Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 20.06.2021 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 2464 fois

UN JOUR, UN CANTON Sur Nîmes 4, les sortants Tibérino et Gardeur-Bancel en danger

Chaque jour à 11h30, la rédaction d’Objectif Gard décrypte la situation politique d’un des 23 cantons du Gard à l’approche des élections départementales.
Canton de Nîmes 4

Le canton de Nîmes 4 est habitué aux alternances. En 2001, l’adjoint nîmois Richard Tibérino est élu au Département. Six ans plus tard, l’union de la Gauche lui fait perdre son siège. Il se fait réélire en 2015 grâce aux dissidences de ses adversaires. À l’approche du scrutin du 20 juin, la Gauche part en rangs serrés, mettant de nouveau à mal l'édile Les Républicains

Au sud ouest de Nîmes, le canton 4 regroupe les quartiers populaires de Pissevin et Valdegour ainsi que les secteurs de Puech du Teil et Saint-Césaire. Comme pour les quartiers est, les règlements de comptes liés au trafic de drogues frappent le canton. La fusillade en début de soirée à la zup sud, l'an dernier, reste gravée dans les mémoires. Au titre de sa compétence sur la prévention de la délinquance, le Conseil départemental a son rôle à jouer dans la problématique sécuritaire. D'ailleurs en 2018, la collectivité a fermé le collège Diderot. Le but ? Permettre aux élèves d’étudier dans des établissements plus aisés comme Jean Rostand. Ce chantier en appelle un autre avec le collège Condorcet, lui aussi dépourvu de mixité. Aujourd'hui, quatre binômes se présentent aux élections, désireux de relever ces défis. 

L’histoire va-t-elle bégayer pour Tibérino et Gardeur-Bancel ?

Véronique Gardeur-Bancel et Richard Tibérino (Photo : droits réservés)

Historiquement à Gauche, l’élection de l’adjoint nîmois s’est toujours faite sur l’autel des divisions de la Gauche. Cette fois, la mouvance part de nouveau unie. Pour conserver son siège, Richard Tibérino met en avant son bilan. « Nous avons fait preuve de responsabilité pour ne pas bloquer le fonctionnement du Département en étant une opposition constructive. » Et d’assurer avoir « toujours fait part de notre mécontentement sur les subventions allouées à la CGT, sur l’aide aux mineurs étrangers ou la hausse de la taxe foncière ». Avec sa binôme Véronique Gardeur-Bancel, adjointe à l’éducation et infirmière de profession, ils pointent la situation du collège Condorcet à Pissevin « au bord de l’explosion » : « il faut reconstruire un collège à l’ouest de Nîmes ». Autre cheval de bataille, le financement des pompiers du Gard : « Il faut que le Département reprenne la main sur les investissements pour alléger l'énorme dette. » Quand au tissu associatif, Richard Tibérino promet : « on ne veut pas supprimer les subventions au monde associatif, sportif et culturel. Je sais bien que ça participe à la prévention de la délinquance. Quand nous avions dit ça en 2015, on était un peu néophyte ». Enfin, si l'édile parvient à conserver sa fonction, il sera candidat à la présidence du Département. 

Le binôme Séguy-El Hadi à l'assaut du canton

Avec l’union de la Gauche, ils ont une chance de déloger la Droite. « Ils », c’est le binôme composé de l’Insoumis François Séguy et de la socialiste Fatima El Hadi. Il y a encore quelques semaines, ces deux candidats ne se connaissaient pas. Pourtant, ils ont quelques points communes. François Séguy, 64 ans, est un chauffeur de bus à la retraite. Il a été élu d’opposition à la Ville de Nîmes de 2014 à 2020. Bien qu’en désaccord avec son parti aux dernières Municipales, l’Insoumis a refusé d’intégrer la liste des communistes par « fidélité » à la France insoumise. Fatima El Hadi, elle a 47 ans. Elle travaille dans le secteur du service à la personne. Militante socialiste, elle  a « fait toutes les campagnes électorales, même quand je n’étais pas forcément d’accord avec le candidat désigné. » Pour l'emporter, les candidats mettent en avant leurs personnalités « ancrées dans les réalités du territoire », désireux de « se rendre utile. » Concernant l'avenir du collège Condorcet, la « mixité scolaire peut aussi se faire en faisant venir des gens du centre ville dans les quartiers !  » En direction de la jeunesse, Fatima El Hadi propose « la création d'un Conseil départemental des jeunes. » Les élus précisent que « le canton ne regroupe pas uniquement les quartiers. N'oublions pas les secteurs comme Saint-Césaire, un petit village dans la ville. » Un petit village dans lequel, François Seguy a d'ailleurs bon nombre de souvenirs de jeunesse… 

Les inattendus Nora Makran et Jérôme Chadouli

Nora Makran et Jérôme Chadouli (photo : droits réservés)

C’est le ticket surprise du canton. Un ticket qui pourrait grappiller de précieuses voix à la Gauche comme à la Droite. Ancienne élue de la municipalité Fournier, la commerçante Nora Makran se lance dans la bataille départementale. Un temps proche des Républicains, la Nîmoise de 45 ans dit ne plus croire aux partis politiques. En revanche, « nous avons besoin d’un cadre pour faire changer les choses et les collectivités nous offrent ce cadre ». Nora Makran part avec son binôme Jérôme Chadouli, président de l’association ValJeunesse. « Nous ne sommes peut-être pas de grosses têtes d’affiche, mais nous avons toute la légitimité de nous présenter. Cette démarche est en cohérence avec ce que nous faisons déjà sur le quartier », commente Nora Makran. L’avenir des jeunes est l’une de leurs principales préoccupations : « Il n’y a pas assez d’aides pour eux ! L’été il y a à peine une dizaine de places pour permettre aux jeunes de sortir du quartier ! » Alors « en toute humilité mais avec la niaque », le binôme fait entendre sa voix dans l’espoir de « faire bouger les choses ». 

Le Rassemblement national en embuscade

Dany Dos Santos Paiva et Florence Dumas (Photo Anthony Maurin).

Aux élections de 2015 sur Nîmes 4, le Rassemblement national est arrivé en tête avec 30,8 % des voix (pour une participation à 46,69%). Quid du scrutin 2021 ? Le trafic de stupéfiants et son corollaire, les règlements de comptes, finira-t-il de convaincre les habitants excédés de voter à l’extrême-Droite ? C’est ce qu’espère le RN avec son binôme composé de Florence Dumas, 49 ans, exploitante agricole et de Dany Dos Santos Paiva, 25 ans, chargé de communication. Florence Dumas ne veut « plus avoir peur quand je sors de chez moi. J'ai peur pour mes enfants, je ne veux pas qu'on nous tire dessus. » Et à son binôme de promettre : « Nous serons sur le terrain et nous taperons du poing sur la table au Conseil départemental.»

Coralie Mollaret 

coralie.mollaret@objectifgard.com 

Coralie Mollaret

A la une

Voir Plus

A la une

Voir Plus

En direct

Voir Plus

Studio