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Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 14.08.2020 - boris-boutet - 3 min  - vu 1957 fois

FAIT DU JOUR Haut de gamme et écologique, la culture hydroponique s'impose dans les assiettes uzétiennes

Adrien Kopp et Clarisse Dias se sont lancés dans la culture hydroponique il y a deux ans. (Photo Boris Boutet)

Dans leur serre de 1 000 m² située sur la commune de Saint-Maximin, Adrien Kopp et Clarisse Dias se sont lancés depuis deux ans dans l'hydroponie. Un mode de culture 100% naturel, sans terre, qui permet d'économiser jusqu'à 80% d'eau. Et de récolter des produits hauts de gamme que l'on retrouve dans les assiettes des meilleurs restaurants d'Uzès. 

C'est l'histoire d'une révélation. En 2016 dans la région lyonnaise, Clarisse Dias est vendeuse pour une grande enseigne de textile, Adrien Kopp étudie dans une école de commerce. "Un jour où je séchais les cours, je suis tombé sur un reportage sur l'hydroponie à la télévision, se rappelle-t-il. Avec Clarisse, nous cherchions à rentrer dans le sud, autour d'Uzès et le projet nous a tout de suite plu."

Ni une ni deux, Adrien Kopp prend son téléphone et contacte Les Sourciers, la ferme hydroponique gersoise qu'il a découverte à la télévision. Une pionnière dans le milieu. "Le reportage évoquait des formations de deux jours dispensées sur place, explique-t-il. On s'est inscrit et ça s'est super bien passé."

Avide d'apprendre, le couple retourne dans le Gers pour une dizaine de jours de woofing. "Nous étions nourris et logés, en échange nous travaillions gratuitement pour la ferme, précise Adrien Kopp. Nous avons beaucoup appris là-bas et les gérants nous ont accompagnés tout au long de notre projet." 

Combattre le cliché de la culture intensive

De retour dans le Gard, Adrien et Clarisse trouvent un terrain tout près d'Uzès pour s'installer. "Il a fallu faire un forage pour être autonomes en eau et construire une serre de 1 000 m², énumère le couple. Puis, on a monté nous-mêmes nos systèmes d'aéroflo, les mêmes qui sont utilisés pour la culture du cannabis. Au total, nos investissements s'élèvent à environ 200 000 euros."

"Ce qui nous motive, poursuit Adrien Kopp, c'est de montrer qu'on peut faire des produits de très bonne qualité en hydroponie. C'est un système généralement décrié, car pour beaucoup, le hors-sol est synonyme de culture intensive. Mais quand on fait le choix de petits rendements et de variétés sélectionnées avec choix, on peut récolter des produits d'une qualité au moins égale à ce qu'on trouve en pleine terre." 

Un système 100% naturel

Aujourd'hui, près de 80 variétés de tomates occupent les trois quarts de la serre des deux agriculteurs. "Les plants sont entourés de billes d'argile et sont constamment humidifiés, expliquent-ils. La serre garantit une température constante et l'eau tourne en circuit fermé autour de nos deux pompes basse consommation. Il nous suffit de régler leur niveau selon les besoins des plants." 

Au total, ce système permet d'économiser 80% d'eau par rapport à l'agriculture classique en pleine terre. "Nous n'utilisons que des engrais naturels et des insectes prédateurs pour protéger nos plants, complète Adrien Kopp. Grâce à tout ça, nous arrivons à limiter considérablement les pertes. L'autre avantage de ce système est que l'on travaille principalement à hauteur d'homme et que nous n'avons besoin d'aucun matériel lourd. C'est beaucoup moins dur physiquement." 

Sous leur serre, Adrien et Clarisse cultivent 80 variétés de tomates différentes. (Photo Boris Boutet)

Moins physique certes, mais loin d'être de tout repos pour autant. Ouverts à partir de 11 heures, 7 jours sur 7 pour la vente directe de leurs tomates entre juin et octobre, Adrien et Clarisse démarrent leur journée bien plus tôt. "Nous fournissons de nombreux restaurants des alentours, avancent-ils. Alors tous les matins, dès 7 heures, nous nous occupons de la récolte en fonction des commandes du jour. L'objectif est de les livrer pour 10 heures, afin qu'ils soient équipés pour le service du midi." 

Si les différentes variétés de tomates séduisent les particuliers, les restaurateurs se servent également en herbes et fleurs aromatiques. Basilic, corne de cerf, mizuna, moutarde ou cresson, les espèces ne manquent pas pour parfumer les assiettes. "Notre grosse force, c'est que l'on vend de l'extra-frais, estime Adrien Kopp. Les plantes sont coupées le matin et livrées dans la foulée." 

De nombreuses variétés de plantes et fleurs aromatiques sont vendues aux restaurants du coin. (Photo Boris Boutet)

Déterminés à séduire de plus en plus de restaurateurs, Adrien Kopp et Clarisse Dias ne se contentent pas de l'hydroponie. "On fait aussi un peu de culture au sol, toujours dans l'optique de produire du naturel et du haut de gamme, avancent-ils. Les professionnels apprécient nos produits mais certains préfèrent parfois se servir chez des grossistes pour regrouper leurs achats. Si l'on vend que des herbes et des tomates, ce n'est pas pratique pour eux et on se ferme des portes." 

Fraises, oignons, aubergines, pommes de terre, courgettes, carottes ou betteraves, les deux agriculteurs cherchent désormais à diversifier leur production. "Le problème c'est qu'en agriculture classique il faut respecter des périodes de jachère, précise Adrien Kopp. Avec l'hydroponie, on n'a pas ce souci." Loin d'être une lubie passagère, le coup de foudre du couple pour la culture hydroponique se confirme jour après jour. Et la qualité gustative de leurs produits pourrait bien faire des émules.

Boris Boutet

Boris Boutet

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