Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 02.08.2021 - stephanie-marin - 6 min  - vu 2488 fois

FAIT DU JOUR Pourquoi ces commerçants ont-ils choisi Beaucaire ?

Beaucaire. (Photo Anthony Maurin/ObjectifGard).

Entre le mois de janvier et celui de juillet, huit commerçants se sont installés à Beaucaire. De quoi relancer le dynamisme du centre-ville même s'il reste encore à faire. Qui sont ces hommes et ces femmes, pourquoi ont-ils choisi cette commune, la quatrième du Gard, plantée en Terre d'Argence ?

Caroline Suisse, boutique de prêt-à-porter, Au petit bonheur. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

"L'aide de la municipalité incite à venir". Caroline Suisse a installé sa boutique de prêt-à-porter au numéro 5 de la place Jean-Jaurès. Un local d'une quarantaine de m2 qu'elle sous-loue à la municipalité beaucairoise. La Gravesonnaise âgée de 39 ans bénéficie d'une remise de 30% sur le loyer pour les deux années à venir. "Sans cette aide, au vu du contexte, je ne serai pas là, à vous parler", commente-t-elle.

Malgré l'impact de la crise sanitaire sur le secteur du commerce, Caroline a tout de même fait le pari d'aller jusqu'au bout de ce projet qu'elle mûrit depuis deux ans. Car avant d'être à la tête de son premier magasin, Au petit bonheur, la trentenaire était opticienne à Saint-Rémy-de-Provence. "J'ai cherché un local un peu partout, à Graveson et sur les communes aux alentours du côté des Bouches-du-Rhône, se souvient-elle. Mais jamais on m'a proposé un dispositif tel que celui de Beaucaire." Alors Caroline n'a pas hésité longtemps avant d'y poser ses portants.

Maryline Bultel, du concept-store Magie d'Isis. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Pas question d'y voir un choix par défaut, la Gravesonnaise a été séduite par la ville, au point peut-être de s'y installer un jour. Maryline Bultel y pense, elle, très sérieusement. À 58 ans et forte de 20 années d'expérience dans les activités de l'ésotérisme, l'Aramonaise a décidé d'être son propre patron et de lancer son concept-store, La Magie d'Isis, sur la place de la République. Une ouverture en pleine période de crise sanitaire, est-ce le bon moment ?

"De toute façon, même en temps normal, on ne peut jamais savoir si c'est le bon ou le mauvais moment. Le tout, c'est de travailler et de faire en sorte que ça fonctionne", réagit Maryline. Et la même de poursuivre : "La ville bouge de plus en plus, et fait beaucoup de choses pour les commerçants." La quinquagénaire ne parle pas seulement du coup de pouce de la municipalité mais des animations qui réveillent la ville et attirent les touristes.

Loïc Gonfond de la poissonnerie Marin. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

"Il y a plus d'attractivités qu'à Tarascon", s'exclame Loïc Gonfond. Le jeune homme âgé de 28 ans, a d'abord travaillé à Saint-Rémy-de-Provence puis six ans à l'Intermarché situé dans la ville de Tartarin avant de jeter l'ancre à Beaucaire. La poissonnerie Marin - tout rapprochement patronymique avec l'auteur de cet article est purement fortuit ! - a levé le rideau le 14 mai dernier le long du boulevard Maréchal-Foch.

"Ça faisait deux ans que j'avais ce projet en tête. J'ai cherché des locaux à Tarascon, du côté de Saint-Étienne-du-Grès, je suis même allé jusqu'à Jonquières-Saint-Vincent, mais je n'ai rien trouvé. Ici à Beaucaire, je suis très bien. J'ai de la clientèle qui vient de l'autre côté du Rhône. L'emplacement est idéal", explique Loïc Gonfond, le visage fendu d'un large sourire.

Corinne Lachayse, de la Librairie Les Mots Bleus. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

La librairie Les Mots Bleus est presque voisine de la poissonnerie. Sa gérante, Corinne Lachayse, vit à Beaucaire depuis trois ans. "Avant ça, j'habitais à Bordeaux et je travaillais à l'export. J'ai suivi mon conjoint." La quinquagénaire ne cache pas sa crainte de quitter la Capitale mondiale du vin. "Mais à Beaucaire, j'ai tout de suite aimé l'ambiance de la commune, ses petits commerces de proximité... J'ai eu envie de contribuer à leur développement", raconte Corinne. Le confinement lui a permis de peaufiner son projet, rassurée que les livres deviennent très rapidement des produits essentiels.

Et à force de se balader dans la ville, l'ex-Bordelaise a identifié un périmètre privilégié pour ouvrir son commerce. "Je voulais le boulevard Maréchal-Foch. C'est un lieu de grand passage, je suis à côté d'une école, d'un collège... Alors quand la mairie m'a proposé ce local, c'est comme si toutes les étoiles s'étaient alignées." Les Mots Bleus - en référence à la chanson de Christophe - a ouvert le 2 juillet.

Hélène Olivier de la boutique de prêt-à-porter LNA Paillettes. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Hélène Olivier et son mari, Nicolas, ne sont pas novices dans le domaine du commerce à Beaucaire. Ils tiennent le restaurant Du Nord au Sud, le long du quai du Général-de-Gaulle. "J'avais très envie de créer ma boutique de prêt-à-porter, bijoux et accessoires." Lorsque l'opportunité s'est présentée, Hélène, 43 ans, n'a pas hésité. C'est dans un local fraîchement libéré et accolé à son restaurant, qu'elle a créé LNA Paillettes.

La Tarasconnaise ne cache pas son affection pour Beaucaire, "une belle ville qui souffre de préjugés". Elle poursuit : "Ça a été une ville ouverte, c'est ce qui lui a fait sa réputation. Mais elle est très belle, il y a des maisons de maître et ce canal... Ceux qui habitent ici ont tendance à ne plus lui prêter attention, mais tous les jours, c'est un décor de carte postale qui s'offre à nous."

Éléonore Colin du salon de tatouage "Nemesis Tatoo Studio". Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

"Je ne l'ai pas vu venir !". Éléonore Colin parle bien entendu de la crise sanitaire et de ses conséquences. Un contexte particulier qui ne l'a pourtant pas empêché de signer son bail avec la municipalité. "Nous avons bien été aidés, en plus de la remise, j'ai eu droit comme tous les sous-locataires de la mairie à une suspension de loyer au mois de novembre 2020 et avril 2021 normalement aussi." Un nouveau salon de tatouage, Nemesis Tattoo Studio, a donc ouvert au numéro 5 de la Place Georges-Clémenceau, face à l'Hôtel de Ville de Beaucaire.

"L'endroit est superbe et grâce à l'aide de la mairie, j'ai pu m'installer dans un local plus grand que ce que j'avais prévu par rapport à mon budget", indique Éléonore. Entre 15 et 20m2, c'est tout ce dont les agences immobilières pouvaient lui proposer, elle a actuellement trois fois plus de surface. La tatoueuse a déjà développé son activité avec un espace consacré aux piercings, bientôt elle vendra les bijoux en complément.

Majid Debagh, de la salle de sport Custom Body. (Photo : Stéphanie Marin/ObjectifGard)

Majid Debagh est natif de Beaucaire. Il y a longtemps vécu avant de poursuivre son chemin ailleurs dans le Gard, à Nîmes, à Saint-Gilles où il a été responsable de salles de sport. "C'est un retour aux sources pour moi. Mes parents habitent toujours à Beaucaire, pas loin de cette salle". Cette salle, Majid l'a connaît bien, il avait participé au montage de ce projet il y a quelques années, une association en était alors responsable.

Lorsqu'il a appris sa fermeture, le trentenaire a musclé son jeu dans sa carrière professionnelle et a décidé d'en prendre les rênes. Cela ne s'est pas fait sans investissements car il a fallu donner à ce lieu un sacré coup de rafraîchissement. "J'ai également ajouté quelques machines", intervient-il. Le 30 juin dernier, Custom Body a ouvert ses portes au centre commercial de La Moulinelle, lui-même au coeur d'un programme de rénovation lancé par la ville.

Déborah Salaün est décédée le 19 juillet dernier. Elle avait ouvert sa pâtisserie-salon de thé "DEBO" à Beaucaire le 18 janvier. (Photo : DR/)

Le 18 janvier dernier, Déborah Salaün réalisait son rêve. Associée à Jordan Salah et Patrick Talagrand, elle a créé sa pâtisserie-salon de thé, DEBO, le long du quai Général-de-Gaulle à Beaucaire. Mais l'étoile montante de la pâtisserie s'est éteinte, le 19 juillet dernier, à l'âge de 36 ans. Passionnée et passionnante, Déborah débordait d'énergie et n'aspirait qu'à une chose : régaler les papilles de ses clients. "Déborah était très pédagogue, patiente, souriante, solaire... C'était une belle personne", témoigne Marine. Sa "pouliche" comme elle l'a surnommée peine à contenir son émotion, mais parvient à se souvenir des bons moments vécus avec celle qui lui a donné sa chance. "On travaillait beaucoup. Déborah vivait, mangeait, buvait pâtisseries. Mais il y avait une super ambiance. Il y avait le travail, mais elle prenait toujours l'humain en compte et rendait les journées toujours agréables." La trentenaire était également "râleuse et têtue", ajoute, taquin, l'un de ses associés, Jordan Salah. "Mais c'est aussi grâce à cela qu'elle est arrivée à réaliser son rêve. Elle avait aussi un grand coeur."

La jeune femme originaire de la Bretagne n'est plus là, mais le DEBO a rouvert ses portes. On peut toujours y goûter ce fameux fraisier à la pistache, la pâtisserie signature de Déborah. "Tout ce que je sais faire aujourd'hui, c'est grâce à elle. La meilleure chose que nous puissions faire pour lui rendre hommage, c'est de faire en sorte que cette pâtisserie fonctionne", souligne Marine. Le 14 juillet dernier, la municipalité beaucairoise a décerné une médaille de la ville à Déborah Salaün.

Les locaux commerciaux se remplissent mais il reste encore du chemin à faire. Six nouveaux commerces devraient prochainement être inaugurés, dont quatre en centre-ville et deux en extérieur a-t-on appris auprès du cabinet du maire.

Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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