Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.10.2022 - norman-jardin - 4 min  - vu 18015 fois

FAIT DU JOUR À Saint-Côme-et-Maruéjols, les "serial déféqueurs" doivent serrer les fesses

Les habitants n'en peuvent plus des crottes de chiens (photo Norman Jardin)

Cédric a l'ingrate tache de ramasser les crottes (photo Norman Jardin)

Excédée par le nombre grandissant de déjections canines, la mairie de Saint-Côme-et-Maruéjols tire la sonnette d’alarme. Désormais, les propriétaires des toutous indélicats risqueront une amende de 135 €. Malgré ces désagréments, les Saint-Cômois ne manquent pas d'humour. 

C’est une charmante petite commune de 800 âmes située à un jet de pierre de Clarensac. On y trouve, entre autres, une très originale tour coiffée d’une sorte de flèche, une église du XVIIe siècle, un temple du XIXe siècle et surtout des habitants qui se connaissent presque tous. Ils sont heureux de vivre à l’écart de Nîmes. « Nous sommes un peu le village gaulois », plaisante Sandrine qui tiens le bar « L’Alambic » depuis presque vingt ans. Le lieu est incontournable puisqu'il s'agit du seul commerce de la commune.

Sandrine, la gérante du bar l'Alambic (photo Norman Jardin)

Une augmentation constatée ces derniers mois

En plus du bar, il fait aussi dépôt de pain, épicerie, tabac et on y trouve le journal ainsi qu'un point Française des jeux. C’est un village où il fait bon vivre, mais qui n’échappe pas à une incivilité malodorante et pas franchement engageante. Depuis plusieurs mois, les habitants ont constaté une augmentation des crottes sur la voie publique. « C’est tous les jours que l’on en trouve », peste Barbara, une jeune mère de famille qui fait attention à ce que son fils évite de marcher sur une de ces déjections. Eden, un autre jeune Saint-Cômois, n’a pu éviter ce terrible piège et à chaque nouveau pas il laisse une trace désagréable. L’histoire ne dit pas si le jeune garçon a écrasé la matière fécale avec son pied gauche.

Cédric a customisé son vélo avec humour (photo Norman Jardin)

« On en trouve aux quatre coins du village »

Si cela pourrait prêter à sourire, pour les habitants, c’en est trop. L'heure est grave. « C’est pénible, tous les jours c’est pareil. J’ai des tables en terrasse et non seulement c’est sale, mais un plus les odeurs sont écœurantes. Il y a des enfants qui jouent régulièrement dans le quartier et ce n’est pas propre », regrette Sandrine. Heureusement voilà qu'arrive Cédric, l’employé communal qui débarque sur une bicyclette. Le deux-roues est équipé d'un seau et d'une pancarte en carton où l'on peut lire « Urgent ! Vélo crottes, arrêt fréquent ». Il ne manque pas d’humour Cédric, mais il a l’ingrate mission de nettoyer les endroits souillés par les chiens mal éduqués. « On en trouve aux quatre coins du village », constate l’employé municipal.

Jacques en a marre des "cons" (photo Norman Jardin)

Alain Delon, Gagarine et les cons

Au même moment, Jacques vient de rentrer à L'Alambic où tous les matins il boit son petit café. Ce Parisien au mille vies est une figure du village et on a dû mal à le croire quand il affirme avoir 87 ans... Le temps semble n’avoir aucun effet sur ce jeune homme. Des histoires, il peut en raconter des centaines puisqu’il a travaillé à l’ORTF, qu’il a fait le tour du monde et qu’il a même rencontré Youri Gagarine, le premier homme à être allé dans l’espace. Jacques, plus terre à terre, a préféré Saint-Côme où il vit depuis huit ans : « C’est un village merveilleux et je n’en partirai pour rien au monde. Mais comme partout, il y a des cons ! », déplore l’octogénaire qui vise les maîtres de chiens qui se laissent aller (les chiens bien entendu). Dans la rue, un homme passe avec une baguette de pain sous le bras. Derrière son comptoir, Sandrine qui l'aperçoit lance : « Vous savez qui est ce monsieur ? C’est Alain Delon. On a des célébrités ici ». Non la star du cinéma français n’habite pas à Saint-Côme, il s'agit en réalité d'un homonyme. Mais ici on aime bien plaisanter.

« Pourtant, il y a des sacs à disposition »

C’est justement sur le ton de l’humour que la municipalité a communiqué le 23 septembre dernier au sujet des crottes de chiens. « Un avis de recherche pour retrouver ces ''sérials déféqueurs'' est déposé », écrit la mairie sur sa page Facebook. Au-delà du ton léger employé par l’équipe municipale, la menace d’une sanction plane désormais sur les contrevenants : « Il n’y a pas de police municipale à Saint-Côme, mais comme tous les maires j’ai le droit de mettre des amendes », prévient Michel Verdier.

Le premier édile a lui aussi constaté une augmentation des incivilités liées aux animaux. « Il y a de plus en plus de familles qui ont des animaux dans des appartements. Ça pose des problèmes par exemple quand le chien aboie toute la journée. Et puis, il y a ce gros souci avec les déjections car certains habitants s’en fichent. Ils ouvrent juste la porte pour que l’animal sorte se soulager où il veut. Pourtant, il y a des sacs à disposition et nous avons fait des affiches pour inviter les propriétaires à plus de civisme. »

Une affiche qui sensibilise au civisme des propriétaires de chiens à Saint-Côme-et-Maruéjols (photo Norman Jardin)

« Si la Vaunage était un mouton, Saint-Côme serait le rognon »

Si les roses poussent avec du fumier, à Saint-Côme, les crottes font grandir les consciences. Les jeunes générations s’emparent des problèmes environnementaux. « Depuis le début de l’année, nous avons un conseil municipal des jeunes et ces derniers sont très concernés par ce problème. À la fin de l’année, ils vont faire le tour du village pour sensibiliser les habitants. Puis, ils vont créer une affiche qui sera visible sur la commune. » Le salut viendra peut-être des jeunes, mais comme toujours ici forcément avec humour. « Si la Vaunage était un mouton, Saint-Côme serait le rognon », plaisante Sandrine, jamais à court d’un bon mot. Les Saint-Cômois n’ont pas fini d’être heureux dans leur village. Il suffit de ne plus y laisser de crottes pour qu’il se transforme en paradis.

Norman Jardin

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