VILLAGES DE CACHET Aramon, patrimoine et douceur de vivre
Dans le cadre de ses rubriques de l’été, Objectif Gard fait chaque semaine escale dans un village de cachet de notre beau département. Aujourd’hui, cap à l’est, sur les rives du Rhône, à Aramon.
Aramon, c’est avant tout un point de repère qu’on voit de loin, très loin : la cheminée de son ancienne centrale thermique EDF, 250 mètres de haut, emblème du patrimoine industriel important d’une commune qui compte, entre autres, une importante usine de Sanofi. Mais il serait injuste de résumer Aramon, un peu plus de 4 000 habitants, posée au bord du Rhône pile entre Beaucaire et Avignon, à son aspect industriel, tant le village regorge de patrimoine et de cachet.
Nous décidons d’aller découvrir Aramon un mercredi matin, pour éviter les grosses chaleurs estivales. Bonne idée : c’est le jour du marché, et le Planet tout comme le cours Victor-Hugo et le boulevard Gambetta accueillent le marché hebdomadaire. De quoi apporter de la vie dans le centre-village, avant de nous enfoncer dans les petites rues pavées.
L’Office de tourisme est fermé ce matin-là : qu’à cela ne tienne, les panneaux d’information disposés en ville feront leur office, à la guerre comme à la guerre. Une première chose frappe, après avoir franchi la porte de Montfrin, top départ de la visite, érigée en 1774 : le grand nombre d’hôtels particuliers. On en compte six remarquables dans le centre-village : la plupart datent du XVIIe siècle, signe de la richesse de ce port sur le Rhône à la tumultueuse histoire, entre inondations — la dernière d’importance il n’y a pas encore vingt ans —, conflit entre catholiques et protestants ou encore épidémie de peste.
Reste que la commune a gardé un côté coquet et une quiétude qui ne s’exprime jamais mieux que lors des chaudes journées d’été. L’église de Saint-Pancrace, au milieu du village comme il se doit, est un incontournable de la visite. Très ancienne, elle fut construite au fil des siècles : sa nef principale au XIIIe, son clocher pointu au XVIe avant de lourdes transformations au XVIIe. Elle est actuellement en cours de rénovation.
À Aramon, il est un nom auquel vous ne pourrez pas échapper, tant il est omniprésent : Henri Pitot. Célèbre ingénieur du XVIIIe siècle, on lui doit notamment le pont Pitot, celui sur lequel nous marchons en pensant être sur le Pont du Gard, qu’il jouxte, des digues diverses et variées ou encore l’aqueduc de Saint-Clément, à Montpellier, surnommé les Arceaux. On lui doit aussi le tube de Pitot, qui permet de mesurer la vitesse des fluides, et qui reste utilisé en aéronautique. Sa maison natale est dans le centre-ville, et c’est une bonne raison pour s’intéresser à la vie et à l’oeuvre de cet Aramonais célèbre.
Au gré de votre promenade, en passant par la rue Henri-Pitot donc, vous tomberez sur la place Choisity. Une place de choix ici, avec pas moins de deux hôtels particuliers, celui de Choisity et celui de Saint-Jean, ainsi que la tour du Brechet, qui date du début du XVIIe siècle et qui faisait alors partie du système défensif de la porte d’Avignon, qui n’existe plus aujourd’hui.
En poursuivant sur le boulevard Mirabeau, vous tomberez rapidement sur un pont perché en haut d’une roche vertigineusement creusée. Ce pont, c’est celui du château d’Aramon, qui a remplacé le pont-levis au XVIIIe siècle pour relier le château à proprement parler, planqué derrière une muraille de douze mètres, à son parc de sept hectares. Un château qui appartenait aux comtes de Toulouse au XIIe siècle et qui connaîtra une histoire tumultueuse, offert par Henri II à Diane de Poitiers qui deviendra seigneur d’Aramon de 1547 à 1566 avant que les guerres de religion et la Révolution n’infligent de lourds dégâts à l’édifice, heureusement rénové depuis. Privé, il se visite à quelques occasions dans l’année, notamment lors des journées du patrimoine en septembre. Son parc, inscrit aux Monuments historiques, se visite sur rendez-vous pour les groupes.
Éloignons-nous quelque peu du centre-ville. Pour les randonneurs, le four à chaux du XIXe siècle de la route de Domazan fera un bon point de départ avec un DFCI et un petit parking. Pour les promeneurs, direction la Lône, aussi appelée l’Îlot d’Alfred, accessible depuis le centre-ville par un sentier sécurisé. Il s’agit d’un vaste lieu consacré à la pêche, à la promenade et au sport, avec un parcours de santé tout le long.
Enfin, hors de question de quitter Aramon sans passer à la halte fluviale du village où des bateaux sont tranquillement amarrés sur le Rhône. Là où tout a commencé.
Thierry ALLARD