
Paris, Strasbourg, Montpellier, Toulouse, Nîmes... et maintenant Alès ! La fronde des intermittents du spectacle, qui occupent une cinquantaine de théâtres à travers toute la France pour réclamer notamment la réouverture des lieux de culture, mais aussi la prolongation de l'"année blanche" que le Gouvernement leur a accordée à titre exceptionnel, vient en effet de gagner la capitale cévenole ce mardi.
En fin de matinée, une trentaine de personnes ont symboliquement pris possession du Pôle emploi Alès-Gardon avant d'être rapidement délogées par la police. Alors, les contestataires ont rebroussé chemin vers le centre-ville, investissant le parvis du Cratère, "une scène nationale labellisée par l'État, ce qui est tout aussi symbolique", en début d'après-midi.
La défense des "intermittents de l'emploi"
Sous les yeux médusés du directeur de l'établissement, Denis Lafaurie, qui a lui-même été invité à dire quelques mots rendus difficilement audibles en raison de bourrasques à répétition - malgré l'usage d'un mégaphone -, les prises de parole se sont succédé.
"Il ne s'agit pas de défendre uniquement les intermittents du spectacle, mais bel et bien tous les intermittents de l'emploi", a par ailleurs précisé le dernier nommé qui, à l'image de l'ensemble des membres du collectif n'ayant "pas encore de nom officiel", refuse d'entendre parler de la réforme de l'assurance chômage qui doit entrer en vigueur le 1er juillet 2021.
"On restera aussi longtemps qu'il faudra"
Une réforme qui "impacterait particulièrement les chômeurs avec de faibles indemnités", a fait remarquer une membre de l'assistance, souhaitant elle aussi préserver son anonymat. Si elle n'est pas présidente de ce collectif d'intermittents et de précaires puisque ce dernier "n'a pas besoin d'avoir une organisation pyramidale traditionnelle pour être légitime", cette dernière est malgré tout chargée des relations avec la presse.
C'est elle qui a annoncé l'issue des négociations menées par le collectif auprès de Denis Lafaurie quant à l'occupation du Cratère, votée à l'unanimité et à main levée par les manifestants quelques heures plus tôt. "On lui a un peu forcé la main mais il s'est montré compréhensif", reconnaît la jeune femme. Ainsi ce soir, une dizaine de membres se sont organisés pour passer la nuit dans l'enceinte de ce haut lieu de la culture alésienne qui n'a plus accueilli le moindre spectacle depuis des mois. "On restera aussi longtemps qu'il faudra pour obtenir satisfaction", promet la "chargée des relations presse".
Corentin Migoule