Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 05.03.2021 - stephanie-marin - 3 min  - vu 1013 fois

FAIT DU JOUR Des boîtes aux lettres pour libérer la parole des enfants victimes de maltraitance

Charlotte Lebrun, psychologue et référente du Gard pour l'association Les Papillons. (Photo : Stéphanie Marin/Objectif Gard) - Romain CURA

Un des objectifs de l'association Les Papillons est d’installer des boîtes aux lettres en différents lieux privés ou publics pour libérer la parole des enfants en souffrance, victimes de maltraitances quelles qu’elles soient (physiques, psychologiques, harcèlement scolaire, cyberharcèlement, abus sexuels).

Selon les chiffres de Santé publique France, 50 000 plaintes sont déposées chaque année à la suite de violences physiques commises sur des enfants. 20 000 supplémentaires pour des violences sexuelles. S'y ajoutent les violences verbales, psychologiques et le harcèlement scolaire. Des chiffres qu'il faut prendre avec des pincettes car les silences sont nombreux.

La honte et la peur peuvent être à l'origine de ces non-dits. "Et puis certains enfants n'ont pas conscience qu'ils sont des victimes, notamment en ce qui concerne les violences intra-familiales. Ils ne connaissent que ça", souligne Charlotte Lebrun, 32 ans, psychologue à Nîmes. Le premier travail alors est d'expliquer à ce jeune public ce qu'est une violence. Entre autres acteurs institutionnels, des associations partout en France se sont emparées de cette mission parmi d'autres toujours tournées vers la protection de l'enfance.

Parmi elles, Les Papillons créée en 2019 dans les Pyrénées-Orientales par Laurent Boyet, capitaine de police et sa femme Sandrine. "Libérer la parole des enfants victimes de maltraitances, quelles qu'elles soient, le plus tôt possible", tel est le leitmotiv de ce collectif.

"J'en avais marre de n'intervenir qu'après"

Et pour ce faire, l'association qui gagne du terrain sur le pays et même au-delà, a développé un dispositif innovant en installant des boîtes aux lettres en différents endroits fréquentés par le jeune public, les établissements scolaires en premier lieu, mais aussi dans des centres de loisirs, les maisons familiales rurales ou des clubs sportifs.

Le Gard en est pour l'heure dépourvu, Charlotte Lebrun milite pour que cela change. Au mois de janvier dernier, la psychologue décide d'être bénévole Les Papillons et devient la référente du département. Pourquoi ? "Je reçois des enfants victimes de maltraitance et j'en avais marre de n'intervenir qu'après. On peut agir avant, briser le silence, faire comprendre aux enfants ce qui est normal ou pas. On peut travailler avec les enseignants, avec les parents qui sont souvent dans la culpabilité et pas forcément dans la perversion", lâche-t-elle.

La boîte aux lettres dédiée aux enfants victimes de maltraitance. (Photo DR/)

La Nîmoise et les trois bénévoles qui l'ont récemment rejoint, élaborent actuellement une stratégie pour signer un maximum de conventions sur le territoire gardois. Cela passe d'abord par une prise de contact avec l'Inspection de l'Éducation nationale. Dans les écoles, comme ailleurs, les boîtes aux lettres seront installées dans des endroits isolés, "afin de permettre à l'enfant d'y déposer un dessin ou une lettre pour alerter de sa situation, sans qu'il ne se sente observé et peut-être jugé", précise Charlotte Lebrun.

La même de poursuivre : "Ces boîtes aux lettres ne sont pas posées comme ça du jour au lendemain. Je présente le dispositif aux équipes des lieux et aux enfants, adolescents, à l'aide de supports préparés par des juristes et des psychologues."

Un appel aux bénévoles

La référente du Gard de l'association Les Papillons recherche des bénévoles pour pouvoir assurer la collecte des courriers, deux fois par semaine, une fois que les boîtes aux lettres seront implantées aux quatre coins du département. Lettres et dessins collectés sont envoyés au président de l'association, Laurent Boyet, en charge du diagnostic de la gravité des situations.

Les plus alarmantes sont signalées à la cellule départementale de recueil de traitement et d'évaluation, les autres font l'objet d'une mise en place de mesures éducatives. Charlotte Lebrun insiste : "L'objectif est de mettre les enfants en lumière en tant que victime et d'aider les adultes dans le soutien à la parentalité." Des sujets d'autant plus importants en cette période si particulière pendant laquelle le 119 (*) et les psychologues sont sur-sollicités. Pour contacter Charlotte Lebrun : lespapillonsdugard@gmail.com ou au 06.62.73.81.51.

Stéphanie Marin

* Le numéro d'appel 119 "Allô Enfance en danger" est gratuit et anonyme.

Stéphanie Marin

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