Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 26.01.2020 - boris-boutet - 3 min  - vu 2906 fois

FAIT DU JOUR Des bateaux aux étals : dans les coulisses de la plus grande coopérative de pêcheurs de Méditerranée

L'hiver, l'offre de poulpes est conséquente (Photo Boris Boutet)

Tout juste pêché, le poisson est revendu aux grossistes. (Photo Boris Boutet)

Tous les jours, le poisson pêché au large du Grau-du-Roi et au-delà est vendu par la Société coopérative des marins pêcheurs (Socomap) aux poissonniers et aux grossistes du sud de l'Europe. 

Tout juste pêché et déjà vendu. Quand le temps permet les sorties en mer, les mareyeurs venus du sud de la France, mais aussi d'Italie et d'Espagne, se bousculent dans l'imposant hangar de la Socomap. Il est 17 heures et les premiers bateaux ont jeté l'ancre. À peine sont-ils déchargés, que le poisson est pesé et défile dans la salle des enchères de la coopérative. Pour chaque produit, un prix de départ au kilo est fixé en fonction de l'offre et de la demande du jour. Affiché sur les écrans de contrôle, il décroit jusqu'à ce qu'un acheteur dégaine sa télécommande. En quelques secondes, le poisson est vendu et un autre bac prend sa place.

Commerciaux à la Socomap, Sébastien Brunet et ses collègues enchérissent à la place des grossistes qui n'ont pu se déplacer. "On fait le point par téléphone le matin sur leurs besoins en terme de qualité et sur le prix à ne pas dépasser, explique-t-il, l'œil tourné vers ses notes. Et en fonction de la tournure des événements, on s'ajuste." 

Aux côtés des commerciaux et des grossistes, plusieurs poissonniers font eux aussi le plein de délices de la mer. "Je viens toutes les semaines, abonde Youssef, vendeur au marché d'Arles. Je ne cherche pas un poisson en particulier, mais je suis à l'affût des bonnes affaires. Aujourd'hui j'ai acheté quelques rougets et du poulpe."

En coulisse, une vingtaine de manutentionnaires s'active pour acheminer le poisson vers la salle des enchères, puis, une fois vendu, sur les palettes dédiées à chaque acheteur. "Notre coopérative existe depuis 1945, alors nous sommes rodés, plaisante Paul Gros, son président. Notre particularité, c'est que notre conseil d'administration est à 100% composé de pêcheurs. C'est assez unique en France."

Un système favorable aux pêcheurs

Avec plus de 80 adhérents et un chiffre d'affaires annuel de 12 millions d'euros, la Socomap est une figure de proue en Méditerranée. "Pratiquement tous les pêcheurs du Grau-du-Roi passent par nous, poursuit Paul Gros. On a des bateaux qui viennent depuis Marseille nous apporter leur poisson, on est obligé d'en refuser, sinon les enchères deviendraient ingérables. Mais il y aura toujours une place chez nous pour les jeunes Graulens qui veulent se lancer."

Si le prix de vente du poisson est variable selon les saisons et dépend de l'offre et de la demande, le système est globalement favorable aux pêcheurs. "La coopérative prend 10% du prix du poisson pour payer une main d'œuvre qui offre un service, détaille le président de la Socomap. L'objectif n'est pas de faire de bénéfice, sinon pour financer les investissements nécessaires, mais de faciliter la vie de nos adhérents. Il y a eu des années difficiles mais on a pris avec succès le virage de l'Union européenne. Aujourd'hui, 60% de notre production part à l'étranger."

Il faut dire que contrairement aux poissons pêchés plus au nord, les bateaux graulens restent près des côtes et peuvent ramener leur marchandise tous les soirs. "S'il peut se conserver près de deux semaines, un poisson doit être mangé dans les trois jours pour garder toute sa valeur gustative, estime Paul Gros. Notre force ici, c'est que le poisson pêché le soir se retrouve sur les étals le lendemain matin." La quarantaine d'acheteurs quotidiens de la Socomap ne s'y trompe pas.

Boris Boutet

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