Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 18.08.2022 - francois-desmeures - 4 min  - vu 2180 fois

FAIT DU SOIR Oignons doux : la coopérative lance la récolte en attendant le bilan de la cicadelle

La vallée de Taleyrac, sur la commune de Val-d'Aigoual (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Au mas du Figuier de Gaël Martin, la récolte bat son plein sous un soleil brûlant (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Les premiers camions chargés d'oignons sont partis ce mardi martin de la coopérative de Saint-André-de-Majencoules, même si ce ne sont pas encore ceux de l'appellation. Technicien et responsable qualité arpentent actuellement les parcelles d'oignons doux des Cévennes pour évaluer les pertes à venir, en raison de la cicadelle qui s'est abattue sur une partie des parcelles, et assurer la bonne tenue des oignons zéro résidu de pesticide (ZRP). 

"On commence à voir les secteurs les plus impactés." Directeur général de la coopérative Oignons doux des Cévennes, Thomas Vidal s'est levé tôt pour le début de la campagne 2022. Dans les premiers cartons, des oignons doux, certes, mais pas encore l'appellation d'origine, direction le marché d'éclatement de Châteaurenard, le marché de Rungis ou Carcassonne. "Ce sont deux producteurs, vers Ganges et Cazilhac, hors zone d'appellation, chez qui les oignons sont mûrs plus tôt." Situées dans l'Hérault, leurs communes ne font de toute façon pas partie des 32 élues gardoises qui bénéficient de l'appellation géographique protégée, d'Arphy à Soudorgues, d'Aumessas à Monoblet.

À la coopérative, le conditionnement a commencé pour les oignons hors appellation (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Les oignons doux "des Cévennes" commenceront à voyager "sans doute le 23 août". Actuellement, ils sont soit en attente de récolter, soit déjà au séchage, pour permettre au collet de se refermer et ainsi "sécuriser" le bulbe. Ils sont surtout sous étroite surveillance. "Certaines parcelles sont atteintes à 80 ou 100 %", se désole Thomas Vidal. Les parcelles les plus touchées se trouvent autour de Valleraugue, la vallée de Taleyrac (qui concentre chaque année entre le tiers et la moitié de la récolte de la coopérative) ou encore Mandagout. Quand Notre-Dame-de-la-Rouvière ou Sumène paraissent mieux préservés. Difficile à comprendre, même si les constats se font plus tranchés au fur et à mesure des retours d'expérience.

"Même chez moi, ce n'est pas homogène, témoigne Aurélien Garmath, producteur à Valleraugue qui apporte quelques légumes à la coopérative et avait livré 45 tonnes d'oignons, en 2021, à la coopérative. À première vue, je dirais qu'au moins 50% de la production sera perdue et le maraîchage ne rattrapera pas tout." Il se souvient aussi qu'en 2014, il avait eu une attaque "sur l'un des terrains les plus hauts". Cette fois-ci, "les bas des champs semblent être les plus impactés".

Des symptômes "dix à vingt jours après l'inoculation de la maladie"

"L'un des producteurs m'a appelé un jour en me disant "c'est grave", témoigne Alexis Durand, technicien de la coopérative, qui prélève chez Gaël Matin, au mas du Figuier de Taleyrac, 20 kg d'oignons doux pour l'analyse zéro résidu de pesticide en compagnie de Nicolas Poplawski, responsable qualité. Le problème, c'est que les symptômes de l'attaque de la cicadelle sont vus trop tard, dix à vingt jours après l'inoculation de la maladie. L'oignon ne va pas guérir : il n'y a plus de feuillage, donc plus de photosynthèse, donc plus de croissance."

Alexis Durand (à gauche) et Nicolas Poplawski prélèvent, pour la distinction Zéro résidu de pesticide, dix oignons de chaque parcelle qui seront analysées au laboratoire Phyhtocontrol de Nîmes, et dix autres qui resteront dans "l'échantillothèque" au cas où une nouvelle analyse serait utile (photo François Desmeures / Objectif Gard)

Un constat d'autant plus triste que "il n'y avait pas de pression fongique cette année, du fait de la sécheresse, poursuit Alexis Durand, pas de mildiou et pas de maladie du feuillage. C'est une très bonne qualité." Mais c'est cette même sécheresse qui est responsable de l'apparition de l'insecte suceur. "Au moment du repiquage, en mai, la nature était déjà cramée. L'humidité liée à l'arrosage a attiré la cicadelle, qui s'est mise dans les parcelles", explique Nicolas Poplawski. Les premières constatations voient d'ailleurs l'insecte plutôt installé dans le bas de chaque champ, proche des murets, où se concentre l'humidité. "La cicadelle touche plus de 300 espèces, fleurs, cultures, etc. Et l'insecticide n'est pas la politique de la coopérative, précise Alexis Durand. Et puis, ici, ce n'est pas comme pulvériser de l'insecticide sur un champ de la Beauce : il y a plus de surface forestière que de cultures, le terrain se prête bien à une pression importante de l'insecte." 

"Il y a et il y aura des oignons"

Pour anticiper, les deux responsables de la coopérative ont fait parvenir un questionnaire à chaque producteur, pour en tirer des conclusions sur d'éventuelles occurrences. Des stations météo reliées  à un modèle de détection des maladies, qui permet de traiter si besoin, équipe aussi certaines parcelles. S'il ne s'attend pas à atteindre les 2 390 tonnes de production de 2021, Thomas Vidal le dit et le répète : "Il y a et il y aura des oignons, il ne faut pas non plus laisser croire que l'insecte a tout ravagé". Au rythme de 70 à 80 tonnes expédiées chaque semaine, les livraisons, qui s'étaient achevées fin mars pour la saison précédente, devraient durer moins longtemps cette année.

La coopérative, et ses 80 producteurs, se réjouissent tout de même d'une récolte de pommes qui s'annonce exceptionnelle (environ 200 tonnes), même si, "pour la châtaigne, ce sera compliqué du fait de la sécheresse". Celle-ci risque, à terme, de rendre insuffisants les bassins créés par les producteurs pour arroser leur oignon au cours des 90 jours de croissance. Quant aux aides éventuelles qui pourraient venir compenser le manque à gagner, l'exploitant Aurélien Garmath est dubitatif. "Toutes les filières sont impactées cette année. Donc, à un moment donné, tout le monde ne pourra pas être aidé..."

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

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