Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 19.03.2022 - corentin-migoule - 4 min  - vu 765 fois

FAIT DU JOUR 20 ans après l'inondation, les sinistrés du Grabieux les plus en danger invités à quitter les lieux

Les élus alésiens et le syndicat EPTB Gardons disent avoir fait de la réduction du risque inondation "une priorité". (Photo Corentin Migoule)

Les élus alésiens et le syndicat EPTB Gardons disent avoir fait de la réduction du risque inondation "une priorité". (Photo Corentin Migoule)

À l'occasion d'une conférence de presse organisée dans le bureau du maire, les élus alésiens et l'établissement territorial public de bassin (EPTB) Gardons ont présenté les solutions retenues pour réduire le risque inondation sur le Grabieux qui inquiète les riverains depuis près de 20 ans. Certains d'entre eux sont d'ailleurs invités à accepter la démolition de leur maison.

9 septembre 2002. Une déferlante s'abat sur le Gard. Des inondations dramatiques. Bilan : 22 morts, 299 communes du département sur 353 sinistrées et plus de 830 millions d'euros de dégâts. La ville d'Alès n'a pas été épargnée, et ce ne sont pas les riverains du Grabieux qui diront le contraire. D'autant qu'en 2014, puis en 2015, ces derniers ont à nouveau été victimes de pluies particulièrement dévastatrices.

Ainsi naissait l'association des sinistrés du Grabieux, dont les membres militent depuis 2015 pour que des travaux soient entrepris dans le cours d’eau. L'année suivante, en 2016, une étude hydraulique et d’aménagement a donc été lancée par Alès Agglomération, avec le concours de l'établissement territorial public de bassin (EPTB) Gardons, qui a planché sur différents scénarios permettant de réduire l’impact des épisodes cévenols.

Hélas pour les sinistrés du Grabieux, le couperet tombait le 8 janvier 2021 avec l'annonce de l’abandon du projet de réalisation des travaux espéré depuis 20 ans. Et pour cause ! L'étude menée par un cabinet privé l'a d'abord chiffré à 16 millions d'euros. "On était déjà trop cher de 10 millions puisque le montant maximal acceptable pour que l'État finance est estimé à 6 millions d'euros. Au-delà, le rapport coût/bénéfice n'est pas favorable", a resitué le maire, Max Roustan, introduisant au passage une conférence de presse "ô combien importante" pour aborder "un sujet sensible", ce jeudi matin, en mairie.

"Ça nous empêche de dormir la nuit"

L'échec du projet a été définitivement entériné lorsque cette même étude hydraulique a finalement chiffré les travaux à plus de 30 millions d'euros, ce qui devenait tout bonnement "inacceptable" pour les collectivités. Un coup dur pour les sinistrés du Grabieux qui, pour certains, n'ont alors pas manqué de pointer ce qui s'apparentait à leurs yeux à de la "mauvaise volonté" des élus locaux. Une hypothèse que réfutent évidemment ces derniers, lesquels disent avoir fait de la réduction du risque inondation "une priorité" en engageant par exemple par deux fois le bien nommé programme ALABRI (aide à l'adaptation de votre bâti au risque inondation).

"Que des gens soient exposés à ce risque inondation nous empêche de dormir la nuit. On sait que 2002 peut se reproduire un jour", s'est inquiété le président d'Alès Agglomération, Christophe Rivenq, illustrant par la même occasion son "engagement total" sur le dossier. À ses côtés, Lionel Georges, directeur de l'EPTB Gardons, abondait dans le même sens : "S'il y a eu plusieurs années d'étude, c'est que toutes les solutions ont été recherchées en transparence avec les sinistrés. On a un temps pensé à des bassins de rétention, à des modifications d'ouvrages ou même au recalibrage du Grabieux."

Alors que 863 logements ont été recensés dans la zone inondable du bassin versant du Grabieux, la meilleure solution, selon le syndicat, semble résider en la relocalisation des 41 habitations ayant été identifiées comme potentiellement très à risque. Il s'agit de proposer une acquisition à l'amiable à leur propriétaire en fonction de l'estimation de la valeur du bien, sans la décote liée au caractère inondable du logement à laquelle il serait confronté en cas de vente de sa maison à un autre particulier.

90% des habitations exposées bientôt protégées ?

La démolition de cinq de ces habitations les plus exposées serait ainsi financée intégralement par l'État, tandis que ce dernier prendrait en charge les autres dossiers à hauteur de 50%, comme Alès Agglo. Depuis début février, soit deux mois après l'envoi d'un courrier explicatif aux 41 propriétaires concernés, Étienne Retaillau, directeur adjoint du syndicat, a commencé le porte-à-porte en rendant visite aux 27 d'entre eux qui ont accepté la rencontre.

"Les gens sont intéressés par la démarche même s'ils sont parfois bloqués par le volet affectif et expriment leur attachement à leur habitation", a constaté le dernier nommé. À le croire, certains se souviennent aussi de l'épée de Damoclès qui trône au dessus de leur tête et des craintes qui ressurgissent lorsqu'approche l'automne, au point de se montrer favorables à une démolition. Et, si un délai de réflexion leur est bien entendu accordé, les élus alésiens espèrent qu'un accord sera trouvé avec l'ensemble des sinistrés d'ici la fin de l'année.

"Grâce à la relocalisation et au projet ALABRI, ce sont près de 90% des habitations exposées qui pourraient être protégées", résume Christophe Rivenq. Et ce dernier de poursuivre : "On est en Cévennes. Certains joueront peut-être la montre en attendant de voir comment ça se passera pour ceux qui auront accepté." Quelle que soit leur décision, les sinistrés du Grabieux seront sans doute invités à participer à la commémoration des 20 ans des inondations de 2002 - drame ayant suscité "un élan de solidarité extraordinaire comparable à celui pour l'Ukraine" -, qui devrait être organisée par la municipalité le 9 septembre prochain.

Corentin Migoule

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