Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 25.03.2021 - norman-jardin - 5 min  - vu 2267 fois

NÎMES OLYMPIQUE Il y a 70 ans, la première fois au sommet

Le 25 mars 1951, alors que les Crocodiles font leurs débuts dans l’élite du football français, ils se retrouvent pour le première fois en tête de la D1.

En s'imposant au Havre le 25 mars, les Nîmois prennent la tête de la D1 pour le première fois. Extrait du France Football du 27 mars 1951. (archives privées NJ)

Après un exercice 1949-50 de toute beauté avec un titre de champion de D2 et une demi-finale de Coupe de France, les Gardois découvrent les bonheurs et les déceptions du plus haut niveau français. Le coup d’essai n’est pas loin de se transformer en coup de maître puisqu’à sept journées de la fin du championnat, les Crocodiles se retrouvent en tête de la D1. Et s’ils devenaient champions de France ?

En cet été 1950, l’objectif du Nîmes Olympique, annoncé par la presse locale, est de « se comporter de façon satisfaisante, à l’abri des surprises désagréables ». Aujourd’hui nous dirons, de façon moins élégante, « un maintien confortable ». Seule ombre au tableau, le départ de l’attaquant Edmond Haan, meilleur buteur de la D2 en titre, qui était prêté par Strasbourg et qui retourne en Alsace, Nîmes ne pouvant débourser les 5 millions de francs demandés par le RCS.

Une carte postale publicitaire du Nîmes Olympique 1950-51 (archives privées NJ)

500 000 francs (40 000€) la prime de champion de France

Pour le remplacer, les dirigeants nîmois engagent l’international néerlandais Joek Brandes. Au rayon des arrivées, on trouve aussi le défenseur Cannois Albert Fornetti et à partir du mois de septembre le Sétois Joseph Ujlaki (un temps annoncé à Palerme). Quant à l’entraîneur Pierre Pibarot, il renouvelle son contrat pour une saison avec un salaire de 40 000 francs (1 200€) et une prime en cas de titre de champion de France de 500 000 francs (15 000€). On ne sait jamais.

Dakowski, Golinski et les Nîmois s'imposent à Rennes 2-1. (archives privée Matthieu Lecharpentier)

9-0 face aux Cheminots nîmois, 15-0 contre Villeneuve-lez-Avignon

La préparation de cette saison débute à l’occasion de la fête votive de Marguerittes lors d’un match contre le CS Cheminot Nîmois et une promenade des Crocodiles 9-0, théâtre de la présentation des recrues. Puis une victoire 15-0 à Villeneuve-lez-Avignon. Pendant ces tours de chauffe, le stade Jean-Bouin est en travaux et les entrepreneurs de travaux publics sont priés de faire don de leurs gravats pour la construction d’une tribune en béton.

Extrait du Miroir sprint du 16 octobre 1950 (archives privées NJ)

L'OM humilié 5-1 au vélodrome

Ce sont ensuite l’AS Cannes (6-0), ADO La Haye (7-1) et Marseille (5-1 au Vélodrome) qui sont passés à la moulinette. Mais après les sparring partner, il faut passer aux choses sérieuses et le moment des premiers revers arrive. Le 27 août, le NO joue et perd 2-1 son premier match en D1 à Strasbourg. L’histoire retiendra que le premier but encaissé par Nîmes dans l’élite est l’œuvre de Edmond Haan, le joueur que les dirigeants gardois n’ont pu retenir. Le 3 septembre c’est le premier match à Jean-Bouin (2-2 contre Bordeaux, champion en titre), le 10 septembre, la première victoire (3-0 face à Nancy) et le 29 octobre le premier succès à l’extérieur (à Rennes 2-1).

L'équipe nîmoise qui a pris la tête de la D1. extrait publié dans France Football le 27 mars 1951 (archives privées NJ)

La prise de pouvoir historique au Havre

En ce début d’année 1951 et malgré la blessure du gardien de but Stéphane Dakowski, les joueurs de Pierre Pibarot engrangent 11 points sur 12 possibles et il se retrouvent deuxième de D1. La prochaine rencontre doit se jouer au Havre, chez le leader. Le 25 mars 1951, les deux promus se retrouvent pour le choc de la 27e journée. La France se passionne pour ce duel nord/sud entre deux équipes que personne n’attendait. Mais le match ne se présente pas dans les meilleures conditions pour les Gardois. Une grève des chemins de fer oblige les Nîmois à rejoindre la Seine-Maritime en voiture particulière et Ujlaki doit déclarer forfait à cause d'une blessure.

La classement de la D1 après la victoire de Nîmes au Havre. extrait publié dans France Football le 27 mars 1951 (archives privées NJ)

« J’ai appris à ne pas être trop optimiste ! »

Il en faut toutefois plus pour décourager cette équipe. Ils sont 13 136 dans le stade de la Cavée verte à assister à la démonstration gardoise. Timmermans (3e), Rossignol (26e) et Rouvière (53e et 73e) parachèvent le triomphe nîmois sur le succès de 4-2. Les Normands fatigués par un match de Coupe de France n’ont pas tenu la distance et les Crocodiles frappent un grand coup sur la D1. À l’issue du match, le classement de la D1 est le suivant : 1e Nîmes 33 pts, 2e Le Havre 32 pts, 3e Nice 32 pts, 4e Saint-Etienne 32 pts et 5e Reims 31 pts (voir ci-dessus). C’est très serré, mais il ne reste que sept journées à disputer et les Nîmois sont au meilleur de leur forme. Dans le Miroir-Sprint du 2 avril 1951, le président Jean Chiariny préfère rester prudent : « J’ai appris à ne pas être trop optimiste ! »

Extrait du Miroir-Sprint du 2 avril 1951 (archives privées NJ)

L'enfer du Nord

Lors du match suivant, les joueurs de Pierre Pibarot conservent leur première place avec une victoire sur Rennes (3-0). Mieux encore, Le Havre et Saint-Étienne ont perdu. Le NO a un point d’avance sur Nice et deux sur Reims. Leader surprise, Nîmes devient (avec Nice) un favori pour le titre. Malheureusement Golinski se claque à l’entraînement et la machine gardoise s’enraye lors de la 30e journée avec une défaite à Lens (4-2). Comme de son côté Nice à chuté à Sète 2-1 et que Reims a été tenu en échec au Racing 0-0, l’avertissement est sans frais pour les Nîmois qui restent premiers.

Extrait du Miroir-Sprint du 2 avril 1951 (archives privées NJ)

« Ne pouvant être hors-jeu, je n’ai pas hésité à me précipiter et à shooter »

Mais cette année-là, le Nord c’est l’enfer pour les Rouge et Blanc qui doivent enchaîner par un autre déplacement périlleux, à Lille cette fois. Le LOSC est revenu dans la course au titre. Malgré le retour de Dakowski après trois mois d’absence, le NO s’incline 1-0. Les Nîmois contestent et notamment Marcel Rouvière à qui l’arbitre refuse un but pour une position de hors-jeu. « Je puis affirmer qu’après la passe de Rossignol, Dubreucq a touché la balle et ne pouvant être à ce moment là hors-jeu, je n’ai pas hésité à me précipiter et à shooter » fulmine l’attaquant. Deux succès contre Sète (1-0) et le Red-Star (6-2) relancent tout de même les Nîmois et à deux journées du terme de la saison les Gardois possèdent deux points d’avance sur Nice et Lille et trois sur Reims.

L'équipe nîmoise de la saison 1950-51. Debout : Firoud, Rossignol, Fornetti, Golinski, Barthes et Dakowski. Accroupis : Ujlaki, Lafont, Rouvière, Brandes et Timmermans. (archives NJ)

Balle de match à Nice

Le match du titre a lieu le 20 mai 1951 à Nice pour l’avant-dernière journée. Sur la Côte d’Azur, les Aiglons se montrent meilleurs et si Nîmes résiste pendant plus d’une heure, il finit par s’incliner 2-0. La chance est passée et le scénario catastrophe se dessine. Au matin de la dernière journée, Nice, Le Havre, Lille et Nîmes sont a égalité avec 39 points. Mais à cette époque les équipes sont départagées en divisant leur nombre de but marqué par le nombre de but encaissé. À ce petit jeu, les Crocodiles sont nettement perdants et les pronostiqueurs ne leurs donnent que 20% de chances d’être champion de France.

Découragés par l’arithmétique, et après avoir mené 3-0, les Nîmois sont tenus en échec par Sochaux 3-3 à Jean-Bouin. Le miracle n’a pas lieu d’autant que Nice a gagné au Stade Français (4-0) et Lille a battu l’ASSE (4-3). Finalement, les Crocodiles terminent cinquièmes puisque Le Havre et Reims les doublent aussi sur le fil. La première division a ses joies et ses peines, les Nîmois en ont fait l’expérience. Ils viennent de s’installer dans l’élite où ils participeront à 30 des 31 prochaines saisons. C’était il y a 70 ans, quand Nîmes tutoyait les sommets.

Norman Jardin

Réalisé avec la collaboration de Michel Piq.

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