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Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 16.05.2021 - thierry-allard - 3 min  - vu 624 fois

LAUDUN-L’ARDOISE Au Clos de Taman, les vignerons testent des solutions pour une vigne plus durable

Le vigneron Guillaume Compagnon fait partie des exploitants du Clos de Taman, à Laudun (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Les nichoirs et abris ont été fixés dans la haie bordant les vignes. (Archives Marie Meunier / Objectif Gard)

Une parcelle de 12 hectares de vigne, perchée à 190 mètres d’altitude, au pied du plateau de Lacau et du Camp de César, à Laudun-l’Ardoise : on connaît des laboratoires plus désagréables. 

Le Clos de Taman, c’est son nom, est un véritable centre d’innovations et d’expérimentations de la cave Maison Sinnae, basée à Laudun et à Chusclan, premier producteur en volume des côtes du Rhône. Une cave engagée dans une démarche pour une vigne plus durable, avec notamment une expansion du bio et des labels Haute valeur environnementale niveau 3, mais pas seulement. 

Car au Clos de Taman, neuf coopérateurs de la cave ont pour mission de cultiver la vigne en y menant des expérimentations. Attention : rien ici de bien chimique, et les vignerons ne sont pas en blouse blanche. « Depuis 2002 on y fait des tests de porte-greffes, de clones, des essais sur la densité de plantation ou encore le mode de taille », explique Guillaume Compagnon, 33 ans, qui s’occupe d’un hectare sur les 12 du Clos. 

Il a pu vite appréhender le côté expérimental de cette vigne en héritant de la seule parcelle plantée en cépage mourvèdre, alors que les onze autres sont en grenache et en syrah. Le mourvèdre ne s’est pas adapté à l’altitude et au terroir du Clos de Taman, et Guillaume Compagnon a dû l’arracher pour le remplacer par du grenache. 

Après cet épisode, Guillaume Compagnon a choisi de travailler sa parcelle en bio. Une tendance vers laquelle le vignoble dans son ensemble se dirige, en essayant de développer des alternatives aux traitements phytosanitaires. Une de ces alternatives est testée depuis le mois de mars sur le Clos de Taman : l’installation de nichoirs à mésanges et à chauve-souris en grand nombre (huit nichoirs de chaque par hectare). « Les nichoirs des chauve-souris ont été installés dans les arbres et en bordure de parcelle, et ceux des mésanges en bordure de parcelle et dans les vignes », précise Guillaume Compagnon.

Le but ? Se débarrasser du ver de la grappe, pondu par un papillon sur la baie du raisin. Le ver va rentrer dans le raisin pour s’en nourrir, et le faire pourrir. « Ça peut dévaster une récolte », souffle le vigneron, sachant que ce fléau est très présent par endroits sur le vignoble. Les vignerons comptent donc sur les mésanges et les chauve-souris pour manger les papillons avant qu’ils ne pondent, et ainsi préserver les raisins. « Le but est aussi d’avoir du recul sur la flavescence dorée, qui est aussi causée par un papillon, car il n’y a qu’un seul traitement qui existe en bio », ajoute Guillaume Compagnon. Sur le ver de la grappe, Maison Sinnae teste aussi la confusion sexuelle, avec la diffusion de phéromones pour désorienter les papillons mâles, sur une zone du vignoble plus impactée. 

Le Clos de Taman est donc l’endroit où les nouvelles pratiques sont testées, avant d’être éventuellement étendues au reste du vignoble. Dans le cas des nichoirs, Maison Sinnae a voulu frapper vite et fort en en installant 500 en tout sur le vignoble, tout en observant plus particulièrement le Clos de Taman. Il faudra trois ans pour quantifier les résultats de l’action. 

Par ailleurs, le Clos de Taman accueille des stations météo depuis le début d’année afin d’apporter une aide à la décision des vignerons et optimiser leurs interventions. Un travail autour des engrais organiques va aussi être prochainement mené sur les 12 hectares, « pour faire du suivi cultural et changer les pratiques, explique le vigneron. Le but est de prouver qu’on peut arriver à faire quelque chose de mieux sans faire n’importe quoi. » 

Du reste, c’est déjà le cas : le Clos de Taman produit aussi une très appréciée cuvée rouge en appellation Laudun, qui cette année est sans sulfites ajoutés. Quant à Guillaume Compagnon, il a aussi fort à faire avec le domaine familial du Boulas, qu’il a repris à son père, avec 150 hectares dont 20 en bio. Un autre terrain de jeu pour appliquer, à terme, les solutions innovantes qu’il contribue à développer au Clos de Taman. 

Thierry ALLARD

thierry.allard@objectifgard.com

Le Clos de Taman se visite via un sentier pédagogique d’interprétation accessible au grand public. Comptez une heure de promenade pour en faire le tour. 

Thierry Allard

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