DIMANCHE VILLAGES Gorges du Gardon : des carriers et la nature
Ils étaient une vingtaine, venus de diverses carrières de la région, à s’être donné rendez-vous pour la journée, ce vendredi matin devant la mairie de Sanilhac-Sagriès, dans la réserve naturelle régionale des gorges du Gardon, à un jet de pierre de leur lieu de travail.
Mis à part leur profession, ils ont tous un point commun : ils sont signataires de la Charte environnement de l’industrie des carrières, portée par l’UNICEM, l’Union nationale des industries de carrières et matériaux.
« Prêter main forte »
Ils ont participé toute la journée à un chantier nature coordonné par le Conservatoire des espaces naturels de Languedoc-Roussillon. « L’idée est d’ouvrir nos entreprises sur le monde extérieur », affirme le président du comité régional de la Charte Languedoc-Roussillon Bruno Maestri. Ainsi, après quatre chantiers dans l’Aude, l’Hérault et les Pyrénées-Orientales, il était temps de venir dans le Gard, qui compte pas moins de 12 des 37 sites engagés dans la charte à l’échelle de l’ancienne région.
À eux cette fois-ci de « détacher du monde pour prêter main forte », poursuit Bruno Maestri. Sous la houlette des deux salariés de la réserve naturelle régionale, les carriers ont débroussaillé une parcelle de la réserve, en coupant tous les végétaux ligneux, à savoir les arbres et arbustes persistants, dans le but de retrouver une quantité satisfaisante d’herbacées. « Ça représente environ 150 heures de travail, c’est un don en nature », estime le président du comité régional de la Charte.
C’est aussi une occasion pour les carriers de communiquer sur leur métier, qui reste souvent mal connu, et sur les actions mises en place en faveur de la biodiversité. « La biodiversité, on la trouve en abondance sur nos sites, même en exploitation. Par exemple, 80 % de la population d’hirondelles de rivage, qui est une espèce menacée, vit sur des carrières, et c’est la même chose pour le guêpier d’Europe », développe Bruno Maestri. Pour ces oiseaux comme pour le hibou grand-duc, autre habitué des carrières, « la charte travaille sur les façons de rendre le milieu encore plus favorable en créant des lieux pour nicher par exemple », explique Bruno Maestri.
Par ailleurs, comme la vocation des carrières n’est pas forcément d’abriter toutes sortes d’espèces, les exploitants signataires mettent en place des dispositifs pour limiter la présence de batraciens et de reptiles sur les carrières : « on crée des gîtes à reptiles et des mares sur le pourtour des sites », précise le président du comité régional de la Charte.
D’autres actions sur le même principe qu’à Sanilhac-Sagriès devraient suivre, la prochaine devrait se dérouler en Lozère.
Thierry ALLARD