Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 07.09.2022 - anthony-maurin - 4 min  - vu 1153 fois

NÎMES Rentrée spéciale pour les étudiants de licence "Histoire" d'Éric Teyssier

Éric Teyssier passionne son auditoire en l'amenant sur le terrain (Photo Anthony Maurin).

Au centre de la piste, les étudiants en L1 histoire et patrimoine de l'université de Nîmes (Photo Anthony Maurin).

La rentrée scolaire peut retourner l'estomac. Pour le chanceux élèves d'Éric Teyssier, le retour à l'école s'est fait... dans l'amphithéâtre !

"C'était sympa et on n'a pas vu le temps passer. En fait, je suis nîmoise mais je ne viens jamais aux arènes et une rentrée ici, ça claque !", lâche une étudiante de première année. En effet, en partenariat avec Edeis, chaque étudiant de l'université de Nîmes peut avoir accès aux monuments romains s'il le désire. Excellent partenariat, convenons-en.

Autre chose atypique, Éric Teyssier, professeur d'histoire à UNîmes, a décidé de faire sa rentrée et celle des élèves en première année de licence histoire et patrimoine au coeur d'un monument encore debout, les arènes ! Enfin, l'amphithéâtre romain. "C'est un événement et je suis très content que nous puissions le faire ici, avec le président de la faculté qui est venu. Ce que je vais vous dire, vous risquez de l'entendre quelques fois pendant ces trois ans, mais l'amphithéâtre de Nîmes est le mieux conservé au monde. Les Romains avaient 250 amphithéâtres de la sorte, en pierres", affirme le prof au cours d'une visite particulière de l'édifice.

Éric Teyssier, professeur d'histoire à Unîmes et ses élèves (Photo Anthony Maurin).

Pourquoi près de 2 000 ans plus tard l'amphithéâtre est-il encore debout ? Comment est-ce possible ? "Il a toujours été utilisé et c'est ce qui le rend exceptionnel. Si Nîmes s'est recroquevillée sur elle-même au milieu du IIIe siècle, les Nîmois ont préservé leur amphithéâtre. Il faut même voir que l'office de tourisme de Rome a voulu valoriser le Colisée romain, mais ils se sont trompés et ils ont mis une photo de nos arènes !" Éric Teyssier a toujours le mot pour faire sourire. Les étudiants apprécient. "J'adore ! On m'en avait parlé mais c'est vrai qu'il a l'air passionnant. J'ai beaucoup aimé cette visite. Je n'étais jamais allé sur la piste et j'ai vraiment adoré ! J'ai eu quelques scrupules à faire un selfie en loucedé mais après tout...", annonce un étudiant alésien.

Ici se déroulait à l'époque romaine des combats de gladiateurs, mais Éric Teyssier rappelle qu'il n'y avait pas de bain de sang. Les gladiateurs coûtaient cher et ils ne devaient pas mourir ! "La gladiature, contrairement à ce que l'on a pu voir dans les péplums, n'est pas barbare... C'est une pratique très élaborée, codifiée. Vous n'allez pas voir une corrida sans quelqu'un qui vous guide, eh ben là c'est pareil"

Si le plus vieil amphithéâtre en pierre connu est celui de Pompéi (80 avant J.C), il a aussi essuyé les plâtres. "Il n'était pas suffisamment bien construit et il y a eu des dizaines de morts dans les gradins suite à un mouvement de foule. Une fois le Colisée de Rome bâti vers l'an 80 de notre ère, Arles s'est inspiré de ce modèle et a fait un amphithéâtre plus petit. Il y avait encore quelques imperfection mais à Nîmes les architectes ont fait du bon boulot !" Édifié vers l'an 100, l'amphithéâtre nîmois est un vrai modèle.

Ici, on venait passer la journée. Le matin étaient données des chasses. "Bon, il n'y avait peut-être pas les lions ou les tigres car cela était onéreux mais on doit pouvoir imaginer quelque chose entre un taureau sauvage et un ours des Cévennes... Les Romains étaient très imaginatifs ! L'après-midi midi se tenaient les combats de gladiateurs. Il devait y avoir une école spécifique à Nîmes, chaque combattant se spécialisait et apprenait le maniement d'un ou plusieurs armaturae. Si on peut vraiment être sûr d'une chose, c'est que les gladiateurs ne combattaient pas n'importe comment !" Puis, au milieu du IIIe siècle de notre ère, la cité des Antonin décline et il faudra attendre le milieu du XIXe siècle, soit plus de 1600 ans plus tard, pour voir à nouveau des spectacles (corridas) dans l'amphithéâtre.

Cette rentrée scolaire spéciale fut une réussite. Le président de l'université de Nîmes, Benoit Roig, en est conscient et est fier de son corps enseignant. "Quand Edeis a pris la délégation de service public nous avons eu des échanges et l'idée de faire la rentrée ici a surgi. On pense même à la remise de diplôme ! Chaque étudiant peut venir, mais avec Éric est venue une centaine d'étudiants de première année de la filière histoire et patrimoine."

Une centaine d'élève, dehors et sous la pluie, autant vous dire qu'ils sont motivés et le président l'a compris. "J'aime les approches particulières car nous avons un magnifique patrimoine. Je veux ancrer l'université dans le territoire car beaucoup de nos élèves ne sont pas Nîmois et avec Éric, on a la chance de vivre l'histoire. Il faut que ces jeunes s'imprègnent de la vie de l'université, mais aussi de celle de la cité", poursuit Benoit Roig.

Passage par la galerie de la gladiature dans les coursives de l'amphithéâtre (Photo Anthony Maurin).

Un début de visite dans les coursives de l'amphithéâtre car le département était placé en vigilance orage et qu'une averse s'abattait sur la ville. Mais une fois l'éclaircie, les jeunes et leur prof sont allés voir la piste. Une rareté. "Qui est déjà venu aux arènes ?" Quelques mains se lèvent. Peut-être que parmi ces jeunes, certains attraperont le virus de l'histoire et du patrimoine vivant car c'est aussi de cela dont il s'agissait. Avoir un bel amphithéâtre ne sert pas à grand chose si on ne le fait pas revivre comme c'est le cas pour le spectacle de reconstitution historique du mois de mai ou du son et lumière d'août ! D'ailleurs, si vous voulez intégrer ces spectacles, n'hésitez pas à contacter l'association des Ministri des Arènes. Avec 160 inscrits pour cette première année de Licence, la filière histoire a vu une centaine de jeunes venir à cette visite !

Anthony Maurin

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