Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 14.09.2022 - anthony-maurin - 3 min  - vu 504 fois

GARD Quand Alcide fait revivre les galères et les galériens huguenots sous Louis XIV

Les galères et leurs galériens... Des protestants dans la tourmente sous Louis XIV (Photo Anthony Maurin).

Lancée voilà trois ans, cette collection s'adresse aux jeunes, mais plus largement à toute personne curieuse de découvrir des histoires particulières. Avec Alcide jeunesse-histoire illustrée, le monde des galères et des galériens huguenots s'ouvre à vous. Un dixième opus à avoir dans sa bibliothèque.

Sous le trait d'un Frédéric Cartier-Lange toujours aussi inspiré et avec le bagout d'un Jean-Paul Chabrol parfaitement pédagogue, le lecteur, petit ou grand, se régale et dévore la publication en quelques grosses minutes. Des textes ramassés, clairs et précieux. Des dessins légers à la thématiques pourtant lourde. Aujourd'hui encore on parle des galères mais savez-vous ce qu'elles furent par le passé ? Connues depuis l'Antiquité, les galères sont rapides et maniables. Destinées à se lancer à l'abordage des bateaux ennemis, elles s'illustrent dans des batailles célèbres. En France, c'est sous le règne de Louis XIV qu'une véritable flotte voit le jour. Marseille, la cité des galères, compte alors 12 000 galériens !

(Photo Anthony Maurin).

Mais qui sont ces forçats ? Esclaves ou condamnés, ils sont marqués au fer rouge, à l'épaule, de trois lettres infamantes, "GAL". Louis XIV envoie notamment aux galères des protestants refusant de se convertir au catholicisme. Si ces galériens rament peu et se battent très occasionnellement, ils endurent des conditions de vie terribles, entre punitions et corvées.

Beaucoup de Gardois...

Pour l'éditeur, Yann Cruvellier : "Ces gardois ont fourni le plus gros contingent de protestants condamnés aux galères. Ils étaient les "galériens pour la foi". Cet ouvrage permettra d'aborder l'histoire des galères depuis les Romains jusqu'à leur remplacement en 1748 par le bagne. Qui étaient les condamnés ? Quel était leur quotidien ? Y avait-il l'espoir de s'en sortir ? Les terribles conditions de détention ont tellement marqué qu'elles se retrouvent aujourd'hui dans une expression commune..." Le calvaire des galériens a été tel qu'il est en effet passé à la postérité avec une expression bien connue encore aujourd'hui, "quelle galère !"

En révoquant l'édit de Nantes en 1685, le Roi Soleil veut clairement s'en prendre aux protestants. Antoine Court, auteur de la première histoire des Camisards, est aussi l'un d'entre eux. Il résiste de manière clandestine dans la cale du navire qui emporte sa jeune vie sur les flots.

(Photo Anthony Maurin).

Lorsqu'au milieu du XVIIIe siècle, le pouvoir royal décide de mettre fin à la flotte des galères, trop coûteuse, les forçats sont affectés à un nouveau type de prison... le bagne. C'est avec un récit fourmillant d'anecdotes que l'historien Jean-Paul Chabrol raconte cette tragique épopée dessinée de mains de maître par Frédéric Cartier-Lange.

Concernant Nîmes, en partie, Actium fut la plus grande bataille de galère au monde. C'est après elle que la cité des Antonin a frappé monnaie avec l'As de Nîmes. Vous apprendrez dans ce magnifique petit livre que Marseille comptait 34 des 40 galères du royaume de France quand elles furent à l'apogée de leur règne sur les mers. Vous apprendrez à distinguer les deux sortes de galères, vous saurez qu'une rame en bois de hêtre pesait 130 kg et qu'elle était actionnée par cinq rameurs.

Pauvres rameurs...

La vie des rameurs se résumait à un banc. Un simple banc. Sur l'eau, les galériens évoluaient sur un espace de 2,3 m sur 1,25. Pas seul, non, trop facile. Cet espace, ils se le partageaient à cinq, six ou sept forçats et ils étaient forcément enchainés ! Crâne rasé dès son arrivé à l'arsenal, le forçat porte un uniforme reconnaissable et proche de l'infamie. Bonnet de laine et casaque écarlate, couleur de la honte.

Dans la cale, chaque compartiment a une fonctionnalité. Vous découvrirez "l'affaire des bonnets", les vies palpitantes d'Élie Beau et de Jean Marteilhe, celles des derniers huguenots montés à bord des ultimes galères. Étrangement, vous saurez que les galériens ramaient peu, très peu, 20 jours par an en moyenne. Manger à bord était un véritable défi et que la brutalité à bord était monnaie courante. En fin de livre, le petit lexique des galères vous aidera sans aucun doute à comprendre les mots les plus compliqués.

(Photo Anthony Maurin).

Les galères et les galériens huguenots de Louis XIV chez Alcide Jeunesse. 76 pages, livre broché à 14 euros.

Anthony Maurin

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