Après des mois de campagne, de covid, de guerre en Ukraine mais aussi de propositions, de débats, de coups d'éclat, de provocations, de haine de l'autre, de meetings où l'on a beaucoup entendu des militants hurler "On est chez nous" comme si la France n'appartenait qu'à eux. Et d'un premier tour qui a évacué une bonne dizaine de candidats, intéressants pour certains, outranciers pour d'autres. Ce soir, place à la grande confrontation entre les finalistes. À la Droite un peu extrême, Marine le Pen et ses propositions gauchisantes que ne renieraient pas un Jean-Luc Mélenchon sauf sur les solutions nationalistes et sur l'immigration. Après la débâcle de 2017, la candidate Rassemblement national voudra convaincre qu'elle n'est finalement pas incompétente et qu'elle est prête à gouverner la France. Elle est un peu la seule à le penser vraiment. Particulièrement depuis le début de ce second tour où la sphère médiatique semble avoir découvert son programme et ses véritables intentions. Et à la gauche de la table, mais à la droite de la Gauche quand même,  Emmanuel Macron, le président sortant. Qui veut rassembler largement. Prêt à renier son propre programme libéral et financier. Sérieux et efficace il y a cinq ans lors du précédent match avec sa rivale, il devra faire en sorte de gommer son côté trop sûr de lui et donneur de leçon. Difficile de savoir qui ce soir aura réussi son coup. Probablement un peu les deux. Il a pour lui l'expérience du pouvoir. Et durant cinq ans d'avoir subi des crises majeures, inédites si l'on parle que du covid depuis un siècle au moins. Elle, a été tellement mauvaise en 2017 qu'elle ne peut pas faire pire. Donc les deux seront forcément rassurés à la fin de la soirée sauf situation exceptionnelle. Reste une inconnue de taille : comment les abstentionnistes du premier tour vont-ils se comporter ? Est-ce que le débat de près de trois heures aura suffisamment comporté d'éléments probants pour motiver les désespérés ? Les dégoutés de la politique ? Et vers quel camp ils vont-ils se pencher ? Tous sauf Macron comme au premier tour ? Ou tous contre Le Pen maintenant ? La grande explication de ce soir ne livrera ses derniers secrets que dimanche vers 20 heures.

Abdel Samari