FAIT DU SOIR L'association Équi-libre veut rendre justice au cheval Hamlett d'Ax
25 000. C'est le nombre de signatures obtenues sur la pétition "Justice pour Hamlett d'Ax". Un cheval qui avait été pris en charge par l'association de protection animale sise à Le Garn "Équi-libre".
Depuis juillet 2000, l'association oeuvre dans l'assistance aux animaux et accueille majoritairement des équidés mais aussi chèvres, cochons, poules... 80% des sauvetages sont des chevaux maltraités ou victimes de négligences. Il y également des animaux dont les propriétaires ne peuvent plus s'occuper faute de temps ou de moyens ou encore d'anciennes montures de centre équestre qui atteignent l'âge de la retraite et qui ne peuvent plus être montées.
Quand elle peut, Anne Bataille, la présidente, place les chevaux dans des familles d'accueil. Des familles qui cherchent souvent un compagnon âgé pour que leur propre cheval ne soit pas seul. Les cas plus compliqués finissent leurs vieux jours dans les 80 hectares de prés répartis sur six communes de l'association.
Quelques années en arrière, Équi-libre a recueilli Hamlett d'Ax, un cheval alezan anciennement monté dans un club du Var par des cavaliers semi-professionnels. Malgré sa vingtaine d'années, l'équidé est encore en bonne santé et ne présente pas de maladie particulière. La présidente le confie à une famille d'accueil dans les Bouches-du-Rhône en 2015. Il s'agit d'un contrat de bons soins, mais l'association reste propriétaire. Tous les trimestres, elle contrôle l'état de santé du cheval. La famille lui envoie régulièrement des photos. Aucun souci a priori.
Un cheval tellement maigre qu'il en est méconnaissable
Mais quatre ans plus tard, à l'été 2019, Anne Bataille reçoit un coup de fil de la SPA des Baux-de-Provence. Ils ont eu un signalement d'un cheval en piteux état et sur le contrat, c'est le nom de la présidente qui apparaît. C'est bien d'Hamlett dont il s'agit. Le cheval est extrêmement maigre : "Je ne l'ai pas reconnu sur la photo", déplore la présidente.
L'incompréhension passée, la colère prend place. Anne Bataille se rend compte que les dernières photos envoyées par la famille à la belle saison ont en réalité été prises plusieurs mois avant. La présidente attelle le van et se précipite sur place pour récupérer Hamlett. Elle se demande : "Pourquoi ils n'ont pas appelé ? Pourquoi ils n'ont rien fait ? Toute famille qui ne peut plus ou ne veut plus s'occuper d'un cheval en pension peut nous appeler. On le récupère aussitôt et sans demander de justification."
Elle n'aura pas de réponse à ses questions. La dame qui s'occupait d'Hamlett aurait seulement lancé : "Je pensais qu'un cheval pouvait devenir anorexique." Sur la route, le van roule tout doucement pour éviter le moindre à-coup : "Le cheval, c'était Ikea. Il pouvait tomber en morceaux à tout moment", image Joël, un bénévole de l'association.
De retour au Garn, Hamlett est examiné par le vétérinaire. Les côtes sont apparentes, le garrot saillant, la croupe creusée... Le premier diagnostic n'est pas bon. Le vétérinaire estime à 1/5 la note d'état corporel de l'alezan. À vrai dire, il ne pensait pas qu'il s'en sortirait. À l'association, on ne perd pas espoir et on dorlote le cheval : "En 48h, il a dû manger un ballot de 240 kg de foin à lui seul. On s'est dit, même s'il meurt, il mourra en mangeant." En vingt ans d'activité, les bénévoles de l'association n'avait jamais été confronté à un état de maigreur aussi extrême. Tout un élan de solidarité se crée autour de lui. Ses anciennes cavalières se sont mobilisées, sont allées le voir, ont contribué aux frais...
Une plainte classée sans suite pour "infraction insuffisamment caractérisée"
Au bonheur de tous, Hamlett reprend du poil de la bête. En trois mois, il s'est entièrement remplumé. Anne Bataille l'a alors replacé dans une autre famille voisine qu'elle connaît très bien et en qui, elle a entièrement confiance, installée à 1,5km de l'association. Hamlett bénéficie d'un cadre 4* puisque sa famille est un sponsor du championnat du monde d'attelage à quatre. Il y finira tranquillement sa vie. Un an et demi plus tard, il partira à l'âge de 26 ans, de mort naturelle.
Si l'histoire d'Hamlett a connu un dénouement plutôt heureux, Anne Bataille ne digère pas la tromperie et le mal qu'a pu lui causer son ancienne famille d'accueil. En mars 2020, elle décide de porter plainte pour maltraitance animale à la gendarmerie. "En 20 ans, je n'ai été confronté que deux fois à ce problème. On ne porte pas souvent plainte, on est avant tout là pour trouver une solution pour l'animal, sans juger leurs propriétaires. Si ces derniers ont encore un brin d'amour pour eux, on arrive à les convaincre", explique la présidente.
Dans le cas d'Hamlett, la trahison était trop forte. Sa demande de plainte a été transférée au commissariat d'Alès. Elle livre quelques compléments d'informations. Puis rien. Pas de nouvelle. Début septembre, elle décide de regarder où en est la procédure. Le tribunal de grande instance de Nîmes lui répond que la plainte a été classée sans suite avec comme motif "infraction insuffisamment caractérisée". Cela peut s'expliquer par un problème au niveau des preuves. "Est-ce que les photos ont toutes été transférées ? Est-ce que le dossier était complet ?" s'interroge Anne Bataille.
"Si on traite si légèrement ce cas-là, plus personne ne prendra au sérieux les cas de maltraitance animale"
Elle et les bénévoles d'Équi-libre tiennent à rendre justice à Hamlett et se sont donc rapprochés d'avocats pour savoir ce qu'il était possible de faire pour remettre le dossier sur la pile. La solution qui s'offre à eux et qui n'est pas trop coûteuse pour l'association, c'est de redéposer un dossier auprès du doyen du tribunal et du procureur de la République. Ce devrait être fait dans les prochains jours. Pour appuyer et donner plus d'impact à l'affaire, Anne Bataille a lancé une pétition sur change.org qui cumule plus de 25 000 signatures.
Elle atteste : "On n'a décelé aucune pathologie chez Hamlett. Sa maigreur extrême n'était caractérisée que par une malnutrition. Si on traite si légèrement ce cas-là, plus personne ne prendra au sérieux les cas de maltraitance animale. On a déjà eu des chevaux moins maigres que ça saisis par le vétérinaire." En attendant, les bénévoles d'Équi-libre continue de s'occuper de la vingtaine de pensionnaires et continuent de recevoir mails et coups de fil quotidiens pour signaler de potentiels animaux qui auraient besoin d'aide.
Marie Meunier
Pour signer la pétition, vous pouvez cliquer ici.
- Gard
- Justice.
- Bagnols
- Association
- sauvetage
- cheval
- Plainte
- Tribunal de grande instance
- le garn
- protection animale
- maltraitance animale
A la une
Voir PlusActualités
FAIT DU JOUR Avec l’agrivoltaïque, l’agriculture veut se faire sa place au soleil
Actualités
EXPRESSO La zone économique de Méjannes-lès-Alès va gagner des hectares
Politique
ÉDITORIAL Avec Frédéric Touzellier, on n'insulte pas l’avenir… Surtout le sien !
Politique
FAIT DU SOIR Verdier-Montez, le duo qui gère la carrière des fonctionnaires
Actualités
ALÈS Rapide et efficace, le conseil municipal a procédé à quelques ajustements
Actualités
DIRECT VIDÉO Le Club Soir avec Valérie Rouverand
Actualités
LA MINUTE SPORT L'actualité sportive de ce mardi 15 octobre
Faits Divers
JUSTICE Poignardé à sept reprises, un homme gravement blessé
Beaucaire
GARD Les remous du Plan Rhône : bientôt un "rappel" du Grand Delta
Actualités