Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 13.09.2020 - corentin-migoule - 4 min  - vu 730 fois

ALÈS Laurent Brajon, coach du Rugby club cévenol : "Tout le monde est mort de faim"

Malgré l'annulation du match de reprise de son équipe, Laurent Brajon, coach du RCC, se veut optimiste pour le retour du club en Fédérale 3.
Laurent Brajon, l'entraîneur principal de l'équipe première du RCC. (Photo Richard Portes)

Né en 2014 d’une fusion entre le Rugby club alésien et le Rugby club monsois, le Rugby club cévenol s’apprêtait à retrouver la Fédérale 3 (cinquième échelon national) ce dimanche, avec la réception du Puy-en-Velay.

Un niveau qu’il n’a plus connu depuis une éternité, 2007 plus exactement, à une heure où le club ne se nommait pas encore le RCC. Mais en raison de plusieurs cas de coronavirus détectés au sein de la formation auvergnate, le match a été reporté. À l’occasion d’un entretien téléphonique, l’entraîneur de l’équipe première cévenole, Laurent Brajon, joue franc-jeu et annonce ses ambitions à l’aube d’une nouvelle saison.

Objectif Gard : Près de 6 mois après le dernier match officiel, on imagine la déception de voir ce match d’ouverture reporté…

Laurent Brajon : On a appris ça par un mail de la fédération. Ce qui est drôle c’est qu’on jouera ce match aller face au Puy-en-Velay (13 février) après le match retour qui aura lieu le 20 décembre. Je pense qu’il faut s’attendre à une saison un peu biscornue (rires).

Vous avez fait le choix de reprendre l’entraînement relativement tard. Où le groupe se situe-t-il en terme de préparation ?

On avait pris le parti de reprendre plutôt tard. Chaque saison, j’opère ce choix car le rugby reste assez contraignant. Nous ne sommes pas professionnels, le rythme va être soutenu jusqu’à Noël avec au minimum 3 matchs par mois. Je pars du principe qu’il vaut mieux que les joueurs soient frais sur le plan psychologique. Je connais d’autres clubs qui ont choisi de reprendre le 24 juin. Je me demande comment c’est possible car je sais très bien qu’avant le 15 août, c’est quasiment impossible d’avoir l’effectif total pour travailler le collectif.

Le risque n’est donc pas exclu de laisser des points en route lors du début du championnat ?

Nous avons repris le 5 août. Je sais qu’on va manquer d’automatismes en début de saison. Mais je préfère ça que de créer une forme de lassitude chez mes joueurs à partir de novembre/décembre.

À priori, la première étape aura lieu samedi prochain (le 19) avec un déplacement à Palavas. Ce n’est pas une mince affaire…

Chaque équipe se renforce ou perd des éléments durant l’intersaison donc c’est difficile de faire des pronostics, mais en étant Narbonnais je connais bien les clubs du coin et je pense que Palavas fera partie des grosses armadas de la poule avec Servian. Dans mon tableau de marche, à priori je me dis que de Palavas on reviendra sans point. On y va pour essayer de gagner, bien entendu, mais si la logique est respectée, ils sont largement supérieurs à nous. On fera tout pour les accrocher au match retour, chez nous.

Cela signifie qu’il y a un vrai impact de jouer à domicile au rugby, y compris à ce niveau ?

Ah oui clairement. Alors est-ce que c’est surtout dans les têtes ? Je ne sais pas mais les matchs ne sont pas du tout abordés de la même façon par l’ensemble des clubs. Et c’est peut-être encore plus vrai à ce niveau là qu’à haut niveau. Ce n’est pas forcément lié au public mais peut-être plus aux repères que tu as sur ton propre terrain ou le fait de ne pas avoir eu à faire le trajet le matin. Mais depuis l’âge de 6 ans je joue au rugby et perdre à la maison c’est interdit, c’est un leitmotiv.

Le maintien vous apporterait-il pleinement satisfaction ou envisagez-vous d’aller voir un peu plus haut dans le classement ?

Bien évidemment que le but premier est le maintien. Mais je pense honnêtement qu’on a un effectif qui peut exister en Fédérale 3. Rapidement, il y aura deux ou trois équipes qui seront détachées vers le bas du classement. Notre objectif, c’est de ne pas faire partie de ces équipes. J’aimerais qu’on vise entre la cinquième et la neuvième place (sur 12, ndlr).

Quel a été l’impact de la pandémie sur les finances du club, et donc, par conséquent, sur vos possibilités de recrutement ?

D’habitude, lorsqu’on monte d’une division, les joueurs sont un peu plus gourmands en matière de salaires, ou du moins de primes. Mais au vu du contexte, tout le monde a compris que le club ne pouvait pas assumer sans se mettre en péril. Les grosses rentrées financières habituelles dépendent en grande partie de la feria d’Alès qui a été annulée et du gros tournoi des Cévennes organisé par le club en avril, qui n’a pas eu lieu non plus. Donc ces éléments font que le budget est bien plus restreint que ce qu’on aurait pu espérer en montant et donc automatiquement on n'a pas pu recruter beaucoup de joueurs. Mais de toute façon, ce n’était pas l’objectif. Moi j’estime que les joueurs qui ont obtenu la montée l’an dernier méritent d’avoir une chance à l’échelon supérieur. Je suis assez content du mercato qu’on a pu faire. Les dirigeants m’avaient autorisé cinq recrues et je suis resté dans les clous. On a vraiment ciblé des postes où nous avions des manques, notamment en recrutant quatre trois-quarts, car c’est un secteur de jeu où quantitativement nous étions limités.

Plusieurs matchs sont annulés ou reportés. Le rugby est un sport de contact par essence. Sentez-vous une crainte chez vos joueurs ?

Des contraintes plus que des craintes. À chaque entraînement, tous les joueurs doivent signer un papier pour signifier qu’ils n’ont aucun symptôme. Je dois tenir un registre des présences. Nous n’avons pas le droit aux vestiaires ni aux douches. Lors des matchs, l’entraîneur et les remplaçants devront porter un masque. Mais une fois que l’on est sur la pelouse, il n’y a rien qui change par rapport à d’habitude.

L’impatience de retrouver la compétition est donc immense ?

Complètement. C’est flagrant, chez nous comme chez les joueurs. D’ailleurs à l’entraînement, on a repris les exercices de plaquages bien plus tard que d’habitude. Car sur les premières séances, je sentais que tout le monde était mort de faim et qu’il y aurait pu y avoir de la casse en cas de contact (rires) !

Propos recueillis par Corentin Migoule

Corentin Migoule

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