Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 02.06.2020 - abdel-samari - 4 min  - vu 2402 fois

MUNICIPALES Olivier Jalaguier met la pression sur Yvan Lachaud et Daniel Richard : "Faut savoir perdre sur ses valeurs"

Olivier Jalaguier, à la tête de l'institut Manianîmes (Photo : Coralie Mollaret)

Le président du club de réflexion Manianîmes, allié avec ses troupes de la liste Nîmes en mieux lors du premier tour des municipales à Nîmes, a décidé de mettre sous pression le président de Nîmes métropole, Yvan Lachaud, et Daniel Richard avant le dépôt de la liste ce mardi en vue du second tour des municipales à Nîmes. Il nous explique les raisons de sa prise de parole tonitruante dans les médias ce lundi matin. Interview.

Objectif Gard : Comment avez-vous accueilli l'arrivée de Daniel Richard sur la liste Nîmes en mieux ?

Olivier Jalaguier : D'abord, je voudrais dire que je peux comprendre la colère de la Gauche dans son ensemble mais soyons réaliste et honnête : Daniel Richard a toujours dit qu'il était anti-communiste. Et ses ex-alliés le savaient parfaitement. Par ailleurs, que ce soit Jérôme Puech, Nicolas Nadal ou encore Sybille Jannekeyn (*), ils ont toujours fait des appels du pied en vue du second tour. Je m'étonne donc de leurs réactions disproportionnées aujourd'hui. À titre personnel, j'ai rencontré Daniel Richard plusieurs fois et avant le premier tour, à la demande d'Yvan Lachaud. À chaque fois Daniel Richard n'a pas voulu entendre l'hypothèse où nous serions devant lui. Il s'est focalisé uniquement sur celle qui lui convenait, où il serait en tête. Ainsi, nous étions convenus que Nîmes en mieux se désisterait à son profil sans intégrer sa liste. Comme les choses ne se sont pas passées comme il le souhaitait, il a décidé de négocier son entrée sur notre liste avec plusieurs de ses colistiers.

Où est le problème ?

Nous considérons qu'aujourd'hui, Daniel Richard ne représente que lui-même. La preuve, au départ ce sont 12 colistiers qui devaient rentrer sur la liste. Il a été incapable de les trouver. Seulement six personnes sont venues. Aujourd'hui, c'est comme si on achetait une Ferrari désossé. EELV, le Parti socialiste, etc. ont tous quitté le navire. J'ai le sentiment que l'on achète aujourd'hui quelque chose qui ne vaut plus rien. C'est cher payé. Les gens qui continuent avec Daniel Richard, ce sont plus des opportunistes qu'autre chose. Et nous ne pouvons accepter qu'il puisse bénéficier des trois places dans les neuf premiers de la liste. Même le Modem qui a donné l'investiture à Yvan Lachaud n'est plus représenté dans les premières places. Je ne suis pas d'accord. Nous nous sommes donc réunis ce dimanche pour poser un ultimatum.

Lequel ?

On propose que Daniel Richard ait une place symbolique sur la liste. Par exemple à la 59e position. Et plutôt un jeune en troisième place qui sera en charge de la délégation à la Jeunesse. Enfin, que chaque composante soit représentée notamment le Modem dans les six premières places. Il faut de la cohérence. On ne peut pas mettre en tête de liste un homme de 75 ans et après dire que Jean-Paul Fournier n'est plus en situation par rapport à son âge.

Vous avez conscience que vos sorties médiatiques aujourd'hui mettent encore plus à mal les chances de l'emporter le 28 juin ?

Ne nous racontons pas d'histoire, tout le monde sait que le combat sera compliqué. Peu importe la défaite, il faut savoir perdre sur ses valeurs. Vous savez Daniel Richard n'a pas changé au fond. C'est un mec de Droite clairement, qui fait de l'écologie. Tout le reste, ce sont des postures politiques. L'incinérateur, les délégations de services publics, etc. Quand vous écoutez Daniel Richard, il vous explique que Véolia est propriétaire de l'eau à Nîmes, ce n'est pas sérieux. Franchement, c'est maintenant qu'il faut se poser les bonnes questions. Est-ce que l'on a envie de gouverner avec ces gens ? Après, nous sommes d'accord sur 90% du programme. Mais les 10% qui posent problème, faut les régler maintenant. Car même s'il y avait une chance infime de l'emporter, il faut absolument être en phase sur un programme et des convictions.

Mais comment se sont déroulées les négociations ?

J'ai rencontré Daniel Richard vendredi durant cinq heures mais l'accord était déjà scellé entre lui et Yvan Lachaud. La discussion a tourné autour du programme car il n'y avait finalement que cela qui m'intéressait. Et c'est là que les choses ont commencé à coincer. Pas sur l'écologie car finalement il a considéré que notre programme était en phase avec ses convictions. Mais il t'explique qu'il veut une délégation pour la protection des animaux. J'aurais préféré une délégation à la Jeunesse. J'apprends qu'il souhaite qu'une de ses proches puisse obtenir la délégation à la Culture qui intègre le volet LGBT et la laïcité. C'est un mauvais signal envoyé d'autant que celle qui pourrait prendre en charge la Culture est foncièrement contre la tauromachie. À Nîmes cela fait bizarre. Et enfin rien sur l'économie.

Qu'est-ce qu'Yvan Lachaud pense de tout cela ?

Il comprend, je pense. Moi, je vous le dis, je n'en veux pas à Yvan Lachaud. J'ai même de la compassion. Il est en totale souffrance. Il s'est beaucoup donné et essaie de trouver des solutions. Après, Daniel Richard est un fin négociateur. Ce n'est pas pour rien qu'il a dirigé des entreprises. Il a une réelle capacité de persuasion. Personne ne le connaissait il y a quelques mois et il fait plus de 12%. C'est inédit dans l'histoire politique de Nîmes. Il a une force incroyable.

Donc ce lundi, votre ultimatum reste d'actualité ou êtes-vous encore ouvert à la négociation ?

Il ne faut jamais dire jamais. Encore une fois, notre souhait le plus important c'est que chaque parti soit représenté. Il faut une logique, un équilibre. Puis, se poser la question de ce qui nous rassemble avant tout. L'envie de gagner ou la volonté de faire perdre ? Enfin, sur des points essentiels du programme comme la tauromachie, la jeunesse et le développement économique, on ne peut pas transiger.

Propos recueillis par Abdel Samari

*Sybille Jannekeyn dément les propos tenus par Olivier Jalaguier : "Je n'ai jamais fait d'appels du pied en vue du second tout ni à M. Lachaud, ni à M. Jalaguier ni à quiconque sur sa liste."

Abdel Samari

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