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Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 16.07.2020 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 8336 fois

CRIMES ET DÉLITS Océane, 8 ans, tuée et violée : « Je pense tous les jours à cette petite fille... » 

Le docteur Mounir Benslima, patron de l'unité de médecine légale du CHU de Nîmes (Photo Objectif Gard/B.DLC)

Des drames, des crimes, des dossiers non résolus, mais aussi des affaires insolites. Tous les jeudis de l'été, à 11h30, nous vous proposons de pénétrer dans l'univers judiciaire, avec des enquêteurs, des experts, des juges qui racontent ces crimes qui ont marqué leur existence. 

Aujourd'hui avec le docteur Mounir Benslima, patron de l'unité de médecine légale au CHU de Nîmes nous revenons sur l'affaire de la petite Océane, 8 ans. Un crime qui reste une affaire à part dans la vie professionnelle du médecin légiste.

La petite Océane disparaît le 4 novembre 2011 alors qu'elle partait chercher une vidéo chez une petite copine qui vit à 200 mètres de chez elle dans le centre de la commune de Bellegarde. Un homme lui propose de l'accompagner et c'est la tragédie. La fillette sera retrouvée tuée, violée et abandonnée sur un chemin de terre, le lendemain, le dimanche 5 novembre, sur cette même commune à deux kilomètres de l'appartement familial. Un drame qui a profondément marqué la mémoire des Gardois.

Même dans la vie des médecins légistes les plus expérimentés des images sont gravées à jamais, incrustées à vie dans leur mémoire. C’est le cas pour le docteur Mounir Benslima, patron de l’unité de médecin légale du CHU de Nîmes. "Océane avait la vie devant elle. Je pense régulièrement à ses parents. De temps en temps j’aperçois son papa à Nîmes. Par pudeur je n’ose jamais aller le saluer. Pourtant je pense tous les jours à cette petite fille. Elle m’a marqué. Je n’oublierai jamais l’endroit où elle a été découverte, la scène du crime, dans un chemin au milieu des oliviers", affirme l'expert judiciaire.

"C’est l’affaire qui m’a le plus marqué en 25 ans de carrière. C'est l’enfance assassinée. Dès le départ lorsque j’arrive sur la scène de découverte, je vois que cette enfant a subi de nombreuses violences dont des coups de couteau au cœur", souligne l’expert judiciaire gardois, appelé sur tous les dossiers criminels sensibles dans notre département.  "Il y a d’un côté la violence extrême et en même temps je ressens qu’il s’agit d’une affaire nationale en termes de répercussions médiatiques. Lorsque j’arrive sur place, les caméras de TF1 sont là", poursuit l’expert.

Le coupable connaissait la famille

"Face à l’atrocité d’un tel drame, on a mis des moyens considérables dès le départ. Avec les techniciens en identification criminelle de la gendarmerie nous sommes restés des heures sur place. J’ai effectué 38 prélèvements sur le corps et les vêtements", complète le célèbre légiste. Des prélèvements difficiles à récupérer à cause des conditions météos compliquées, il était tombé des trombes d'eau. Des prélèvements qui seront emmenés le jour même à Bordeaux - nous sommes un dimanche après-midi - vers le laboratoire du pape de l'ADN en France, le professeur Christian Doutremepuich, par des motards de la gendarmerie nationale. Le lendemain, les tests matches : un ADN masculin est isolé.

"À ce moment là, le procureur de la République de Nîmes, à l’époque Robert Gelli, va faire une conférence de presse en indiquant que des tests vont être réalisés à très grande échelle et que tout le monde dans la commune de Bellegarde va être prélevé. Le soir même, un homme qui connaissait la famille et qui avait participé aux recherches va se rendre. Son ADN correspond à celui retrouvé sur le corps de la petite fille", complète le docteur Benslima, qui n’en a pas fini avec ce dossier.

Lors de la reconstitution l'attitude et les gestes du meurtrier vont glacer le praticien. "C'était difficile de rester insensible. Derrière ses gestes, ses propos, nous vivions le calvaire de cette gamine", poursuit le praticien.

L'auteur du viol et de l'assassinat d'Océane, Nicolas Blondiau, 25 ans au moment du drame, sera condamné par la cour d'assises du Gard à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté incompressible, c'est à dire non aménageable. Une sanction confirmée en appel par la cour d'assises de Vaucluse. Une condamnation qui est donc devenue définitive. Cet homme est le troisième accusé, après "l'ogre des Ardennes" Michel Fourniret et Pierre Bodein surnommé "Pierrot le fou", a être sanctionné par la plus importante peine prévue par le code de procédure pénale.

Boris De la Cruz

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