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Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 18.06.2021 - abdel-samari - 6 min  - vu 843 fois

LE 7H50 Carole Delga : "Mon seul ennemi, c’est le Rassemblement national"

Photo DR Objectif Gard

Photo DR Objectif Gard

La présidente sortante de la Région Occitanie remet son titre en jeu dimanche prochain. Alors qu'elle a face à elle de nombreux candidats, y compris de son ancienne majorité, elle reste en position de force et pourrait s'imposer au second tour si l'on en croit les derniers sondages. À trois jours d'une élection déterminante, elle répond à nos questions.

Objectif Gard : Est-ce difficile d’être favorite d’un scrutin ?

Carole Delga : Pour l’instant, je suis la présidente sortante, avec un bilan que je pense sérieux et responsable. Lors d’une élection, il n’y a pas de favori. Ce ne sont pas les sondages qui font l’élection, mais le travail de terrain, la rencontre avec les habitants et aussi, me concernant, le travail accompli pendant 5 ans. J’ai bossé 70 heures par semaine pendant tout le mandat avec pour seule ambition d’être utile et de proposer des solutions concrètes et efficaces. C’est ça qui est important, pas le score présumé de dimanche soir.

Est-ce une chance d’avoir face à vous un Rassemblement national au second tour qui permettra d'encourager le fameux front républicain ?

Pensez-vous sérieusement que cela peut être une chance que mon principal rival soit l’extrême droite ? Je suis meurtrie de cette situation pour mon pays. Mon seul ennemi, c’est le Rassemblement national. Ennemi parce que ses membres sont un danger pour la République. Je connais leurs pratiques, je les ai vus faire dans l’hémicycle : violence, intimidation, agressions physiques et verbales… Je subis ces pressions depuis 2016, mais je ne baisserai jamais les yeux et je continuerai à agir pour les habitants d’Occitanie. Ils ont voté contre toutes les mesures favorables au pouvoir d’achat : trains à 1€, gratuité des ordinateurs portables et des manuels scolaires… Leur programme est synonyme de désordre pour notre territoire régional, d’insécurité sociale et de déclassement économique. Ils se nourrissent du malheur des gens, c’est insupportable.

"Avec EELV, nous avons plus de points communs que de divergences"

Pourquoi Europe Écologie Les Verts (EELV) n’a pas choisi la voie du rassemblement dès le premier tour ?

Je pense qu’il faut que vous leur demandiez. Ma main est restée tendue jusqu’au bout. Nous avons plus de points communs que de divergences. Pendant 5 ans, j’ai gouverné une majorité à laquelle les Verts ont participé, contribué et apporté à nos projets. D’ailleurs, près de la moitié d’entre eux m’ont rejoint dès le lancement de la campagne, dont Aurélie Génolher, maire de Massillargues-Atuech. J’incarne une écologie de bon sens, qui incite les habitants et les entreprises à modifier leurs pratiques, pas une écologie punitive. Je veux que nous soyons rassemblés : élus, associations, entreprises, habitants, autour d’un vaste projet qui concilie écologie et économie. Les deux sont indissociables. Il y a une véritable opportunité à saisir et j’ai déjà engagé la Région dans ce mouvement : nous construisons déjà un nouveau modèle de société plus juste pour nos habitants et durable pour notre planète.

Face aux attaques durant la campagne, est-ce que les électeurs comprendraient un rapprochement au second tour ?

Laissons aux électeurs le temps de se prononcer au premier tour avant de faire des pronostics. Je suis trop attachée à la démocratie pour commenter le match avant de le jouer.

Quelles sont les mesures dont vous êtes la plus fière dans l’exercice du mandat qui s’achève ?

Sans aucun doute la gratuité des ordinateurs pour les lycéens. C’est une vraie mesure d’égalité sociale. Et son utilité a fait ses preuves en Occitanie pendant le confinement. Quand je lisais les articles ou voyais les reportages sur les difficultés des familles avec les deux parents en télétravail et les enfants qui devaient organiser un roulement pour travailler sur l’unique ordinateur de la maison, j’étais vraiment soulagée pour les lycées d’Occitanie de savoir qu’ils avaient les moyens de suivre leurs cours. C’est pour cela que nous en avons donné également aux étudiants boursiers pendant la crise sanitaire.

Quelles ambitions portez-vous pour le Gard si vous êtes réélue ?

L’emploi doit être notre priorité : réussir la sortie de crise et répondre à l’urgence climatique. Dans le Gard, cela passera par plus de 60 actions concrètes. Nous amplifierons ainsi notre soutien aux entreprises, notamment pour favoriser de nouvelles implantations, par l’accompagnement des filières de la santé à Nîmes, de la maintenance aéronautique à Garons ou la relance de l’industrie textile qui est l’un des fleurons du département. Grâce au fonds anti-faillite, nous permettrons aux entreprises présentes sur le territoire de sauvegarder les emplois et les compétences de leurs salariés. Tous les leviers seront actionnés, qu’il s’agisse de l’agriculture et la pêche que nous soutiendrons, avec une aide à l’installation renforcée et la réhabilitation de 13 pontons au Grau-du-Roi, ou encore le tourisme dont nous accompagnerons les embauches de saisonniers en créant un réseau de groupements d’employeurs. Enfin, les chantiers ferroviaires, je pense notamment à la Rive Droite du Rhône et à Alès-Bessèges, comme la construction, et notamment l’habitat durable, seront des leviers majeurs de création d’emploi. Ils bénéficieront bien sûr aux entreprises, mais également aux habitants en faisant baisser leur facture énergétique. Je tiens à ce que la Région soit là pour relancer le dynamisme économique de tous les territoires, en ne laissant personne au bord du chemin.

"J’ai avant tout pris des bosseurs, prêts à s’investir pour les gardois"

Vous avez fait le choix d’une femme comme tête de liste dans le Gard, à savoir Amal Couvreur. Qu’est-ce qui a motivé votre décision ?

Avant de me poser la question d’un homme ou d’une femme, j’ai observé les gens et leurs compétences. J’ai avant tout pris des bosseurs, prêts à s’investir pour les gardois. Prêts à écouter, analyser les besoins et mettre en place des solutions utiles. Amal a toutes ces qualités. Son engagement en faveur des plus démunis, son investissement pour créer un SAMU social dans le Gard, son accompagnement des familles pour trouver une formation ou un emploi, … Tout démontrait sa proximité avec les habitants, son sens de l’écoute et sa capacité à agir. Elle fait partie d’une majorité de gauche au Département qui a fait un excellent travail. C’est cela qui m’a motivée, pas le fait qu’elle est une femme.

Votre position sur le nucléaire, l’un des enjeux du Gard Rhodanien, n’est pas très claire. Êtes-vous favorable ou contre le nucléaire ?

Durant ce mandat, la Région Occitanie a toujours démontré son engagement aux côtés des acteurs économiques du Gard rhodanien et du Pont du Gard, aux côtés du cluster d’entreprises Cyclium comme de la CCI. Ma position est parfaitement claire et comprise, et d’ailleurs elle a été saluée par les chefs d’entreprises dans un récent courrier :  je défends pour notre pays un mix énergétique, avec une part croissante d’énergie renouvelable. Et j’ai un objectif pour l’Occitanie : en faire la première région à énergie positive d’Europe, en conciliant économie et écologie. J’ai déjà eu l’occasion de présenter cette stratégie lors de ma visite à Marcoule en juillet 2019.

Les déchets sont aussi l’un des enjeux de demain sur le département. Comment éviter que les déchets du Gard partent à l’autre bout de la région ?

Ces dix dernières années, il a eu manque évident et reconnu d’anticipation des collectivités en charge du traitement des déchets qui conduit à ces aberrations. Aujourd’hui il faut rattraper ce retard et la Région les accompagne : réduction à la source, meilleur tri sélectif, valorisation des déchets, économie circulaire, etc. Un travail important est notamment entamé avec le nouvelle gouvernance du SITOM et Sud Rhône Environnement et les autres collectivités partenaires. Fabrice Verdier fait beaucoup sur ce dossier et a pris l’initiative de rassembler l’ensemble des acteurs pour mutualiser les moyens. A plusieurs, on sera plus forts.

Un dernier mot ou plutôt un message pour convaincre les Gardois d'aller voter ?

Bien sûr. Je veux que chacun sache que je suis prête à mener tous les combats pour faciliter la vie des gardois et des habitants d’Occitanie. Je l’ai prouvé pendant mon premier mandat, en agissant concrètement. Depuis le début de la crise sanitaire, je me bats pour fournir aux soignants, habitants et lycéens des masques. Pour faciliter le dépistage des personnes les plus isolées en mettant en place un transport à la demande, puis un camion de dépistage, devenu camion de vaccination itinérant. Nous avons été aux côtés des entreprises, avec le fonds L’OCCAL. Et surtout, nous mettrons en place un fonds anti-faillite et travaillerons à la relocalisation de la production en Occitanie. Mon projet est simple : protéger les habitants, grâce à une Région solide, tournée vers l’avenir et utile quotidiennement à tous les habitants, à tous les territoires.

Propos recueillis par Abdel Samari

Abdel Samari

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