyronie, il y a quelques mois. Alors, lorsqu’il reçoit une alerte l’informant qu’il a trois semaines pour constituer un dossier dans le cadre de cet appel d’offres, lui et son équipe ne ménagent pas leurs efforts pour monter un dossier « de 12 centimètres d’épaisseur », présente-t-il.

Le tout pour un appel d’offres qu’il estime « démesuré car il y a une enveloppe derrière au Loto du patrimoine qui permet de faire plus de choses que ce qui aurait été fait en temps normal ». Un appel d’offres pas forcément « dimensionné pour une entreprise comme la nôtre », reconnaît-il. Car une des clauses du marché était de réaliser plus de deux millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, ce que ne réalise pas Arte Pierre, malgré sa croissance.

Qu’à cela ne tienne, Thomas Blanc propose dans le dossier de partir avec un confrère d’Uzès, de quoi surmonter cet écueil, et rappelle que « le chantier va prendre un certain temps et aurait pu être divisé en tranches. »

L'escalier Saint-Pierre de Pont-Saint-Esprit (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Nous n’avons même pas pu nous asseoir à la table des négociations »

L’entrepreneur estime que son dossier faisait plus que tenir la route et attendait sereinement la réponse. Elle arrive vendredi dernier par courrier l’informant que son offre était irrecevable. Un coup de massue. « La candidature a été rejetée pour capacité financière insuffisante, et qualifications et références insuffisantes, lit-il. Ça veut dire qu’aujourd’hui on est capables d’aller toucher à des monuments très connus et d’accéder à la phase de négociations sur des monuments classés à l’Unesco, mais pas là ? », s’étrangle-t-il. « C’est vachement vexant », poursuit Thomas Blanc.

Il affirme avoir contacté des personnes du métier qui, comme lui, ne comprendraient pas la décision de la mairie de l’écarter de ce chantier, et avoir demandé un rendez-vous à Claire Lapeyronie, demande restée sans réponse. « Il est détestable de ne recevoir aucune explication », tonne-t-il, tout en écartant d’éventuelles poursuites, « les marchés publics n’étant pas encadrés par grand chose. » Et de toute façon, la mairie de Pont n’a, a priori, rien commis d’illégal (voir ci-dessous).

« Je ne gueule pas car nous n’avons pas eu le marché, mais parce que nous n’avons même pas pu nous asseoir à la table des négociations », ajoute Thomas Blanc, qui pense que la mairie n’a pas agi « dans l’intérêt public, et a fait l’impasse sur des compétences locales, et le ruissellement pour une entreprise qui aurait recruté et payé des impôts. » Sûr que le marché atterrira dans le portefeuille d’un grand groupe , Thomas Blanc s’interroge sur la place laissée aux petites entreprises comme la sienne dans les chantiers de restauration du patrimoine. Un gros gâteau dont il n’a l’impression de ne manger que les miettes.

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

La réaction de Claire Lapeyronie : « La réaction de cette entreprise m’étonne vraiment. Pour moi il n’y a pas de question, Arte Pierre a été écartée en suivant les critères du marché public. Ces critères étaient explicitement marqués, l’entreprise a répondu en connaissance de cause. La commune de Pont-Saint-Esprit obéit aux règles des marchés publics. La maîtrise d’oeuvre a analysé les candidatures. Je m’étonne un peu du manque de culture de certaines entreprises de notre territoire. Un marché public répond à des règles légales. Nous obéissons à ces règles, c’est tout. Rien n’empêche cette entreprise de postuler pour d’autres appels d’offres, mais les règles seront les mêmes. »

Thierry Allard

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