Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 15.05.2020 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 8934 fois

GRAU-DU-ROI Un jeune de 20 ans fauché sur la route, le conducteur pensait qu'il s'agissait d'un sanglier

Le Grau-du-Roi (Photo d'illustration/DR)

Un trentenaire comparaissait jeudi après-midi devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour "homicide involontaire et délit de fuite".

Ce père de famille prétend depuis sa mise en cause dans un accident de la route qu'il n'a jamais pensé avoir heurté un homme sur la route deux fois deux voies reliant le Grau-du-Roi à Aigues-Mortes. "Je pensais qu'il s'agissait d'un animal sauvage, un sanglier", déclare-t-il à l'audience devant la famille de la jeune victime.

Vincent, 20 ans, va trouver la mort ce samedi 14 janvier 2017, à 23 heures, violemment percuté par une automobile alors qu'il se rend dans un bar de nuit des environs. Il avait bu avant le drame et il était au milieu de la route et faisait de grands gestes expliquent des témoins.

Par contre, pour les experts mandatés dans le cadre de cette information judiciaire la version du conducteur n'est pas crédible : "Il ne pouvait pas confondre la victime avec un sanglier au moment de l'impact", à moins d'être déconcentré par un autre événement, un appel téléphonique au volant par exemple ou bien un endormissement après une longue journée sportive. Le conducteur lui est catégorique : il regardait droit devant et n'a pas vu le malheureux jeune homme.
" La tête de Vincent s'écrase sur le pare-brise. Il ne peut que voir la tragédie, mais il poursuit sa route. C'est cette attitude irrationnelle et inadmissible que ne peut pas comprendre la famille de Vincent. On doit rester maître de son véhicule et de sa conduite, plaide Me Françoise Delran pour les parties civiles. Et après le choc le conducteur ne trouve rien de mieux que de poursuivre sa route avec son véhicule dont le pare-brise est explosé et en filmant la scène pour dit-il des preuves à son assurance, c'est incompréhensible"
"Au moment du drame le conducteur n'était pas concentré sur la route, il était au téléphone avec son épouse entre 23h03 et 23h08, poursuit l'avocate nîmoise. Et puis comme il est parti en commettant un délit de fuite, il n'y a pas eu de test d'alcoolémie."
"Ce dossier c'est celui de monsieur tout le monde qui va donner la mort dans un accident de la route et qui ne sait pas comment réagir par la suite. C'est le dossier de l'honnête homme confronté à un choix: il a trois filles, un boulot, il fait construire, l'accident peut détruire sa famille, sa vie", estime le vice procureur, Antoine Wolff, qui réclame un an de prison avec sursis, un an d'annulation de permis et 5 000 euros d'amende. Avec sa fuite, il va priver la famille de la victime de la vérité. On ne saura jamais son imprégnation alcoolique par exemple, complète le représentant du parquet de Nîmes.
"Il est moralement responsable de ce terrible accident. Il est responsable civilement bien sûr, mais certainement pas pénalement,  affirme maître Philippe Expert qui demande la relaxe pour son client.
"Ce risque de l'accident de la route peut arriver à chacun d'entre nous. Et puis un homme au milieu de la route en pleine nuit à cet endroit, c'est du domaine de l'invraisemblable. Il y a eu un comportement erratique de la victime", estime Me Expert. "Il n'a pas vu cet homme sur la route. Il s'arrête un peu plus loin constate les dégâts sur sa voiture, regarde les rétros et ne voit rien. Il imagine qu'il a percuté un sanglier", plaide le pénaliste nîmois pour le prévenu.
Un conducteur qui se rendra à la police deux jours plus tard après un appel à témoin lancé par les autorités. Le tribunal correctionnel de Nîmes présidé par Jean-Pierre Bandiera rendra son délibéré dans quelques semaines.
Boris De la Cruz

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