Publié il y a 1 an - Mise à jour le 08.07.2022 - thierry-allard - 4 min  - vu 1103 fois

MARCOULE Le niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection « globalement satisfaisant »

Le site de Marcoule (Flickr / cc / Kmaschke)

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), autorité indépendante chargée du contrôle des activités nucléaires civiles, a dressé le bilan de 2021 ce jeudi, notamment pour le site gardois de Marcoule. Si l’ensemble est « globalement satisfaisant », selon les termes de l’ASN, des points de vigilance sont toutefois soulignés. 

En 2021, 189 inspections ont été menées par la division de Marseille de l’ASN, qui recouvre la région PACA, la Corse et l’ex-Languedoc-Roussillon. Un certain nombre d’entre elles concernaient le site de Marcoule et ses installations nucléaires de base (INB). 

Concernant le CEA Marcoule, le niveau de sûreté nucléaire et de radioprotection des installations civiles est « globalement satisfaisant », présente le chef de la division Marseille de l’ASN Bastien Lauras. « Globalement » et pas « totalement », donc : des bémols sont mis par l’Autorité. En matière de protection de l’environnement, l’ASN attend une étude sur l’évaluation des rejets liquides et gazeux de la plateforme de Marcoule, le dossier reste à compléter, puis à expertiser. L’ASN évoque aussi une « vigilance sur la réalisation du plan d’action visant à mettre en conformité les piézomètres (appareils servant à mesurer la pression des liquides, NDLR) du CEA Marcoule ».

Le réacteur Phénix de Marcoule (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

« Globalement satisfaisant » aussi sur les installations du CEA Marcoule, comme le laboratoire Atalante, la centrale Phénix et le chantier DIADEM, même si « des incertitudes demeurent sur le devenir des combustibles de Phénix et leur traitement », relève Bastien Lauras. Il s’agit des combustibles de l’ancien réacteur à neutrons rapides de Marcoule qui « dans leur état actuel ne peuvent pas être traités à La Hague », souligne le chef. Si le CEA est « en tractations avancées avec Orano » pour trouver une solution, « il faut les entreposer en attendant », note l’ASN, qui évoque « quelques tonnes » de combustible. 

La Commission locale d'information de Marcoule s'est tenue lundi sur le site du Visiatome. (Marie Meunier / Objectif Gard)

Quant au chantier DIADEM, qui servira à entreposer les déchets radioactifs à vie longue issus du démantèlement d’installations du CEA, il montre un défaut d’organisation. « L’ASN estime que l’organisation mise en place pour la maîtrise du projet, l’exercice de la responsabilité d’exploitant nucléaire et le traitement des écarts montrent de nombreuses insuffisances », avance Bastien Lauras. Et si les mesures mises en place par le CEA pour « rétablir une situation acceptable » sont « globalement satisfaisantes, un travail important reste encore à réaliser », souligne l’Autorité. "La mise en service de l'installation est prévue pour 2025", a avancé François Prat, directeur adjoint du CEA Marcoule lors de la CLI (Commission locale d’information) qui s'est tenue en début de semaine.

Melox doit produire plus

Concernant l’usine Melox, exploitée par Orano à Marcoule, le niveau est là aussi jugé « globalement satisfaisant ». Cependant, les difficultés à assurer la production des quantités prévues de combustibles deviennent problématiques. En effet, l’usine fabrique du combustible MOX pour centrales nucléaires, constitué d’oxydes d’uranium et de plutonium issu de la Hague. « Si elles se poursuivent, ces difficultés pourraient donc induire des conséquences majeures sur l’ensemble du ‘cycle du combustible’ », estime l’ASN.

Orano Melox (Photo : S. Le Couster / Orano) • CEA/DEN/MAR/DIR/UCAP

En clair : on a besoin de Melox pour récupérer une partie du plutonium de la Hague. Or, « en 2021, Melox n’a produit qu’une cinquantaine de tonnes de combustible contre 140 à son maximum », relève Bastien Lauras. L’usine pâtit du vieillissement de ses installations, mais aussi et surtout d’un changement de procédé pour les oxydes d’uranium, de la voie humide à la voie sèche. Sans aller trop loin dans la technique, ce changement « provoque un vieillissement prématuré des installations, et une plus grande quantité de combustible non conforme », explique Bastien Lauras. Des solutions sont en train d’être trouvées, notamment avec le site de Malvési, pour repasser en voie humide. C'est un plan à très long terme à plusieurs centaines de millions d'euros. "Nous avons eu un point bas de la production. Un plan de restauration sur les capacités industrielles est actuellement mis en oeuvre", a reconnu Florent Novain, directeur protection sûreté santé sécurité environnement à Orano Melox, lors de la CLI. Ce dernier rappelle néanmoins que 16 assemblages de mox ont été livrés au Japon. 

Toujours concernant Melox, l’ASN rappelle que les besoins importants en maintenance de l’installation conduisent à « un appel croissant à des intervenants extérieurs et une dosimétrie collective très importante », comprendre que plus de monde est exposé à la prise de doses radioactives. 

Enfin, l’usine Centraco, exploitée par la filiale d’EDF Cyclife, qui fait dans le traitement de déchets faiblement radioactifs, montre elle aussi un niveau de sûreté « globalement satisfaisant ». L’ASN relève cependant « une augmentation du nombre d’événements significatifs déclarés en 2021 », à surveiller. Lors de la CLI, Guénola Guillon, directrice générale de Cyclife France, ne se satisfait pas de ces résultats sur la sûreté, ni sur ceux de la sécurité : "En 2021, on a eu sept accidents à déclarer. (...) Il y a beaucoup de chutes, de choc, de maux de dos. Il y a un travail à faire au niveau de la perception du risque, il faut rester vigilant et rester focalisé sur son activité. Une présence terrain est essentielle pour passer les bons messages également", a-t-elle déclaré.

Thierry ALLARD (avec Marie MEUNIER)

thierry.allard@objectifgard.com

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Hors des installations nucléaires, l’ASN contrôle aussi notamment les activités nucléaires du domaine médical, comme les scanners, la radiothérapie, la radiologie ou encore la curiethérapie. Sur ces domaines, des progrès sont à faire, notamment sur le « management des risques » en radiothérapie externe. 

Un exemple concerne Avignon, et plus précisément l’Institut Sainte-Catherine : suite à un étalonnage erroné d’un accélérateur de radiothérapie, 99 patients ont été exposés à des surdosages entre 4,5 et 6,8 % durant pas moins de dix mois. « Un événement significatif » pour l’ASN, même si l’Autorité l’affirme : « On n’attend pas de conséquences médicales sur ces patients, tout au plus des effets légers, l’établissement va les suivre plus régulièrement pendant cinq ans », ajoute Bastien Lauras. 

Thierry Allard

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