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Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 14.05.2020 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 2380 fois

FAIT DU JOUR Dans le Gard, le grand bazar des Municipales

Les bulletins sont enlevés de l'urne (Photo Anthony Maurin).

Illustration d'un bureau de vote lors du premier tour des municipales où les tables, les urnes, les isoloirs, les stylos étaient régulièrement nettoyés (Marie Meunier / Objectif Gard)

La crise sanitaire a bouleversé la vie démocratique, le Gouvernement ayant décidé de suspendre les élections municipales. Si le premier tour a été validé, le doute plane toujours sur la tenue du second tour. Une situation qui ouvre la porte à bien des litiges…  

Un « ouf » de soulagement pour certains, des grincements de dents pour d’autres… Mardi, le Gouvernement a (enfin) autorisé les candidats élus, dès le premier tour (*), à installer leur nouveau conseil municipal. Cette annonce vient rompre les deux mois d’attente des édiles. « On avait le cul entre deux chaises », illustre avec poésie le député Olivier Gaillard, élu à Sauve. Le candidat, qui ne s’entend pas des masses avec la maire sortante, pourra à partir de lundi « se mettre au travail. »

304 maires élus au premier tour

Dans le Gard, la majorité des communes sont concernées. Le 15 mars, les électeurs de 304 localités n’ont pas vraiment hésité, plébiscitant dès le premier tour une liste ou un candidat. À Alès, Max Roustan a été réélu pour un cinquième mandat ! À Beaucaire et Saint-Gilles, les maires élus pour la première fois en 2014 ont confirmé vigoureusement leur élection. Alors dès lundi, ces édiles auront dix jours pour convoquer un conseil municipal, élire leurs maires et adjoints. 

À Saint-Gilles, le rendez-vous est fixé le mardi 26 mai à 19 heures à la salle polyvalente. « On comprend qu’en raison de la crise sanitaire, on ne pouvait pas nous réunir. Mais la vie politique a aussi besoin de se déconfiner » témoigne le maire saint-gillois, Eddy Valadier. Même sentiment à Villeneuve-lez-Avignon où la sénatrice Pascale Bories va pouvoir prendre la relève du maire, Jean-Marc Roubaud : « Il était temps. J’ai la chance de travailler en concertation avec le maire mais ce n’est pas la même situation dans toutes les communes. » 

Un premier tour remis en cause

Si cette annonce est un soulagement pour les vainqueurs, elle l’est moins pour les perdants… À Alès, l’opposant communiste Paul Planque prétend s’être fait « voler » l’élection à cause du fort taux d’abstention, lié à la crise sanitaire. Idem pour le candidat défait à Laudun-l'Ardoise, Jean-Pierre Laffont, qui a déposé le 19 avril dernier un recours devant le tribunal administratif de Nîmes. Perdants également, des maires sortant comme Marjorie Enjelvin à Clarensac ou Thomas Vidal à Val d’Aigoual ont déposé un recours. Thomas Vidal est même allé plus loin, en demandant au Conseil constitutionnel de se prononcer via l'association 50 millions d'électeurs, dont il est membre.

La main sur le cœur, ces responsables politiques jurent ne pas être de mauvais perdants. D'ailleurs les élus en grande partie assurent, qu'en période de crise sanitaire, ils ne cèdent pas aux sirènes de la politique politicienne. En pratique, c'est plus compliqué… À Nîmes, le président de Nîmes métropole et candidat aux municipales nîmoises, Yvan Lachaud, ne s'est pas privé de rappeler que ce premier tour a été maintenu sur l’insistance des parlementaires Les Républicains. Le premier adjoint Les Républicains, Franck Proust, rétorque, lui, « qu’au vu des précautions prises lors du vote, on est plus en sécurité dans l’isoloir qu’en faisant la queue chez Zara ! »

Quid du second tour ?

À côté des éternelles chicayas sur le premier tour, reste l’épineuse question du second. Quand sera-t-il organisé ? Le Gouvernement en dira plus le 23 mai avec le rapport du conseil scientifique sous le coude. Dans le Gard, 47 communes - et pas des moindres - n'ont pas pu organiser leur second tour. À Nîmes, Bagnols/Cèze ou Pont-Saint-Esprit, les électeurs n’ont pas encore arrêté leur choix. Idem à Vauvert où le Rassemblement national cherche à faire tomber le maire socialiste, Jean Denat. 

S’il avait été un temps repoussé en juin, le scrutin pourrait être reporté à l’automne voire en mars 2021, en même temps que les Départementales et Régionales. Interrogé, le Nîmois Franck Proust plébiscite le mois de juin : « La relance économique viendra des collectivités de l'État. Or, plus le calendrier électoral est retardé, plus l’inertie liée à la commande publique est grande. Pour lancer de grandes dépenses, les maires ont besoin d’avoir une stabilité politique. »  

Si l'on avait pu penser que le parti présidentiel en aurait profité pour retarder l'échéance qui ne lui a pas été très favorable, c'est raté. Dans le Gard, le référent La République en marche, Jérôme Talon est contre un report en 2021. « On ne va pas tout chambouler. Si les conditions sanitaires le permettent, il faudrait que le second tour se tienne en juin ou octobre. Personne ne capitalisera sur la gestion de la crise par le Gouvernement. Ce sont les actions sur le terrain qui font la différence », répond celui qui est aussi directeur de cabinet du maire de Bagnols/Cèze.

Du côté de Pont-Saint-Esprit, la maire sortante, Claire Lapeyronie, sortie en tête d'une triangulaire au premier tour, dit « attendre la date sereinement. » Quant à l'éventualité de devoir refaire les deux tours, l'élue spiripontaine affirme qu'elle ne la « gêne pas », tout en bottant en touche : « Aujourd'hui, la priorité va à la gestion de la crise et de l'après-crise. » 

Et ce n'est pas fini...

Comme pour le maintien ou non du premier tour, le second pose question. S’il est organisé après l’été, l’unité du scrutin sera-t-elle préservée ? Un principe inhérent à la tenue d'une élection... Si tel n'est pas le cas, faudra-t-il alors rejouer le premier et le second tour ? Dans ce marasme électoral noyé d'incertitudes, des candidats sont sur le qui-vive. À Aimargues, Caroline Breschit ne trouvait pas normal que certains maires aient un mandat de six ans et d’autres de cinq ans… De quoi ouvrir là-aussi la porte à d’autres recours.

Une chose est sûre, dans ce contexte rendu inextricable par la tenue du premier tour alors que celle du second était alors déjà hautement incertaine, trouver une solution qui contente le maximum, ou à défaut qui mécontente le minimum, ne va pas être chose aisée. Et sans faire dans la prévision météo-juridique, on peut d'ores et déjà prévoir quelques tempêtes sous les crânes du Gouvernement et des constitutionnalistes dans les semaines à venir.

Coralie Mollaret et Thierry Allard

* Le premier tour a été entériné dans la loi du 23 mars sur les mesures d’urgence à prendre pour lutter contre l’épidémie de covid-19. 

 

Coralie Mollaret

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