LE GARD MÉCONNU Lussan, ses concluses sauvages et son village perché
Tout l’été, Objectif Gard vous emmène à la découverte du Gard, mais sous un autre angle. Au-delà des célèbres Pont-du-Gard, arènes de Nîmes ou duché d’Uzès, notre département regorge de pépites méconnues. Aujourd’hui, partons à la découverte du charmant village de Lussan et de ses concluses.
A la question que se trouve-t-il pile entre Alès, Bagnols et Uzès ?, on pourrait-être tenté de répondre pas grand chose, et on aurait tort. Car c’est là que se trouve Lussan, et c’est un des Plus beaux villages de France : ce n’est pas nous qui le disons (quoique), mais le label très officiel que le village a réceptionné il y a un peu moins d’un an.
Avant tout, sachez que Lussan est un de ces villages où on laisse la voiture à l’entrée, mais ici point de parking payant au forfait, puisque la municipalité a eu le bon goût d’aménager un parking gratuit. La voiture garée, on peut monter. Car à Lussan, on monte. C’est là, perché entre ciel et garrigue, que trône le village médiéval. D’ailleurs, la première chose qu’on voit en arrivant, c’est l’imposant château construit au XVe siècle devenu depuis la maison du peuple, puisqu’il abrite l’hôtel de ville.
Le village est un dédale de rues étroites fendant de vastes édifices en pierre, d’où émanent une sérénité et une tranquillité qui n’ont pas toujours été de la partie. Témoin et théâtre de la guerre des Camisards, le village verra une bataille se dérouler à ses pieds en 1703 entre les Camisards de Jean Cavalier et les troupes royales emmenées par le marquis de Vergetot. Le calme entre catholiques et protestants reviendra après la Révolution, l’église sera reconstruite et un nouveau temple érigé.
Lussan est également le berceau de la famille Gide, dont est issu le prix Nobel de littérature 1947 André Gide. La famille a acquis le château de Fan à la fin du XVIIIe siècle, château qui a depuis été racheté par la municipalité.
Si le village et le panorama, donnant sur les Cévennes et les monts d’Ardèche valent le détour, on ne saurait trop vous conseiller de vous aventurer extra-muros. A quelques kilomètres du village, toujours sur la commune de Lussan en direction de Verfeuil se trouvent les concluses. Comme pour le vieux village, impossible d’y accéder en voiture, mais un parking gratuit vous y attend.
Une fois garé, devinez quoi ? On monte ! Au sommet de la côte, un sentier vous attend, avec force panneaux d’informations diverses et variées. Il est peut-être déjà trop tard pour vous préciser qu’avant de s’aventurer dans les concluses, mieux vaut s’assurer d’avoir noué de bonnes chaussures, d’avoir pris une bouteille d’eau et d’avoir une robuste envie de marcher et de crapahuter dans les rochers.
Car vous allez l’apercevoir très vite : les concluses, c’est avant tout une histoire minérale, puisqu’il s’agit de gorges creusées durant des millénaires dans le calcaire par l’Aiguillon, minuscule affluent de la Cèze typiquement gardois, entendre par là complètement à sec l’été et torrentueux à l’automne.
En haut, on aperçoit de nombreuses cavités abritant pour certaines des aigles et autres rapaces, et en bas le lit à sec de l’Aiguillon, d’où ne survivent que quelques marmites verdâtres les beaux jours venus (et c’est tout, dommage pour la baignade). Arrivé dans le lit de l’Aiguillon, deux choix s’offrent à vous. Vous pouvez partir à gauche, crapahuter sur les rochers polis pour finir dans une marmite de géant. Il y a déjà de quoi photographier, parmi les roches patiemment et inlassablement creusées par les flots, au coeur de ce qu’on pourrait appeler, en exagérant à peine, un canyon.
A droite, le portail des concluses, un goulet de parois qui évoque à première vue le Pont d’Arc, sauf que celui-ci est ouvert en haut et se prolonge. Le paysage purement minéral se ferait presque cathédrale lunaire au sol quelquefois glissant (souvenez-vous, les bonnes chaussures). On s’imaginerait presque à l’époque préhistorique et on n’aurait pas tort, puisqu’en poursuivant la balade sur presque trois kilomètres, on tombe sur la Pierre Plantée, un menhir de plus de cinq mètres qui témoigne d’une occupation des lieux à l’époque préhistorique.
Vous trouverez plus d’informations sur les concluses ici.
Thierry ALLARD