FAIT DU JOUR Alès Agglo : dix millions d’euros pour remettre les réseaux d’eau des communes rurales à niveau
Des réservoirs qui fuient, des conduites rouillées, des armoires électriques d’un autre temps… C’est peu dire que les infrastructures des réseaux d’eau potable et d’assainissement de nombreuses communes cévenoles mériteraient un coup de neuf.
Seulement voilà, ça coûte cher. Très cher. « Il faut au bas mot investir plus de 200 millions d’euros sur dix ans pour répondre en grande partie aux enjeux de qualité et de quantité sur l’eau et l’assainissement », rappelle le président d’Alès Aggloc Christophe Rivenqc en préambule à la signature d’un contrat avec l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse et le conseil départemental mercredi.
200 millions d’euros sur dix ans, soit 20 millions d’euros par an entre 2020, année qui a vu l’Agglo récupérer la compétence eau et assainissement, et 2030. Et une part importante de cette somme concerne des communes rurales, qui avant 2020 géraient leur eau soit individuellement, soit par le truchement de syndicats, créant de fortes disparités d’une commune à l’autre. Résultat : « Les communes n’avaient pas les moyens de faire des travaux, résume le maire d’Alès et premier vice-président de l’Agglo délégué à l’Eau, Max Roustan. Longtemps, on les a abandonnées. »
Le temps de la solidarité
Cet abandon, c’est terminé, l’heure est à la solidarité. Ce qui veut dire que c’est l’Agglo qui porte les travaux et que ce sont les usagers du territoire de 72 communes et 130 000 habitants qui en supportent le coût. Un coût réparti. « Nous assumons que pour porter ces investissements de 20 millions d’euros par an, il faut augmenter le prix de l’eau de 7 % par an. À la fin des dix ans, le prix aura doublé », admet sans détour Christophe Rivenq avant de rappeler que ces travaux sont obligatoires pour se conformer aux lois et réglementations, d’autant que les contrôles se sont multipliés.
Pour limiter cette hausse des prix pour l’usager, il faut trouver de l’argent ailleurs, dans les aides et subventions. C’est l’objet de ce contrat avec l’Agence de l’eau et le conseil départemental, qui a pour objectif « de rattraper un certain nombre de retards », dit pudiquement le président de l’Agglo. 9,8 millions d’euros font donc l’objet de ce contrat, pour mener 25 opérations dans 13 communes du périmètre de zone de revitalisation rurale. 6,8 millions d’euros sont financés par l’Agence de l’eau, 1,03 million par le Département et 1,97 million par Alès Agglo.
Dans cette enveloppe, 1,7 million d’euros vont ainsi être mis sur les réseaux et installations d’assainissement de Génolhac, la Vernarède, Portes, Bonnevaux, Servas et Seynes, 870 000 euros pour mettre aux normes les stations d’épuration de Saint-Just-et-Vacquières, Thoiras et Bonnevaux, 3,7 millions d’euros sur les réseaux d’eau potable de Sénéchas, Génolhac, Brouzet-lès-Alès, Chamborigaud, la Vernarède et le Chambon. Mais aussi 3 millions d’euros sur la réhabilitation des ouvrages de Chamborigaud, le Chambon, Portes, Génolhac, Sénéchas, Seynes, Saint-Just-et-Vacquières et la Vernarède, et 529 000 euros sur la mise en conformité des captages d’Aujac et de Génolhac.
« Des besoins considérables »
Autant de projets « qui vont dans le bon sens pour un bon état des eaux », souligne Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Pour l’Agence de l’eau, c’est aussi une question de solidarité « en direction des territoires ruraux les plus fragiles. Une solidarité des villes vers les campagnes », l’Agence tirant ses ressources d’une redevance payée sur chaque facture d’eau. Dans ces territoires ruraux, « il y a des besoins considérables, de lourds retards d’équipements », reprend Laurent Roy.
Le Département partage lui aussi ce constat, même si l’eau est une compétence facultative pour lui. « Mais c’est une décision politique inscrite depuis plusieurs décennies », rappelle le vice-président du conseil départemental délégué à l’Aménagement du territoire, Olivier Gaillard. Cet engagement n’est jamais aussi fort que sur la station d’épuration de Thoiras dont le taux d’aide s’élève à 50 %.
Beaucoup d’argent donc, à relativiser compte tenu des enjeux, au sortir d’un été sec comme rarement, avec une ressource en eau loin d’être infinie. Car, rien que sur l’eau potable, il y a du boulot, avec un taux de rendement moyen sur l’Agglo de 67 %, « avec certaines communes à 90 %, et d’autres à 40, 45 % », précise Christophe Rivenq. Ce qui signifie qu’une part importante de l’eau captée et traitée est perdue avant même d’arriver jusqu’au robinet. « Il faut viser 80 % de taux de rendement », pose Laurent Roy, montrant que si la route est droite, la pente est raide.
Car après ces travaux, « il restera beaucoup à faire », rajoute le directeur général de l’Agence de l’eau. Voilà nos partenaires engagés officiellement jusqu’à 2024, mais probablement au-delà. « Nous comptons sur vous pour les années à venir pour aller au-delà des zones de revitalisation rurale, lancera le vice-président de l’Agglo délégué à l’Assainissement, Éric Torreilles. Sinon, on ne va pas y arriver. »
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
En chiffres :
Alès Agglo compte 1 000 kilomètres de réseaux d’assainissement, 2 000 kilomètres de réseaux d’eau potable, 60 captages et 73 stations d’épuration.
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