Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 01.11.2021 - corentin-migoule - 3 min  - vu 3608 fois

ALÈS La réalité augmentée au service de l'orthopédie alésienne

Prothèse de genou alésienne en place en fin de procédure opératoire. (Photo Clinique Bonnefon / DR)

Chaque année, près de 700 patients de la Nouvelle clinique Bonnefon reçoivent une prothèse orthopédique. Bien aidés par la réalité augmentée, une innovation technologique basé sur un système de guidage 3D qui permet une pose millimétrée, les chirurgiens alésiens implantent des prothèses fabriquées par les ouvriers de la fonderie ATS, basée à Alès.

C'est avec la ferme intention de "montrer qu'à Alès on a au moins les mêmes capacités à soigner des gens, voire plus qu'ailleurs" que nous reçoit Xavier Nicolay, chirurgien-orthopédiste depuis 15 ans à la clinique Bonnefon. Avec trois de ses confrères, ce dernier opérait près de 700 patients chaque année, lorsque la pandémie n'avait pas encore généré des vagues de déprogrammations d'opérations dîtes de "confort".

"On fait de la chirurgie fonctionnelle", préfère le docteur Nicolay, qui a goûté avec satisfaction à l'arrivée de l'innovation technologique dans sa profession. Depuis quelques mois, les opérations du genou, majoritaires en orthopédie à la Nouvelle clinique Bonnefon, s'effectuent en réalité augmentée. Une innovation technologique intégrant un système de guidage en trois dimensions.

Équipé de ces fameuses lunettes 3D qui hébergent un logiciel de navigation, le docteur Xavier Nicolay dispose alors de toute la latitude pour effectuer ses recoupes d'os, avant l'implantation millimétrée de la prothèse. Si chaque cas est "différent", la durée moyenne d'une telle intervention se situe autour de 90 minutes, et mobilise entre trois et quatre personnes.

Des patients de plus en plus jeunes

Pour autant, le patient perçoit-il un avantage à se faire triturer en "réalité augmentée" ? "L'intérêt pour ce dernier c'est une récupération un peu plus précoce, car le contrôle informatique permet d'être moins agressif pour les tissus", prévient l'expérimenté chirurgien alésien, également soucieux de la prise en charge post-opératoire de l'opéré.

"On a décidé de miser sur la qualité, en allant un peu à contre-courant de l'idée qu'il fallait aller vite et tout boucler en une journée", poursuit-il. Ainsi, la durée de séjour d'un patient dans l'établissement est décidée par le patient lui-même. "C'est individualisé. Quelqu'un qui a 85 ans et est isolé va rester un peu plus longtemps. Ça peut aller de deux à six jours", développe le docteur Nicolay, en habile ambassadeur de la clinique Bonnefon.

Si l'arthrose, la pratique sportive intensive et le surpoids sont les principaux facteurs rendant parfois inéluctable l'implantation d'une prothèse de genou, la moyenne d'âge des patients aurait tendance à s'abaisser. "Les gens ne veulent plus attendre de ne plus pouvoir marcher pour se faire opérer", justifie le chirurgien, qui craint par ailleurs l'arrivée d'une vague de patients jeunes d'ici dix ans, au regard d'une obésité qui s'accroit en France, "suivant le modèle américain".

Durée de vie : 20 ans ou plus

Une aubaine dont pourrait profiter la société alésienne ATS, propriété du groupe Marle, l'un des leaders européens de la fabrication de prothèses orthopédiques. Avec près de 110 collaborateurs, la fonderie de précision basée à Alès depuis 1986 élabore près de 300 000 prothèses par an, dont celles implantées par le docteur Nicolay.

"Il s'avère que l'industrie alésienne réalise des produits de grande qualité. Fabriquées à quatre kilomètres de la clinique, les prothèses font leur retour aux sources", savoure ce dernier. Alliage "biocompatible" de cobalt, de chrome et de molybdène, les prothèses seraient quasi-éternelles d'après Xavier Nicolay. "Lorsque j'étais en fin d'études au mitan des années 90, le changement de prothèse représentait un tiers de l'activité. Aujourd'hui c'est très rare", fait-il apprécier.

Directeur d'ATS depuis juillet dernier, Antoine Eschbach estime quant à lui la durée de vie moyenne d'une prothèse à 20 ans. "Mais ça peut être plus quand tout va bien", promet l'ancien directeur industriel du groupe Atlantic. Des prothèses orthopédiques fabriquées à Alès, implantées dans une clinique alésienne, sur des Alésiens, n'est-ce pas un fabuleux cercle vertueux ?

Corentin Migoule

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