Publié il y a 3 h - Mise à jour le 10.05.2025 - Norman Jardin - 5 min  - vu 1442 fois

FAIT DU JOUR Nîmes Olympique relégué en N2, vers un enfer jamais connu

mexique Nîmes Olympique

La détresse de Mexique au coup de sifflet final

- Photo Anthony Maurin

Après cette défaite 4-2 contre Aubagne, la 15e de la saison, Nîmes Olympique est officiellement relégué en National 2. C'est la première fois de son histoire que le club tombe aussi bas. Le présent est triste et l'avenir incertain. Retour sur les causes d'une dégringolade au quatrième niveau du football français.

Voilà, Nîmes en National c'est fini. « Enfin ! », serions-nous tentés d’écrire, tant cette saison, la pire de l’histoire de Nîmes Olympique, a été la plus pénible à vivre et à suivre. Mais au-delà des émotions et des sentiments, les conséquences sont dramatiques pour le NO. Le verdict du classement est indiscutable et impitoyable. Les Crocodiles (mais doit-on encore les appeler ainsi ?) sont relégués en National 2, pour la première fois depuis la création du club en 1937. Pire, ils sont même assurés de terminer dernier et ne peuvent donc même pas espérer être repêchés en cas de rétrogradation administrative comme le règlement le stipule. Comme le rocher dévalant la falaise, le club du président-actionnaire Rani Assaf chute encore d’une division. C’est la troisième fois en quatre ans. Là encore, c'est un sacré exploit pour celui qui posait une question en 2022. « Lequel (président de Nîmes Olympique, NDLR) a un meilleur bilan que moi ? » Nous avons désormais la réponse, c’est « tous ».

La pire attaque avec le meilleur buteur

Les causes du malheur sont connues depuis le début de la saison. La principale accusée est l’attaque qui a plombé Nîmes Olympique. Elle finira probablement comme la pire de l’histoire du club. Le football est pourtant un sport simple puisque l’objectif est de marquer plus de buts que son adversaire. Nîmes n’y est parvenu qu’à six reprises en 32 matchs. C’est nettement insuffisant. Aussi surréaliste que cela puisse paraître, Nîmes est la dernière attaque du championnat (24 buts marqués) mais compte dans ses rangs le meilleur buteur du championnat, en la personne d'Oussama Abdeldjelil (16 buts) qui a encore inscrit un doublé, hier soir. Pour rien ! Les autres n’ont pas été à la hauteur d’un club qui voulait se maintenir en National comme le déplorait après coup le capitaine Formose Mendy remettant en cause l'envie de certains coéquipiers de se battre pour le blason rouge. 

abdeldjelil nîmes olympique
Les 16 buts d'Abdeldjelil n'ont pas suffi à éviter le drame  • Photo Anthony Maurin

Quand une équipe est reléguée d’une division, il est compliqué de tirer des louanges de son effectif. On peut toujours trouver des chiffres plus flatteurs que d’autres, mais la vérité est que la mayonnaise n’a jamais pris dans cette équipe qui, sans être catastrophique, est parvenue à terminer lanterne rouge. De l’extérieur, les carences de talent n’ont pas semblé être compensées par une volonté farouche de renverser les montagnes. « Sur le terrain, il faut savoir contester les décisions de l’arbitre, jouer la touche même si elle n’est pas pour nous, ne pas accepter l’injustice. Il y a un moment où ça finit par payer », nous confiait, en cours de saison, un membre du club. Malheureusement, cet état d'esprit n'a jamais été adopté par un groupe qui a accepté son sort, sans véritable réaction. "Des gentils garçons", qui ont manqué de vice. Les joueurs nîmois ne sont pas voyous et c’est tout à leur honneur, mais dans le football moderne, la malice fait parfois basculer le sort d’une rencontre.

« On s’en sortira par le jeu »

« On s’en sortira par le jeu ». Telle était la doctrine nîmoise cette saison. C’est un bon principe, car comment gagner sans jouer ? C’est proprement impossible. Il n’empêche que les bonnes intentions ne suffisent manifestement pas. Avec cette louable philosophie, le NO a abandonné des points et des victoires précieuses en fin de rencontre, en manquant souvent de pragmatisme. Adil Hermach n'a jamais démordu de cette stratégie et a sombré avec ses principes. La solution aurait été peut-être de garer l’autobus devant la surface de réparation et de balancer de longs dégagements dans les tribunes, lors de certaines rencontres. Le compteur de points des Nîmois y aurait gagné ce que l’esthétique y aurait perdu. « Nous n’avons pas les joueurs pour jouer comme cela », ont répété, semaine après semaine, les Crocodiles. Les autres équipes ne s’embarrassent malheureusement pas toutes de scrupules et les matchs sont parfois bourrés d’ennuis et d’une indigence extrême.

À l’image de Ronny Labonne, Nîmes Olympique est à terre. • Photo : Anthony Maurin.

Une équipe se façonne en partie lors du mercato d’été. C’est donc entre juin et septembre 2024 que l’équipe qui tombe en National 2 a été construite. Au rayon des satisfactions, on peut citer Abdeldjelil, Beneddine, Akkal et Ngapandouetnbu. Pour les autres, l’apport a été insuffisant. Puis, il ne faut pas oublier que certains ont quitté le navire en cours de route et pour diverses raisons (Diallo, Badu, Osei et Ali). Lors du mercato hivernal, le staff espérait recruter un buteur, mais il n’a pu attirer que le jeune Malouda qui n’avait pas le profil initialement recherché et qui n’a pas permis de changer le destin tragique du NO. Il faut dire que la marge de manœuvre de Sébastien Larcier était extrêmement réduite, voire inexistante, et il fallait souvent espérer des départs pour pouvoir recruter. Ce dernier a toujours déploré une absence de moyens financiers, sans compter que l'image du club nîmois a un peu pâli ces dernières années.

Le stade des Antonins déserté

Enfin, le soutien du public n’est jamais revenu. On ne saura jamais si la présence massive des supporters aurait changé la donne ou si elle aurait inhibé les joueurs. Toujours est-il que les fans des Crocodiles ont déserté le stade des Antonins, qu’ils n’ont d’ailleurs jamais rempli. Le ressenti entre Rani Assaf et les supporters est plus fort que tout. Au fil des défaites et des relégations, les amoureux du NO ont perdu la joie et l’orgueil. Ils reviendront quand le président-actionnaire sera parti. "Ils se sont trompés de combat. Ce ne sont pas des supporters", condamnait Adil Hermach à propos de ceux qui ont refusé de venir encourager les joueurs à cause de leur désaccord avec le président. C’est ainsi, mais ne sera-t-il pas alors trop tard ? Les plus anciens se souviendront peut-être que lors de la saison 1995-96, la première en National, les Nîmois avaient aussi boudé le stade des Costières avec des affluences qui avoisinaient les 500 spectateurs. À Nantes, où la détestation est équivalente entre les deux partis, les fans ont décidé de continuer au stade et le FCN est toujours en Ligue 1.

Le constat est terrible. Nîmes Olympique jouera la saison prochaine en National 2. Cela va engendrer la perte de statut professionnel (comme entre 2005 et 2008). De fait, tous les contrats professionnels deviendront caducs. Il reste un dernier match à jouer à Orléans. Juste pour l’honneur, puisqu’il ne reste que cela. Telle est la simple vérité et elle est effroyable.

Le repêchage impossible

Nîmes Olympique ne peut même plus espérer un repêchage administratif dans le cas où une équipe de National serait reléguée en N2 (ou plus bas) ou si un des trois promus de N2 ne remplirait pas les conditions pour accéder au National. Car l’article 6 du championnat National prévoit qu'une équipe classée dernière ne peut être repêchée : « dans la mesure où les dispositions énoncées aux paragraphes a) à d) ne permettent pas d'atteindre le nombre de 18 équipes, et jusqu'à la date butoir du 17 juillet, il est possible de procéder au repêchage des équipes reléguées en N2 dans l’ordre du classement. (Hormis l’équipe classée dernière du National 1 qui ne peut être repêchée). »

Norman Jardin

Nîmes Olympique

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