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Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 01.03.2021 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 856 fois

LE 7H50 de l'élu Nîmois Bernard Angelras : « Sur mes dossiers, je suis un vrai pitbull ! »  

Bernard Angelras, adjoint à la ville de Nîmes et vice-président à Nîmes métropole (Photo : Coralie Mollaret)

Élu de la ville de Nîmes, Bernard Angelras est devenu le « M. Propre » de l’Agglomération, chargé du Ramassage et du traitement des déchets. Déchets de plus en plus nombreux et coûteux...

Objectif Gard : Comment êtes-vous entré en politique ?

Bernard Angelras : Je me définis d'abord comme un paysan ! En 2014, Jean-Paul Fournier m’a contacté pour intégrer sa liste. Une fois élu, je me suis occupé de la commande publique et de la propreté. Lors de sa réélection en 2020, j’ai conservé les mêmes dossiers à la mairie et je me suis retrouvé en charge du pôle environnement à l’Agglo. Je ne suis pas adhérent Les Républicains, mais très sympathisant. Je connais bien Christian Jacob, le patron du parti, avec qui je militais au syndicat des Jeunes agriculteurs.

Aujourd'hui, vous êtes devenu le M. Déchets de Nîmes métropole. Comment vous portez-vous ce nouveau costume ?

Très bien. L’écologie n’appartient ni à la Droite, ni à la Gauche. Cela fait 30 ans que je travaille pour l’environnement. Je fais même de la confusion sexuelle avec les papillons pour éviter qu'ils ne pondent sur les vignes ! Ça permet de ne pas utiliser de pesticide. 

Vous n’avez pas pu présider le Sitom Sud Gard (Syndicat intercommunal de collecte et de traitement des ordures ménagères). Un regret ?

Le siège (qui comprend l'incinérateur) est installé à un kilomètre de ma propriété. On aurait pu me soupçonner de conflit d’intérêt… En 2001, j’étais opposé à l’implantation de cet incinérateur. J’ai même attaqué le préfet pour mise en danger de la vie d’autrui. Contre l’État, on perd toujours même si à l'époque, mon avocat était le médiatique Gilbert Collard.

Cette année, Nîmes métropole envisage une hausse de la Teom (Taxe sur l’enlèvement des ordures ménagères) 3,1 M€. À quoi sert cet impôt ? 

La Teom est la principale recette pour financer le budget "déchets" de Nîmes métropole. Il comprend la prévention des déchets, la collecte dans les déchetteries et autres points d’apports volontaires. Un partie est aussi versée au Sitom pour le traitement et le tri des déchets. En 2019, ce budget était de 39,5 M€ avec des recettes fiscales correspondant à 37 M€ et un déficit de 2,5 M€. 

Si aujourd'hui il y a déficit, c'est parce qu'il y a eu une baisse de la Teom. Une baisse pour faire disparaître les excédents d'une taxe surévaluée qui servait à nettoyer les rues de la ville de Nîmes. C'était d'ailleurs votre délégation !

Oui, bon… Cet accord avait été trouvé lors du transfert de compétence, en 2011. Aujourd'hui, nous sommes obligés d’augmenter le taux de taxe pour équilibrer le budget. Par ailleurs, nous sommes obligés d’avoir un fonds de roulement de 3,5 M€ pour éliminer les déchets en cas d’inondation ou de tempête.

Est-il vrai que nos déchets sont de plus en plus coûteux ? 

Oh oui, ils ne sont ! Chaque année, les habitants de Nîmes métropole produisent 150 000 tonnes de déchets. Les coûts de traitement en hausse de 10%. Il y a notamment la hausse de la TGAP, la taxe sur les produits polluants. Le taux est passé en 2020 de 3€ à 8€ pour une tonne incinérée. Chaque année, 74 000 tonnes sont incinérés au Sitom. Idem pour l’enfouissement où la taxe va passer de 25€ à 37€. Ces hausses se poursuivront jusqu’en 2025. 

Le Gard est un département touristique où la population augmente chaque année. Aujourd’hui, notre incinérateur est presque plein. Pourquoi ne pas créer un deuxième four dans cet incinérateur ? 

Construire un deuxième four (d’une capacité de 40 000 tonnes, ndlr) ne répond pas dans l’immédiat à la situation. Il faut au minimum 7 ans pour en construire un. Et puis, le conseil régional n’est pas favorable à cette création. Il va falloir trouver d’autres solutions. Nous avons plusieurs pistes. Sachez bien que sur mes dossiers, je suis un vrai pitbull !

Quelles solutions avez-vous ?

Nous travaillons à l'élaboration d'un plan de prévention. Aujourd’hui, plus de 30% des volumes incinérés pourraient aller ailleurs. Chaque année, un habitant produit 589 kg de déchets, dont 286 kg d'ordures ménagères. Déjà, on peut réduire les déchets fermentescibles (restes de repas, épluchures...). Cela correspond à 26% de nos ordures ménagères, soit 75 kg. Nous allons lancer une grande campagne de communication, en faisant participer les habitants. 

Votre campagne permettra-t-elle aux habitants d'utiliser des composteurs, par exemple ?

On délivre 600 composteurs par an (d’un coût de 20€) et on fait des formations. Il faut accentuer la tendance, en coopération avec les communes. Nous réfléchissons à mettre en place d'autres composteurs collectifs dans les villages. Il est évident que la politique de traitement des déchets n'est pas la même à Nîmes qu'à Domessargues !

Qu’en est-il des ressourceries, la récupération et revente de biens ?

Les nouvelles déchetteries comme Bouillargues et Caveirac en sont déjà dotées. On va essayer de le faire pour celle de Saint-Gilles, prévue en 2023 pour 2 M€. Il y a également une réflexion sur la déchetterie porte Sud, à Nîmes, avec les communes de Générac, Bernis et Milhaud. De manière globale, nous allons réviser le schéma des déchetteries. Le dernier date de 2016. 

Qu’en est-il de la renégociation des contrats pour le ramassage des déchets ?

En 2022, le marché de la collecte pour la ville de Nîmes est de nouveau lancé. Il est d’environ 10 M€. Il se répartit entre les entreprises Suez, Nicollin et Coved environnement. On est en train d’élaborer le cahier des charges. Nous avons lancé une étude pour connaître les nouveaux modes de collecte. En 2023, nous renégocierons le contrat pour l’exploitation du centre de tri Valréna puis, en 2024, celui du Sitom.

Dernier volet : la répression. Comment lutter contre les dépôts sauvages ?

C’est un sujet que j’ai pris à bras le corps. Nous travaillons avec les services de l’État et la justice pour utiliser la vidéo-verbalisation. Nous cherchons aussi à mettre en place des pièges photos sur les points noirs des dépôts sauvages. Précisons que la contravention est de catégorie 5, soit un montant initial de 2 500€ !

Propos recueillis par Coralie Mollaret

coralie.mollaret@objectifgard.com

Et aussi :

Une autre piste pour diminuer les déchets : Nîmes métropole réfléchit à l'acquisition de broyeurs pour augmenter la capacité des bennes des déchets verts et faire des économies dans les rotations. Un partenariat est en train d'être monté avec l’ADEME (Agence de la transition écologique) pour inciter les communes à en acquérir.

 

Coralie Mollaret

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