EXPRESSO Présidence de Rhôny Vistre Vidourle : des incertitudes en cascade

Lors du conseil communautaire en mars pour le débat d'orientation budgétaire
- Coralie MollaretDépart de plusieurs maires, relations parfois complexes entre élus et nouveau rapport de force au sein de l'intercommunalité… Bien malin celui qui prédira, aujourd’hui l’identité, du prochain président de Rhôny Vistre Vidourle.
Un vent de changement va-t-il souffler sur Rhôny Vistre Vidourle ? Une intercommunalité de 280 agents, composée de 10 communes, avec un budget 2025 de 26 M€ en fonctionnement et 12 M€ en investissement. Autre particularité : cette structure n'a jamais été présidée par le maire de la plus grande commune, Vergèze, malgré leurs multiples tentatives... Jusqu’au 31 août, les mairies sont invitées à voter la nouvelle composition du conseil communautaire. Le nombre de sièges évolue, en fonction de l’évolution démographique. Les gagnants : Vergèze qui récupère un siège supplémentaire, comme le village de Nages-et-Solorgues. A contrario, Aigues-Vives et Codognan perdent chacune un élu.
Quid des municipales 2026 ?
En fin de mandat, cette nouvelle répartition interroge. Qui sera le ou la futur(e) président(e) ? En coulisse, les tractations ont démarré. Depuis 2020, l’exécutif est détenu par le maire LR de Codognan, Philippe Gras. Soutenu par la deuxième grosse commune de l'interco, Uchaud, l’avocat l’a emporté d’une voix face à deux candidats : la maire de Vergèze, Pascale Fortunat-Deschamps, et son homologue d’Aigues-Vives, Jacky Rey. Pour l’heure, Philippe Gras laisse planer le doute sur sa candidature… La fin des travaux de la digue, qui n'interviendra qu'au prochain mandat, lui tient à cœur. Mais le sortant, est-il en capacité de conserver son poste ?
Plusieurs facteurs viennent troubler le prochain scrutin communautaire. D’abord, le visage de Rhony Vistre Vidourle va changer. Sur les 10 communes, quatre sortants ont annoncé ne pas se représenter. Trois sont du côté de Philippe Gras : Vestric, Gallargues et Boissières. L’élection de l'exécutif dépendra donc des nouveaux maires. Seront-ils dans la continuité de leur prédécesseur ? Par exemple, si Laurence Barduca-Fauquet est élue à Gallargues, votera-t-elle pour Philippe Gras ou se rangera-t-elle aux côtés de sa collègue du Département, Pascale Fortunat-Deschamps ?
« Certains tenteront d’influencer les scrutins municipaux pour faire élire un membre de leur camp… », commente un autre élu, rompu à la politique. Et d’attirer l’attention sur un autre enjeu : « le poids des oppositions municipales au sein du conseil communautaire qui pèsera sur l'élection de la présidence. À Codognan, si l'opposant Thomas Lesselingue fait un bon score, il ne votera pas pour Philippe Gras ! D'autant qu'il est aussi le suppléant de Pascale Fortunat-Deschamps au Département ! » De même que les soutiens de Philippe Gras en 2020, comme le maire d'Uchaud, le seront-ils en 2026 ? Rien n'est certain...
Les hauts et les bas du bilan
Interrogés sur le bilan de l’interco, les maires sont plutôt satisfaits de l’action conduite. « Dans l’hypothèse où je me représente, nous avons un bon bilan. Avec les élus, nous avons réalisé beaucoup d’équipements répartis sur l’ensemble du territoire : les restaurants scolaires à Nages, Boissières, Codognan, ou encore des extensions de crèche. Il y a aussi des projets structurants comme la création du pôle multimodal de Vergèze », assume Philippe Gras. Ce dernier s’est « adapté à la réalité du territoire », commente le maire de Nages, notamment sur la nécessité d’agrandir les cantines scolaires à la place du projet de cuisine centrale.
Là où Philippe Gras aurait quelques difficultés, ce serait sur son « relationnel » : « Selon qui il a en face de lui, il compose plus ou moins. Avec la maire de Vergèze, seule femme du conseil communautaire, ce n’est pas le grand amour », poursuit un maire. Et de citer l'exemple d'une voie de desserte à Vergèze qui a querellé les deux élus. « Une solution a été trouvée. On a programmé une voie de desserte qui longera la digue, du rond-point de l’Escargot jusqu’au pôle d’échange. Ça ne pourra se faire qu’en 2028 », répond Philippe Gras, cherchant l’efficacité.
Un autre dossier est resté en travers de la gorge de plusieurs maires : une aide en faveur de la commune d’Aubais, après avoir découvert du plomb dans l’eau. « On a l’impression qu’en raison de sa proximité avec Philippe Gras, il fallait l’aider… La communauté de communes a déjà payé des études et fourni des bouteilles d’eau pour la cantine scolaire. Ça fait plus de 50 000 € ! », se souvient un élu. Pour Philippe Gras, ce dossier n’a guère d’importance : « La délibération a été rejetée. Fin du débat. On passe à autre chose. »
Le projet, rien que le projet ?
Quelle sera cette « autre chose » ? À l'approche du nouveau scrutin, les maires évoquent déjà quelques priorités. À la lutte contre les inondations et l'avènement de la zone d'activité Cap Gallargues s’ajoutent les centres de loisirs, insuffisants, ou la mise en place de fonds de concours, que portait l’ex-candidat Jacky Rey. Qui sera aux manettes pour mettre en musique cette nouvelle politique ? Qui accompagnera également le président en siégeant dans divers organismes liés à l'intercommunalité, comme le Syndicat du Moyen Rhony. Pour la petite histoire, en 2020, malgré là aussi le fait que Vergèze soit la plus grande commune, la présidence est revenue à Alain Soubeiran, un adjoint de Codognan... Comme quoi, une élection en cache une autre.