LA VERNARÈDE Le mobilier de l’église s’est fait la malle

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Croyant bien faire, la mairie a cédé des confessionnaux et autres bénitiers de son église vétuste à une fraternité affirmant vouloir redonner vie à une paroisse. Mais l'édifice n'étant pas désacralisé, le diocèse en a encore la charge, mais n'a pas été consulté sur le dossier...
Au départ, c’était une bonne intention, et puis cela termine en imbroglio qui n’arrange personne. Depuis 2018, l’église de La Vernarède, village à dix minutes au sud de Chamborigaud, n’est plus utilisée du fait de sa vétusté, et est même « vouée à être détruite », comme le concède le maire Christian Miaille.
"L’affectation culturelle d’édifices demeure tant que l’autorité compétente n’a pas prononcé la désaffectation"
Mais elle contenait toujours des biens et des mobiliers à préserver, « qu’il serait dommage de voir finir sous les gravats ». Alors, quand la Fraternité Saint-Pie X s’est rapprochée de la mairie, par l’intermédiaire du comité de sauvegarde de l’église, en indiquant souhaiter récupérer ce mobilier pour redonner vie à une paroisse brulée, la mairie et son conseil municipal se sont réunis et ont accepté cette demande.
Seulement, bien qu’elle soit propriété de la commune, elle n’est pas désacralisée, donc « l’église et son mobilier sont toujours affectés au culte selon les dispositions de la loi du 9 décembre 1905 », comme le rappelle le diocèse de Nîmes. Ce texte indique que « l’affectation culturelle d’édifices appartenant au domaine public est permanente, indivisible, perpétuelle et exclusive. Elle demeure tant que l’autorité compétente n’a pas prononcé la désaffectation ; elle concerne à la fois les édifices et le mobilier. »
"Si on avait su, on aurait fait différemment"
La municipalité aurait donc dû contacter le diocèse pour avoir son autorisation... Une situation qui met dans l’embarras le maire de la commune cévenole. « Je le regrette au plus haut point, je pensais que ça allait dans le bon sens. Pour conserver, on peut faire profiter les autres, déplore-t-il. Nous avons fait une erreur, c'est tout, on n’était pas au courant des lois. Si on avait su, on aurait fait différemment. »
Statues, bénitiers, confessionnaux ont aussi été récupérés par la fraternité, ce samedi 5 juillet, sans l’aval du diocèse, qui « regrette cette précipitation et cette absence de concertation, tant de la part des autorités municipales que du groupe qui a enlevé ce mobilier. » Pour Christian Miaille, « la solution serait qu’ils ramènent le tout, c'est ce que j’espère ».
Une enquête pour « vol, dégradations et abus de confiance » a été ouverte par le Parquet d’Alès.