Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 15.11.2021 - coralie-mollaret - 4 min  - vu 3893 fois

FAIT DU JOUR L’incinérateur nîmois passé au crible

Objectif Gard est allé voir où terminent vos poubelles…
@ photo-aerienne-France.fr/P.Blot - patrice blot

Chaque année, 110 000 tonnes d’ordures sont incinérées au sein de l’Unité de valorisation énergétique du Sitom Sud Gard. Sujet brûlant, la création d’un deuxième four réclamée par plusieurs élus fait polémique.

Ce matin, comme chaque matin, certains d’entre-vous sont allés jeter leurs ordures dans la poubelle. Une poubelle ramassée plus tard par les employés de l’entreprise Véolia, gestionnaire depuis 2014 de l’incinérateur, implanté au sud de Nîmes. C’est ici que sont traitées les ordures ménagères de 40% de la population gardoise, soit 310 000 habitants - dont l'entièreté de l’agglomération nîmoise.

Les déchets sont stockés dans une fosse (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

106 000 tonnes de déchets brûlés

Dans notre département, il existe deux manières de se débarrasser de nos déchets : l’unité de valorisation énergétique et le centre d’enfouissement de Bellegarde. Mais concentrons-nous sur notre sujet : l’incinérateur. À Nîmes en 2017, l’outil industriel a traité 106 000 tonnes sur les 190 000 collectées au total par le Sitom. Le différentiel, ce sont les déchets recyclables qui eux, ont leur propre filière. Notons aussi qu’une petite partie de nos déchets incinérés partent à l’enfouissement, soit 6%.

Aujourd’hui, l’incinérateur a une capacité de traitement de 110 000 tonnes par an. Il est quasiment plein… À l’époque, les décideurs politiques avaient prévu le coup, en laissant de la place pour la création d’un deuxième four. Ça, c’était en 2004. Quinze ans après, le sujet est remis sur la table : l’Agglo du Gard rhodanien cherche une nouvelle solution pour traiter ses 22 000 tonnes d’ordures ménagères annuelles, qui finissent cette année au centre d’enfouissement de Bellegarde.

Le problème, c’est que l’enfouissement est une solution coûteuse. Là où les pouvoirs publics (et donc les contribuables) dépensent 80€ pour incinérer une tonne d’ordures, les enfouir revient à environ 110€ la tonne. Ces tarifs vont encore augmenter avec la hausse de la TGAP (Taxe générale sur les activités polluantes) votée par l’Assemblée nationale en 2019. « La taxe sur l’incinération passe de 3€ à 15€ par tonne et de 23€ à 65€ la tonne pour l’enfouissement », explique le président du Sitom, Hervé Giély.

L’incinérateur : un outil qui rapporte

L’incinération reste la solution la moins onéreuse pour se débarrasser des déchets non recyclés. D’autant que l’unité de valorisation énergétique engrange des revenus. En 2017, la vente d’électricité produite par l’incinération des poubelles a rapporté 1,8 M€. Quant à la vente de chaleur, qui sert notamment à chauffer le CHU Carémeau, elle a rapporté 1,08 M€. Parmi les autres revenus, il y a les DASRI (Déchets d'activités de soins à risques infectieux), qui proviennent des hôpitaux et personnels de soin et qui rapportent 798 000€.

Les DASRI finissent dans le même four, mais arrivent par une voie sécurisée (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Autre recette : le vide de four. Il s’agit de la marge de manœuvre de l’exploitant Véolia sur la capacité restante (entre 5 000 et 7 000 tonnes), une fois que l’on a traité les déchets des communes du Sitom, soit 660 000€. Enfin, dernier (petit) revenu : la vente des mâchefers (ferreux et non-ferreux) utilisés par les travaux publics, pour 85 000€. Notez que conformément à l'arrêté préfectoral qui autorise l'exploitation de l'équipement nîmois, les déchets proviennent exclusivement du Gard, sauf pour les DASRI qui peuvent provenir à la marge des départements limitrophes. 

Et l’écologie dans tout ça ? Les incinérateurs n’ont pas franchement bonne presse. Pourtant, « beaucoup de progrès ont été faits et aujourd’hui, je peux garantir que celui de Nîmes est bien plus performant que les normes européennes », insiste Hervé Giély. Par exemple, en 2017 le laboratoire INERIS (*) a relevé 0,011 nanogrammes de dioxines-furanes, des substances cancérigènes, par normo mètre cube (**) contre une norme imposant 0,1 nanogrammes. En clair : sur cet indicateur, l’incinérateur est six fois en-dessous des normes. « Notre voisin est un exploitant bio et il n’a jamais perdu son agrément ! », enfonce le Sitom, avant de présenter des chiffres de trois à dix fois en-dessous des normes sur les autres indicateurs mesurés.

Les ordures sont conditionnées sous formes de ballots avant d'être incinérées (Photo : Thierry Allard / Objectif Gard)

Un deuxième four à Nîmes ?

Soucieux des deniers publics, le président du Gard rhodanien, Jean-Christian Rey, souhaiterait que ces déchets soient brûlés par l'incinérateur. Seulement, pour ça « il nous faut un deuxième four », répond Hervé Giély. « Seulement la Région ne veut pas… La vice-présidente à la Transition écologique et énergétique, Agnès Langevine, est un peu sectaire. »

« Faux ! En aucun cas on ne peut accuser la Région », rétorque le conseiller régional Socialiste, Fabrice Verdier. Rien n’interdit la construction d’un deuxième four ! Seulement personne n’en a fait officiellement la demande ! Essayez de savoir pourquoi…  » Du côté de Bagnols, Jean-Christian Rey nous a indiqué avoir « demandé des rendez-vous ministériels » et qu'il allait « bientôt rencontrer des porteurs de projet » pour construire une unité de valorisation énergétique sur son territoire. 

Thierry Allard et Coralie Mollaret

À 7h50 retrouvez notre interview de Fabrice Verdier sur le deuxième four de l’incinérateur de Nîmes.

Lire aussi : FAIT DU JOUR Dans le Gard, la poubelle est pleine !

* L'Institut national de l'environnement industriel et des risques est un établissement public à caractère industriel et commercial placé sous la tutelle du ministère de la Transition Écologique.

** Le normo mètre cube est une unité de mesure de quantité de gaz qui correspond au contenu d'un volume d'un m3, pour un gaz se trouvant dans les conditions normales de température et de pression.

Coralie Mollaret

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