SALON DE L’AGRICULTURE Le cheval Camargue entre promesses et désillusions
Image d’Epinal par excellence, le petit cheval blanc galopant fièrement sur les vastes plages sauvages de la Camargue connaît une période difficile. Sa survie n’est pas en danger mais la filière apprécierait un coup de main supplémentaire.
Le cheval de race Camargue n’a rien d’exceptionnel? Bien au contraire… Il est le parfait allié d’un territoire touché par la crise. Symbole de liberté, il est perpétuellement la figure de proue et l’égérie des cartes postales qui narrent ce terroir si particulier qu'est la Camargue. Pour Patrick Viala, qui s’occupe de la filière équine à la Chambre d’Agriculture du Gard, "Ce cheval est emblématique d’un patrimoine territorial. Il est né en Camargue mais tire ses origines quasi préhistoriques de diverses races. En tout cas, il est en Camargue depuis la nuit des temps mais il sait aussi s’étendre hors de son berceau d’origine".
Sans ces animaux qui occupent les espaces délaissés par la main de l’Homme, que serait notre valeur ajoutée touristico-environnementale? Raretés françaises, où seraient les fameux 13 paysages différents que l’on peut voir si l’on fait le tour de notre charmant département? "33% des surfaces agricoles utiles du Gard sont entretenues par quelques espèces (NDLR équins, ovins, bovins, caprins) et nous essayons de remettre en valeur le travail accompli dans les zones défavorisées telles que la Camargue ou les zones humides. C’est un sacré enjeu territorial!" ajoute Patrick Viala. En effet, sans ces bêtes, les paysages seraient versatiles, changeants et dangereusement non entretenus…
Juste assez pour survivre?
La race menacée camarguaise est-elle en danger? Ce cheval a du mal à faire une percée sur le marché équin. Seulement 500 naissances furent célébrées l’année dernière, remarquez, c’est pile-poil le chiffre qui permet le passage de flambeau d’une génération à l’autre sans que la pérennité génétique des descendants ne soit mise en danger. Après un travail de fond des élus, les agriculteurs gardois peuvent enfin prétendre à quelques aides… Des aides qui servent plus au maintien qu’à l’essor des chevaux camarguais dans le paysage animal français.
Autre caillou sous le sabot du cheval Camargue, la concurrence déloyale des amateurs a fait beaucoup de mal aux éleveurs qui sont évidemment plus taxés que leurs copieurs. Pour vendre un poulain, il faut prendre en compte la gestation, la nourriture et le dressage pendant les 3 premières années de sa vie... Pour les amateurs, ces frais sont finalement vite amortis car les déclarations ne sont pas les mêmes et les taxes non plus! La crise n’aidant pas, les éleveurs ont fait le choix d’abaisser le seuil des naissances afin de vendre leurs chevaux prêts à l’emploi.
"À la Chambre, le cheval Camargue fait partie intégrante de la filière au même titre que les chevaux d’endurance mais il n’est peut-être pas encore considéré comme étant un travailleur agricole hors-pair!" conclut Patrick Vialla qui se dit "Fier que le Camargue soit représenté à Paris, c’est important!". 1er d’Occitanie en la matière, le Gard compte sur son cheval pour valoriser son patrimoine. Par le passé, il ne faut pas oublier que ces braves chevaux ont rendu bien des services, notamment aux Camisards qui usaient de leur petite taille pour se faufiler à travers les broussailles, empêchant les hautes montures des Dragons du Roi de les retrouver… Austerlitz et la Grande Armée de Napoléon ont également connu de fort belle manière la bravoure de ce petit cheval blanc. Tous derrière, tous derrière le petit cheval blanc!