Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 13.09.2020 - boris-de-la-cruz - 3 min  - vu 1797 fois

AU PALAIS "Vous êtes enquêteur et vous ne respectez pas les décisions de justice !"

Palais de justice de Nîmes. photo illustration

Le procureur de la république ne s'opposait pas à la détention provisoire de cet enquêteur expérimenté qui n'a pas respecté un contrôle judiciaire qui lui était appliqué depuis avril dernier.

Parfois les dossiers les plus anodins prennent des proportions démesurées. C'est le cas pour l'affaire qui a été jugé au tribunal correctionnel de Nîmes en milieu de semaine. Un homme, âgé de 53 ans, un enquêteur gardois avec 31 ans d'ancienneté, se retrouvait à la barre de la juridiction répressive pour "violence suivie d'incapacité n'excédant pas 8 jours par une personne étant ou ayant été conjoint, concubin ou partenaire lié à la victime par un pacte civil de solidarité". Des faits de violences conjugales qui datent d'avril dernier et qui ont obligé cet homme à abandonner sa carrière selon ses dires devant les magistrats.

Une infraction supposée qui a valu au quinquagénaire d'être placé voilà cinq mois, d'abord en garde à vue, puis sous contrôle judiciaire en attendant son procès. Depuis il lui était interdit formellement de s'approcher de sa concubine. Mais lorsque la présidente du tribunal correctionnel Marie-Lucie Godard lui pose une première question, il s'enferme directement dans le piège en expliquant qu'il a bien revu madame alors que la justice le lui interdisait:

" Quoi, mais je rêve, vous êtes enquêteur et vous ne respectez pas les décisions de justice, mais vous risquez la prison et d'ailleurs je pose cette question de votre détention provisoire aux débats", tacle immédiatement la magistrate. D'autant que la victime entre les faits supposés et l'audience de cette semaine, a une nouvelle fois alerté une association d'aide aux victimes durant l'été pour évoquer " sa détresse psychologique suite aux agissements et elle a dénoncé des faits de harcèlement de la part de monsieur", souligne l'avocat de la partie civile qui dégaine comme preuve de sa plaidoirie une centaine de pages de saisies de SMS prouvant les dires de sa cliente. "Avant-hier encore, il était en bas de chez moi, sous mes fenêtres", ajoute la mère de famille

À la barre de la juridiction, la situation tangue pour le prévenu qui coupe même la magistrate. Cette dernière réplique sèchement. "Ici c'est moi qui dirige les débats et qui donne la parole. Votre problème monsieur c'est que vous voulez toujours commander", glisse la présidente qui ordonne sur le champ la saisie du portable de monsieur, mais aussi celui de la victime afin de les faire expertiser dans le cadre d'un supplément d'information. Une enquête qui va être approfondie avec de nouveaux témoins qui vont être entendus pour un dossier qui sera jugé sur le fond dans quelques mois, en attendant justement les conclusions des nouvelles investigations demandées par la présidente du correctionnel.

Reste à connaître la décision du tribunal sur l'avenir judiciaire de monsieur d'ici là. " Le prévenu connaît plus que les autres ce que veut dire un contrôle judiciaire et il ne l'a pas respecté. Ce n'est pas moi qui vais vous blâmer si vous l'envoyez en prison et je ne m'oppose pas à son placement en détention provisoire, estime dans ses réquisitions le procureur adjoint Stéphane Bertrand. Mais vous pouvez aussi le placer sous surveillance électronique afin de le fliquer en permanence, nuance le magistrat du parquet de Nîmes. Monsieur a effectué un chantage affectif pour s'en servir ensuite devant le tribunal", complète-t-il.

Le tribunal après avoir mis la question de la détention provisoire de cet homme dans le débat judiciaire a décidé de la placer sous un contrôle judiciaire strict avec une assignation à résidence et un bracelet électronique.

Boris De la Cruz

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