Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 03.02.2022 - tony-duret - 3 min  - vu 1556 fois

FAIT DU SOIR Un temps stigmatisée, Saint-Hilaire-de-Brethmas en passe de devenir un modèle d’exemplarité environnemental

C'est ici, à La Jasse de Bernard, que l'écoquartier va voir le jour.

Début janvier, la commune de Saint-Hilaire-de-Brethmas était désignée lauréate d’un appel à projets "Démonstrateurs de la ville durable". Une récompense nationale, dévoilée par le Premier ministre et financée par l’État, qui salue les idées novatrices pour la construction d’un futur écoquartier dans le hameau de La Jasse de Bernard. Plutôt cocasse quand on sait que la commune est parfois pointée du doigt pour sa carence en logements sociaux par d’autres services de l’État !

Certains anciens préfets et sous-préfets gardois ont dû s’étouffer en apprenant la nouvelle. Saint-Hilaire-de-Brethmas, Saint-Hilaire-la-rebelle, Saint-Hilaire-la-carencée, décroche un prestigieux appel à projets au nez et à la barbe de grandes villes d’Occitanie. « On est passé devant tout le monde, dont des villes comme Nîmes, Montpellier ou Toulouse. C’est simple, on est la seule ville d’Occitanie à être récompensée », savoure le maire, Jean-Michel Perret. Au total, neuf projets ont été retenus dans toute la France.

La paille de riz de Camargue et un réseau de chaleur au bois

Pendant des mois, ses services et lui ont travaillé d’arrache-pied pour répondre à cet appel à manifestation d’intérêt concernant l’habitat périurbain. Ce « chien truffier des subventions », comme se définit Jean-Michel Perret, a clairement eu du flair : son projet d’écoquartier prévu à La Jasse de Bernard, le long de la route d’Uzès, pourrait être financé à hauteur de 500 000 euros pour la phase d’incubation - autrement dit pour les études préliminaires - et jusqu’à 10 millions d’euros pour la phase opérationnelle. Voilà de quoi mettre un peu de beurre dans les épinards.

Jean-Michel Perret, maire de Saint-Hilaire-de-Brethmas. Photo Élodie Boschet/Objectif Gard

Seulement, pour décrocher le jackpot, le maire et ses équipes, épaulés par la SPL 30 gérée par Vincent Delorme, se sont creusés les méninges pour proposer des innovations qui répondent aux défis de la transition écologique et du développement durable. Jean-Michel Perret en énumère quelques unes : « J’ai pensé que pour isoler l’extérieur des maisons, on pourrait utiliser de la paille de riz de Camargue. On part de zéro car ça n’existe pas sur le marché. Ça présente le mérite d’avoir une filière d’approvisionnement courte. »

Autre idée pour ce nouveau quartier d’une trentaine de logements dont près de la moitié en social ? « On va mettre un réseau de chaleur au bois. C’est une sorte de chaudière collective comme ça se fait sur l’île de Manhattan. Là encore, c’est du local, car on régénère le massif cévenol, on accompagne la filière bois. Ca coûtera moins cher aux habitants et il y aura un gain d’espace dans chaque habitation. » Il n’y a pas qu’aux États-Unis que le système existe. Saint-Affrique (Aveyron) l’expérimente depuis deux ans : 86% de bois local utilisé, 2 300 tonnes de CO2 évitées chaque année et une baisse de 7% sur la facture des abonnés…

Le retour en grâce du vilain petit canard

Autre condition pour que cet écoquartier voit le jour : un centre communal de santé y sera intégré. Le maire en dit plus : « On espère trois médecins, quatre si possible. On a aussi prévu deux locaux destinés à des spécialités. Ainsi, une sage-femme, un gynécologue ou un cardiologue pourraient venir tenir des permanences chaque semaine. »

Jean-Michel Perret (à droite) et son premier adjoint, Rémy Offredi, encadrent la préfète qui était venue voir l'avancée de logements sociaux. Photo d'archive Tony Duret / Objectif Gard

Enfin, comme évoqué plus haut, ce futur espace de plus de 11 000 m2 (dont environ 40% est inconstructible du fait de la présence d’espèces protégées, NDLR) devra héberger des logements sociaux. « Jusqu’à 50%, mais pas en dessous de 40% non plus », précise l’édile. Saint-Hilaire-de-Brethmas et les logements sociaux, toute une histoire ! Jean-Michel Perret en convient : « La commune est stigmatisée à cause de l’héritage laissé par mes prédécesseurs qui ne voulaient pas de logements sociaux. C’est un boulet qu’on traîne depuis 30 ans. Depuis 2014 (date de son arrivée à la mairie, Ndlr), mon combat contre la préfecture était qu’on ne m’impose pas 100% de logements sociaux partout, ce qui favorise les ghettos. J’ai ferraillé. J’étais le vilain petit canard, mais j’ai gagné. Maintenant, l’État n’impose plus que 50% de logements sociaux. C’est ça la mixité sociale réelle. »

Le vilain petit canard connaît un vrai retour en grâce. À tel point qu’il va être pris en exemple.  « Effectivement, on va devenir démonstrateur au niveau national, notamment pour notre exemplarité environnementale. Quand le projet sera fini, on fera un tour-opérateur pour recevoir des maires, des artisans, des industriels, des architectes […] pour reproduire ce que l’on a fait », se réjouit Jean-Michel Perret déjà reparti dénicher d’autres subventions. Il faut dire que c’est la pleine saison de la truffe.

Tony Duret

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