Publié il y a 2 ans - Mise à jour le 12.07.2022 - francois-desmeures - 3 min  - vu 1570 fois

SAUMANE Sésame autisme : une mère confie ses inquiétudes sur l'avenir du site avant une réunion ce lundi

Les bâtiments de Sésame autisme à Saumane (photo François Desmeures / Objectif Gard)

En écho aux inquiétudes du syndicat Force Ouvrière (FO) sur l'avenir de Sésame autisme à Saumane (relire ici), la mère d'un garçon atteint du syndrome d'Asperger témoigne des retours de son fils quant aux changements attendus pour l'établissement et service d'aide par le travail (ESAT), que ce soit pour l'auberge ou pour les autres activités : bois de chauffage, pâtisserie, charcuterie, arboriculture, etc. Cette mère doit, avec d'autres parents, rencontrer la nouvelle direction de l'association et du site une heure après les salariés, ce lundi après-midi. 

Son fils est à Saumane depuis dix ans, atteint du syndrome d'Asperger, "qui touche les émotions et la concentration", exacerbant les unes, dispersant l'autre. "Pendant le confinement, les ateliers ne tournaient pas. Mon fils est resté à la maison. Il racontait que l'auberge fermait et rouvrait". La directrice d'alors, Colette Helleboid (qui a quitté Sésame autisme le 30 juin), nous confirmait en mars qu'elle était incapable de dire si l'auberge allait être ouverte cet été. Elle est bel et bien fermée.

"Mon fils m'annonce la fin des ateliers"

"Début mars, mon fils m'annonce la fin des ateliers. La pâtisserie va fermer, la charcuterie va fermer, me raconte-t-il. L'atelier bois est suspendu, les éducateurs sont inquiets. L'information, qu'on a alors, c'est que Sésame prépare un centre d'occupation de vie pour ceux qui ne peuvent plus travailler." Sur ce sujet, le secrétaire du comité social et économique (CSE) CFDT, Michel Ferrant, déclarait, à propos des travailleurs des ateliers, "il faut réévaluer la fatigabilité de ceux aujourd’hui en poste, pour éventuellement une réorientation vers une autre prise en charge". 

Préoccupée, cette mère contacte le responsable des ateliers, qui promet une réunion. Le 4 mai, cette mère rencontre Colette Helleboid. "Elle m'a dit qu'ils ont effectivement des projets de fermeture des ateliers, pour assurer une mise aux normes. Il y en aurait pour un million d'euros." Sauf que cette mère travaille aussi dans le secteur médico-social et a souvent eu l'occasion de viser des devis. "Un million d'euros, ce n'est pas une remise aux normes, c'est le devis qu'on verrait pour la construction d'une cuisine centrale d'une capacité de 1 000 personnes par jour ! D'autant que des travaux ont déjà eu lieu il y a 4 ou 5 ans. Je demande un document, ou un audit. On me répond alors que "la concertation se fait entre les gens concernés" et que, pour l'auberge, c'est définitif. "De toute façon, il y a un ESAT à Vauvert", a ajouté la direction. Ils nous annoncent donc que nos enfants iront à Vauvert. Pour eux, ce n'est pas une fermeture mais un déplacement."

Des travailleurs atteints d'autisme et qui n'ont parfois plus de parents

"Les 24 travailleurs sont répartis entre charcuterie, auberge, pâtisserie. On n'est pas contre un projet de restauration. Mais nos enfants devraient travailler, à Vauvert, en espaces verts. Or, les 10 % les plus autistes, ils ne peuvent pas travailler dans les espaces verts à cause du bruit des machines et du toucher." Parmi ces 24 travailleurs, parfois vieillissants, une portion n'a plus de parent, quand ceux-ci n'ont pas plus de 70 ans.

Le 15 juin, une nouvelle réunion a lieu avec la présidente élue en décembre, Ampari Monginoux (elle-même mère d'un pensionnaire) et le responsable qualité de Sésame autisme. "Ils nous ont annoncé que Saumane serait un lieu de vacances et de répit pour parents d'enfants autistes. Je comprends qu'ils vont déloger nos enfants et feront des travaux pour une maison d'hôte."

Outre la défaillance qu'elle souhaite dénoncer "dans la prise en charge de nos enfants", cette maman note aussi un autre souci, "en tant qu'adhérents de ce qui est une association, nous devrions avoir accès aux documents de celle-ci. Il y a une vraie défaillance de gouvernance", celle-ci étant d'ailleurs soulignée, en 2021, par un rapport d'inspection de l'Agence régionale de santé (ARS). Elle attend de la réunion de ce lundi après-midi une clarification des projets et une sécurisation du parcours de son fils, ainsi que des enfants d'autres parents.

Côté direction, que ce soit pour le site de Saumane ou la direction générale de l'association, le casting a changé au 1er juillet. Un événement trop récent pour que ceux qui viennent d'être nommés soient garants des décisions précédentes. S'il préfère réserver d'éventuelles annonces aux parents qu'il doit rencontrer ce lundi après-midi, le nouveau directeur général de Sésame autisme Occitanie est, Cédric Vareilhes, dit "entendre sans difficulté l'inquiétude des parents et professionnels" et le besoin de "lever certains doutes" par "de l'écoute, de l'échange et de la communication". Il expliquera le projet du site de Saumane à Objectif Gard en fin de semaine.

François Desmeures

francois.desmeures@objectifgard.com

Occupée par ailleurs, la présidente, Ampari Monginoux, ne pouvait répondre cette semaine mais Objectif Gard la rencontrera très bientôt. 

François Desmeures

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