Publié il y a 1 an - Mise à jour le 03.10.2022 - stephanie-marin - 4 min  - vu 720 fois

NÎMES Alexandre Castagnetti, réalisateur de "L'école est à nous" : "Une histoire touchante qui j'espère donnera envie de changer les choses"

Sofia Bendra, comédienne et Alexandre Castagnetti, réalisateur du film "L'école est à nous" étaient au cinéma CGR de Nîmes le mardi 27 septembre. (Photo : S.Ma/ObjectifGard)

La moitié du duo La Chanson du Dimanche, Alexandre Castagnetti est aussi réalisateur. Il signe "L'école est à nous", une comédie qui sortira en salles le 26 octobre et donne à réfléchir sur l'organisation global de notre système éducatif. Accompagné de la jeune comédienne de 17 ans, Sofia Bendra, Alexandre Castagnetti est venu rencontrer le public gardois au cinéma CGR mardi dernier, à l'occasion d'une projection en avant-première de son film. Rencontre.

ObjectifGard : Virginie Thévenot, professeure de mathématiques hors normes - nous y reviendrons -, profite d’une grève générale dans son collège pour faire vivre une expérience particulière à quelques-uns de ces élèves. C’est en leur laissant le champ libre dans un établissement qu’ils qualifient de prison, qu’ils vont finalement retrouver le plaisir d'apprendre. Cette histoire est-elle inspirée de faits vécus ou s'agit-il d'une pure fiction ?

Alexandre Castagnetti : Avant d'écrire le scénario, Béatrice Fournera - ma co-auteure - et moi avons fait beaucoup de recherches. Nous avons travaillé avec un chercheur en éducation  qui s'appelle François Taddei. Donc nous nous sommes inspirés de faits réels en France et à l'étranger et notamment d'un professeur de Maths, Ramin Farhangi, qui a créé l'École dynamique à Paris. On a aussi beaucoup discuté avec des profs de différentes générations. Et nous nous sommes documentés sur des expériences qui existent dans des pays entiers comme la Finlande où on s'aperçoit que le système scolaire a été totalement changé, il y a peu de temps, avec des principes qui se rapprochent de ceux du film. Donc ce n'est pas une fantaisie totalement sortie de nos têtes.

Fermeture de classe, grève, manque de personnels et de moyens, difficile de ne pas voir dans ce film, un message politique ou du moins critique sur la dégradation de l’école publique.

La volonté n'est pas de critiquer, mais de faire passer un message positif sur le talent qui existe chez tous les ados, dans cette richesse et la curiosité qu'est la nature humaine. C'est d'essayer de donner confiance aux profs, aux enfants. Évidemment, quand on décrit là où on en est ça paraît critique, mais très vite le film est positif et j'espère qu'il va surtout donner envie de changer les choses concrètement, de déclencher des discussions qu'on ne prend pas le temps d'avoir avec les enfants, avec les profs et les politiques. Donc il y a une volonté d'agir dans la vraie vie, que le cinéma puisse déclencher quelque chose.

Sofia, tu joues le rôle de Malika, une jeune collégienne placée en famille d’accueil. C’est une première expérience pour toi au cinéma. Qu'en retiens-tu ?

Sofia Bendra : C'était mon tout premier casting, j'étais heureuse de l'avoir réussi. Ça a été une expérience incroyable et maintenant, je vois les films différemment parce que j'ai vu ce qui se passait devant et autour de la caméra.

Comédienne, est-ce un rêve de petite fille ?

Ce n'était pas prévu en réalité, mais aujourd'hui j'ai envie de continuer. Je crois avoir trouvé ma vocation.

Alexandre Castagnetti : On a fait des castings "sauvages". C'est-à-dire que nous avons mis des affiches dans pas mal de collèges à Paris et sa région. On a vu des centaines de jeunes, je cherchais des natures en fait, qui correspondaient aux rôles.

Ce genre de casting pour des premiers rôles, c'est quand même un risque, non ?

C'est un risque, mais je voulais que les acteurs aient l'âge de leur rôle donc entre 12 et 16 ans. Trouver des gens qui maîtrisent la technique à cet âge-là en France, c'est quand même assez compliqué et on a de fortes chances de ne pas trouver les profils des personnages. Donc j'ai préféré aller chercher des natures qui se sentent à l'aise devant les caméras et qui dégagent quelque chose. On a plus de chance d'être touchant et fort de cette manière.

Sofia, y-a-t-il un peu de toi dans le personnage de Malika ?

Sofia Bendra : C'est un rôle qui me tenait à coeur, car je vois ce personnage dans la vie de tous les jours. Ce n'est pas forcément moi, parce que je ne sèche pas les cours tous les jours par exemple. Certaines personnes autour de moi, qui ne sont pas entourées, n'arrivent plus à aller à l'école.

On rappelle que c’est une comédie tout de même. Ces jeunes au contact de cette prof un peu spéciale, éclosent comme les poussins dans le film. C’est un vrai message d’espoir.

Alexandre Castagnetti : On va dire que c'est une comédie dramatique si on veut être plus précis. Ce n'est pas une comédie à gags du tout, c'est avant tout une histoire touchante qui j'espère donnera envie de changer les choses. Et on se marre évidemment, on s'est marrés tout le tournage. (Rires)

Si on sait à quel moment cette histoire se situe, juste après le confinement, on ne sait pas dans quelle ville se trouve ce collège Jean-Zay, pourquoi avoir fait ce choix ?

Oui, l'idée était de dire c'est le collège français, pour que tout le monde puisse s'identifier. Donc on a cherché un collège qui, selon nous, pouvait parler à tout le monde. On est tombé sur ce collège du XIXe arrondissement de Paris, qui est la cité scolaire Henri-Bergson, avec une architecture année 60, un peu fatigué. Je viens d'Orléans et à Orléans, il y a un collège Jean-Zay. Jean Zay, il faut savoir que c'est un ancien ministre de l'Éducation avant la Seconde Guerre mondiale, qui a changé beaucoup de choses pour l'école publique. Par rapport au film, cette référence rappelle qu'on peut tout changer en quelques années. On le voit lors de nos rencontres avec le public, les gens ont envie de faire quelque chose en vrai, parce qu'ils sont toujours attachés à cette école d'une manière ou d'une autre. Ce film remue un peu le public et je suis très content car c'était le but d'essayer de déclencher une étincelle.

Sofia Bendra : Les personnes qui l'ont vu ont compris que ce n'était pas qu'un film. Lors des débats, certaines nous ont demandé si on avait parlé aux ministres. Ça veut dire qu'elles comprennent l'enjeu de ce film, que le message est passé.

Propos recueillis par Stéphanie Marin

Stéphanie Marin

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